Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ZEMAN (Karel)

cinéaste tchèque (Ostroměř, Autriche-Hongrie, 1910 - Gottwaldow 1989).

Dès 1943, il s'intéresse au cinéma d'animation. Combinant le jeu d'acteurs et de marionnettes, il remporte un prix au festival de Cannes en 1946 avec Un rêve de Noël, film qui attire l'attention du monde entier sur le talent de la nouvelle école tchécoslovaque d'animation. Il imagine un personnage, Monsieur Prokouk, qu'il anime avec ingénuité dans une série (de M. Prokouk rond-de-cuir, 1947, à M. Prokouk acrobate, 1959) tournée dans les studios de Gottwaldov. Dans la pantomime Inspiration (1949), il utilise de petites figurines de verre en guise d'acteurs. Un moyen métrage, le Roi Lavra (1950), adaptation de la satire écrite par Karel Havlíček Borovskÿ, précède le Trésor de l'île aux oiseaux (1952), un conte de fées qui mêle les techniques du film de marionnettes et celles du dessin animé, dans un style qui évoque les miniatures persanes. Séduit par le mélange des techniques, il poursuit ses expériences dans Voyage dans les temps préhistoriques (1954) et, surtout, dans Aventures fantastiques (1958), qui s'inspire de manière très libre de Jules Verne en tentant de faire revivre à l'écran la magie des illustrateurs des livres de l'écrivain, ou avec le Baron de Crac (1961), d'après Gottfried Bürger, le Dirigeable volé (1967) et Sur la comète (1970), ces deux derniers films empruntant également leur fantaisie à l'univers de Jules Verne. Digne héritier de Méliès, Zeman surprend, intrigue, enchante, brouille les cartes, traverse le monde des apparences pour rejoindre celui de l'onirisme. Qu'il suive à la trace les aventures hautes en couleur de trois mousquetaires égarés dans la guerre de Trente Ans (Chronique d'un fou, 1964) ou qu'il ressuscite le merveilleux scientifique et fantastique d'un Jules Verne, Zeman ne se départit jamais d'une ambiance ludique, satirique, voire curieusement ironique, qui lui permet de faire « passer » un message rationaliste et progressiste tout en suivant une trame à la fois spectaculaire et poétique. La figure de Sindbad le marin lui a inspiré plusieurs courts métrages, tandis que ‘ l'Apprenti sorcier ’ (1977), réalisé d'après un conte de fées de la tradition populaire de Lusace, lui a permis de retrouver la forme classique du dessin animé. Bricoleur de génie, Karel Zeman a construit un univers qui est loin de ne s'adresser qu'aux enfants. Chez lui, l'imagination est au pouvoir et la technique en perpétuelle métamorphose.

Films  :

Un rêve de Noël (Vánočni sen, 1946) ; le Hamster (Křeček, id.) ; Un fer à cheval pour la chance (Podkova pro štešti, 1947) ; M. Pokrouk rond-de-cuir (Pan Prokouk byrokrat / Pan P. Úřaduje, id.) ; la Tentation de M. Prokouk (Pan Prokouk v pokušeni, id.) ; M. Prokouk en brigade de travail (Pan Prokouk na brigade, 1948) ; M. Prokouk fait du cinéma (Pan Prokouk filmuje, id.) ; M. Prokouk inventeur (Pan Prokouk vynálezcem, id.) ; Inspiration (Inspirace, 1949) ; le Roi Lavra (Král Lávra, 1950) ; le Trésor de l'île aux oiseaux (Poklad ptačiho ostrova, 1952) ; Voyage dans les temps préhistoriques (Cesta do pravěku, 1954) ; M. Prokouk ami des bêtes (Pan Prokouk přitel zvířátek, 1955) ; M. Prokouk détective (Pan Prokouk detektivem, 1957) ; le Diamant noir (Černy dément, 1958) ; Aventures fantastiques / l'Invention diabolique (Vynález zkáry, id.) ; M. Prokouk acrobate (Pan Prokouk akrobatem, 1959) ; le Baron de Crac (Baron Prašil, 1961) ; Chronique d'un fou (Bláznova kronika, 1964) ; le Dirigeable volé (Okradená vzducholod, 1967) ; Sur la comète / l'Arche d'Hector Servadac (Na Kometě, 1970) ; les Aventures de Sindbad le marin (Dobrodružství námořníka Sinbada / Pohádky tisice a jedné noci, sept CM assemblés en un LM, 1974) ; ‘ Krabat ’ / ‘ l'Apprenti sorcier ’ (Čarodějuv učeň, 1977) ; ‘ Jeannot et Mariette ’ (Pohádka o Honzíkovi a Mařence, 1980).

ZEMECKIS (Robert)

cinéaste américain (Chicago, Ill., 1952).

Après avoir étudié le cinéma à l'université, il a la bonne idée de montrer son court métrage de fin d'études, A Field of Honor (coréalisé avec Bob Gale, 1973), à Steven Spielberg et à John Milius. Il collabore en 1978 au scénario de 1941, de Steven Spielberg, qui, la même année, produit son premier long métrage, Crazy Day (I Wanna Hold Your Hand), suivi d'une comédie, la Grosse Magouille (Used Cars), en 1980. En 1984, il remporte un succès mondial avec À la poursuite du diamant vert (Romancing the Stone), retrouve Spielberg en 1985 pour Retour vers le futur (Back to the Future) qui inaugure une série très populaire dans le monde entier : Retour vers le futur, 2e partie (Back to the Future, Part II, 1989) ; Retour vers le futur, 3e partie (Back to the Future, Part III, 1990) et réalise en 1986 un des épisodes d'Histoires fantastiques : la Mauvaise Tête (Go to the Head of Class). En 1987, il tourne Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Who Framed Roger Rabbit ?), mélangeant habilement l'animation et les personnages réels avec une notable perfection des trucages. Après une comédie fantastique corrosive et ambitieuse — mais pas totalement réussie — La mort vous va si bien (Death Becomes Her, 1992), Robert Zemeckis fait montre d'ambition et remporte un grand succès avec Forrest Gump (id., 1993), version moderne de Candide et phénomène de société. Le cinéaste y jongle en virtuose avec les effets spéciaux tout en maniant aussi avec adresse et légèreté le genre difficile de la fable. Des qualités que l'on retrouve également dans Contact (1997), premier film « sérieux » du cinéaste et science-fiction à la gravité inhabituelle. En 2000 sortent deux films de lui : Apparences (What Lies Beneath), thriller fantastique très fignolé mais où Zemeckis sacrifie son sens de la fable, et surtout Seul au monde (Cast Away), beau tour de force sur un moderne Robinson où le cinéaste retrouve l'univers métaphorique qui est le sien.

ZEMMOURI (Mahmoud)

acteur et cinéaste algérien (Blida 1946).

Après deux années à l'École supérieure d'optique et une année à l'École de cinéma de Paris, il passe à l'écriture et à la réalisation.