Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MOSKVINE (Andréi) [Andrej Nikolaevič Moskvin]

chef opérateur soviétique (Saint-Pétersbourg 1901 - id. [Leningrad] 1961).

Fils d'ingénieur, il suit les cours de l'Institut de technologie, à Leningrad, puis ceux de l'Institut des ponts et chaussées, tout en travaillant à la construction de chemins de fer. Sa passion pour la photo le conduit au Sevzapkino, en 1924. Après deux ans d'assistanat, Moskvine débute en qualité de chef opérateur avec la Roue du diable (1926) de Kozintsev et Trauberg. Il s'intègre à la FEKS. Il en photographiera tous les films (jusqu'en 1938) et son rôle est capital dans la constitution de leur style. Sa photo, moelleuse, atmosphérique, picturale, dynamique, oscille selon les exigences de l'œuvre entre impressionnisme et expressionnisme. Elle joue du noir et du blanc comme de couleurs. La lumière y crée l'espace, l'occupe, le transforme et le transfigure. Moskvine s'est surpassé avec le Manteau (id., 1926) et la Nouvelle Babylone (id., 1929). Il a apporté aux scènes d'intérieur d'Ivan le Terrible (S. M. Eisenstein, 1942-1946) les clairs-obscurs « névrotiques » que réclamait le sujet. En 1960, il cosigne avec Dimitri Meskhiev la photo en demi-teinte et parfaitement fidèle à l'atmosphère « tchékhovienne » de la Dame au petit chien (Y. Kheifits).

« MOTEUR ! ».

Expression consacrée par laquelle le réalisateur ordonne, en début de prise, le démarrage des appareils de prise de vues et d'enregistrement du son. ( TOURNAGE.)

MOTION PICTURE (« image animée »).

En anglais, syn. de film.

MOTION PICTURE EXPORT ASSOCIATION,

branche de la MPAA (Motion Picture Association of America), la MPEA n'assure pas la vente des films américains, qui reste à la charge des compagnies ou de leurs nombreuses filiales à l'étranger. Son rôle est de veiller aux intérêts du film américain, non seulement en tant que produit commercial mais aussi en tant que produit culturel susceptible de mieux faire connaître l'Amérique ; il est significatif à cet égard que l'on trouve traditionnellement à la tête de la MPAA des hommes — tels Will H. Hays, Eric A. Johnston, Jack Valenti — proches de la Maison-Blanche. La MPAA est une association corporative fondée en 1922 par les grandes compagnies d'Hollywood pour définir et promouvoir une stratégie unique de l'industrie du cinéma (originellement, et jusqu'en 1945, la MPAA s'appelait Motion Picture Producers and Distributors of America).

MOTION PICTURE PRODUCERS AND DISTRIBUTORS OF AMERICA (MPPDA) [à partir de 1945 : Motion Picture Association of America ou MPAA].

La MPPDA est fondée en mars 1922 par l'avocat Will H. Hays, ancien ministre des Postes, président du Comité national du parti républicain, membre du Conseil national des Boy Scouts, etc. Elle regroupe les grands studios hollywoodiens, et élabore en 1930 un Code de production destiné à sauvegarder simultanément la liberté et la « moralité » du cinéma américain. Instance d'autocensure vigilante, dont le poids se fera sentir durant de longues années, elle établit des liens étroits avec de nombreuses associations pédagogiques, confessionnelles et culturelles. Outre sa mission d'information du public, elle veille à l'enregistrement des titres, aux conditions de stockage des films, à leur lancement publicitaire. Après le long règne de Hays, la MPAA est présidée de 1945 à 1961 par un autre conservateur, Eric Johnston, puis par Jack Valenti, grâce auquel un esprit plus libéral y régnera à compter de 1966.

MOTION PICTURE PRODUCTION CODE.

En mars 1930, les producteurs et distributeurs de la MPPDA adoptent un Code de production destiné à « valoriser le cinéma en tant que divertissement et élargir son audience à tous les publics ». Placé sous le contrôle administratif de Joseph I. Breen, ce texte fixera pendant une trentaine d'années les critères de moralité du cinéma américain.

Les principes généraux du code imposent le respect de la morale, de la loi, des valeurs religieuses et préconisent la « représentation, à l'écran, d'un mode de vie décent ». Ils s'accompagnent d'interdits particuliers touchant au crime et à la sexualité : le cinéma évitera de « susciter de la sympathie pour le criminel », de « décrire explicitement des meurtriers et des méthodes criminelles » ; il exaltera le « caractère sacré du mariage », il ne décrira pas l'adultère « sous un jour attrayant », il s'abstiendra de « montrer des baisers trop passionnés, des poses suggestives », de suggérer des relations « mixtes », et bannira toute nudité (même enfantine), toute représentation d'un accouchement, toute évocation de maladies vénériennes, toute référence « perverse », etc. L'alcool et la drogue font également l'objet de recommandations précises, qui seront observées scrupuleusement jusqu'au milieu des années 40 (le Poison) et 50 (l'Homme au bras d'or).

La Production Code Administration, qui intervient dès l'élaboration du sujet original, donne son avis sur le scénario, examine en cours de tournage certaines scènes litigieuses, et délivre son certificat après avoir visionné le montage final. Son travail se complétera, dès juin 1930, par un contrôle très strict du matériel publicitaire : échos et photos de presse, bandes-annonces, affiches.

MOTTERSHAW (Frank)

photographe et cinéaste britannique.

Considéré comme l'un des grands pionniers de l'art cinématographique anglais. Ancien propriétaire d'un magasin de photographie à Sheffield et spécialiste de la lanterne magique, il part fréquemment en tournée comme montreur d'images. À partir de 1900, il oriente son activité vers la création cinématographique, fabrique sa caméra et parvient à ouvrir des agences à travers le monde. Les firmes américaines sont alors ses meilleurs clients. Il tourne des reportages et des documentaires (The Daring Daylight Burglary, 1903), puis s'oriente vers des films de fiction techniquement impeccables comme la Vie de Charles Peace (The Life of Charles Peace, 1905), qui retrace les principaux moments de la vie du célèbre criminel.

MOULLET (Luc)

cinéaste français (Paris 1937).

Critique de cinéma, notamment aux Cahiers du cinéma, jusqu'en 1966, auteur de courts métrages (Un steak trop cuit, 1960 ; Terres noires, 1961...), il devient avec son premier long métrage, Brigitte et Brigitte (1966), une sorte de franc-tireur du cinéma français, aussi bien dans ses prestations d'acteur (chez Jean-Daniel Pollet ou Jacques Bral) que de producteur (la Rosière de Pessac et le Cochon, de J. Eustache ; Nathalie Granger, de M. Duras). Ses films, à l'expression décalée, proches du minimalisme, empreints d'un étrange réalisme conceptuel, célèbrent la mort du récit et surtout des genres, comme en témoigne Une aventure de Billy the Kid (1971). En 1980, il signe une ironique enquête socio-économique sur l'industrie alimentaire, Genèse d'un repas (1978), en 1981, son autobiographie distanciée avec Ma première brasse et brosse un portrait saugrenu et ironique du monde de l'emploi et du monde du chômage dans la Comédie du travail (1988). Depuis 1984, il réalise des courts métrages humoristiques, en particulier Essai d'ouverture (1988) et la Cabale des oursins (1991), dont il a essayé de prolonger l'esprit dans un long métrage, Parpaillon ou À la recherche de l'homme à la pompe d'Ursus (1993).