Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
N

NĚMEC (Jan) (suite)

Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques en août 1968, la carrière de Němec, dans son pays, prend fin. Son dernier film tchèque est un documentaire : Oratorio pour Prague (1968). Il s'exile bientôt et met en scène, à Munich, le Décolleté dans le dos (1974) : la peinture d'une société décadente groupée dans un huis clos, quelque part en Suisse, vers 1936. Il travaille pour la télévision en Allemagne, puis en Grande-Bretagne collabore avec Philip Kaufman pour le film de ce dernier l'Insoutenable Légèreté de l'être d'après Kundera et revient dans son pays après la « révolution de velours » tourner Dans le feu des ardeurs royales (V zàru kralovskélásky, 1991), une parabole fantastico-politique, puis ‘ Nom de code : Rubis ’ (Název kodu : Rubin, 1995).

NÉON.

Gaz de la famille des gaz rares employé dans les premiers tubes à décharge. ( SOURCES DE LUMIÈRE.) Par extension, et abusivement, tube au néon est employé pour tube à décharge, et néon pour éclairage par tube à décharge.

NÉORÉALISME.

L'expression est due à Mario Serandrei, le chef monteur de Luchino Visconti, alors qu'il visionne les rushes de Ossessione. Elle indique un retour à l'invention de la réalité dont le cinéma de l'Italie fasciste a occulté ou travesti la représentation. La libre adaptation par Visconti d'un roman de James Cain, le Facteur sonne toujours deux fois, annonce, ou amorce, non pas un mouvement, ni une école, mais un moment, au demeurant très court, de concordance des thèmes, des regards portés sur l'Italie défaite et misérable ; la pratique, également, de procédés de production nouveaux, et ce n'est pas alors le moins important. Car on privilégie, faute pour une part de décors et de moyens, le tournage en extérieurs, dans la rue, en éclairage naturel, avec des acteurs pas nécessairement professionnels. L'Amérique latine, l'Algérie, le Free Cinema et la Nouvelle Vague en retiendront l'exemple et quelques-unes des leçons. Le réalisme, s'il est bien « nouveau » dans une production vouée aux « téléphones blancs » et à l'exaltation nationaliste, s'avère très vite d'autant moins univoque que les auteurs témoignent d'une vision originale. Le misérabilisme populaire d'un De Sica, les documentaires d'Antonioni, ou la dramatisation avec laquelle Rossellini fait oublier ses précédentes célébrations mussolino-patriotiques concourent à un climat général, ni concerté ni fortement théorisé. S'il ne domine que dans les années 40, son importance a été considérable, en opposition (avec aussi Lattuada, Vergano, Zavattini) à un retour du film d'évasion suscité par la fin de la guerre. Quelques films essentiels : Ossessione (Visconti, 1943) ; Rome ville ouverte (R. Rossellini, 1945) ; Paisa (id. 1946) ; Allemagne année zéro (id. 1947) ; Chasse tragique (G. De Santis, 1948) ; le Voleur de bicyclette (V. De Sica, id.) ; la Terre tremble (Visconti, id.) ; Riz amer (De Santis, 1949) ( ITALIE).

NERO (Francesco Sparanero, dit Franco)

acteur italien (Bedonia 1941).

Il travaille tout d'abord au Piccolo Teatro de Milan et débute en 1965 au cinéma dans La ragazza in prestito (Alfredo Giannetti). Il obtient le rôle d'Abel dans la Bible (J. Huston, 1966), et interprète des personnages héroïques dans trois films de science-fiction d'Antonio Margheriti. Le rôle du pistolero violent dans Django (S. Corbucci, 1966) lui donne une envergure internationale, que vient consolider celui de Lancelot dans le Camelot de Joshua Logan (1967). Mais son physique plein de prestance n'est utilisé qu'à l'occasion d'autres westerns et films d'action d'une valeur discutable : La maffia fait la loi (D. Damiani, 1968), le Mercenaire (Il Mercenario, Corbucci, id.), la Bataille de la Neretva (V. Bulajić, 1969), Gott mit uns (G. Montaldo, 1970), l'Affaire Matteotti (Il delitto Matteotti, F. Vancini, 1973), Lucia et les gouapes (I guappi, P. Squitieri, 1974). Luis Buñuel a su valoriser son talent dramatique dans Tristana (1970), tout comme Marco Bellochio dans la Marche triomphale (1976), et Fassbinder lui a donné le rôle de l'officier homosexuel dans son dernier film : Querelle (1982). Au cours des années 80, il internationalise de plus en plus sa carrière : ‘ le Faucon ’ (V. Mimica, 1981), les Cloches rouges (S. Bondartchouk, 1984), Un altare per la madre (Edith Bruck, 1986), Sweet Country (M. Cacoyannis, 1987), Amelia Lopes 0'Neill (Valeria Sarmiento, 1991), Fratelli e sorelle (P. Avati, 1992), Io e il re (L. Gaudino, 1995), Il tocco : la sfida (E. Coletti, 1996), Honfoglalàs (G. Holtay, id.), The Innocent Sleep (S. Michell, id.), La medaglia (S. Rossi, 1997), Talk of Angels (1998), La voce del sangue (N. Hamm, 1999), Uninvited (C. G. Nero, id.), Briganti (P. Squitieri, id.), Mirka (R. Benhadj, id.), Maestrale (S. Cecca, 2000).

NESBITT (Cathleen)

actrice britannique (Liscard, Chester, 1888 - Londres 1982).

Si ses débuts au théâtre datent de 1910, ce n'est qu'avec le parlant, et alors elle n'est plus toute jeune, que les studios l'accueillent. L'âge mur lui est alors un atout, dont elle se sert très bien dans l'excellente première version de Gaslight (Th. Dickinson, 1940), Nicholas Nickleby (A. Cavalcanti, 1947), Désirée (H. Koster, 1954), où elle est Maria Letizia Bonaparte, l'Escalier (S. Donen, 1969), encore le rôle d'une mère !, French Connection II (J. Frankenheimer, 1975), Complot de famille (A. Hitchcock, 1976), Julia (F. Zinnemann, 1977). Elle a publié son autobiographie en 1973 : A Little Love and Good Companions.

NEVILLE (Edgar Neville Romree, comte de Berlanga de Duero, dit Edgar)

cinéaste et écrivain espagnol (Madrid 1899 - id. 1967).

Homme polyvalent, il touche à divers domaines avec une nonchalance amusée et une certaine dévotion à la bohème. Après un séjour aux États-Unis, il aborde la mise en scène avec Yo quiero que me lleven a Hollywood (1931), Falso noticiario (1933), petits films comiques, et El malvado Carabel (1935), ou La señorita de Trevelez (1936, d'après Arniches), qui permettent de le situer en première ligne du morne cinéma républicain. Durant la guerre civile, il se met au service de la propagande franquiste et prolonge ce cinéma de croisade avec des longs métrages de fiction tournés en Italie : Carmen fra i rossi (1939) et Sancta Maria (1941). De retour en Espagne, il commence par s'inscrire à l'intérieur des genres en vogue, tel le film historique (Correo de Indias, 1942), ou le policier, avec un net penchant pour le pittoresque des quartiers populaires de Madrid (La torre de los siete jorobados, 1944 ; El crimen de la calle Bordadores, 1946). Cependant, il s'écarte des valeurs dominantes dans le cinéma espagnol de l'époque, fait preuve d'une rare vitalité et d'un certain rejet de l'obscurantisme, aussi bien avec une comédie brillante comme La vida en un hilo (1945) qu'avec un drame familial comme Nada (1947). Duende y misterio del flamenco (1952), primé à Cannes, atteste son goût du folklore. Il signe également Café de Paris (1943), Domingo de carnaval (1945), El traje de luces (1947), El Marqués de Salamanca (1948), El Señor Esteve (id.), El último caballo (1950), Cuento de hadas (1951), El cerco del diablo (un sketch, 1952), La ironía del destino (1955), El baile (1959), Mi calle (1960).