Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PRESLE (Micheline Chassagne, dite Micheline)

actrice française (Paris 1922).

Pabst lui confie un des rôles principaux de Jeunes Filles en détresse (1939) ; elle y trouve, grâce à son personnage, son pseudonyme et le succès. Son jeu, émouvant et spirituel, triomphe dans Paradis perdu (A. Gance, 1939) aux côtés de Fernand Gravey et la Comédie du bonheur (M. L'Herbier, 1942 [ : 1940]) avec Louis Jourdan. Jusqu'en 1947, elle est l'une des valeurs les plus sûres du cinéma français et passe avec aisance de la comédie de boulevard (Histoire de rire, id., 1941) au scénario teinté d'onirisme (la Nuit fantastique, id., 1942, avec Fernand Gravey), des décors de la Belle Époque (Félicie Nanteuil, M. Allégret, 1945 [ : 1942]) aux coulisses des maisons de couture (Falbalas, J. Becker, id.). Elle met une ardeur convaincante dans sa composition de Boule de Suif (Christian-Jaque, id.), une sincérité déchirante face à Gérard Philipe dans le rôle de Marthe du Diable au corps (C. Autant-Lara, 1947). Réclamée par Hollywood après avoir joué Les jeux sont faits, d'après un scénario de Sartre (J. Delannoy, id.), elle s'y plaît mais n'y tourne rien de saillant, même sous la direction de Lang (Guérillas, 1950). Elle aura plus de chance quand elle sera choisie par Losey qui réalise en Grande-Bretagne l'Enquête de l'inspecteur Morgan (1959). Un peu oubliée en France et sa beauté ayant mûri, elle figure avec éclat dans les fresques historiques de Guitry (Si Versailles m'était conté, 1954 ; Napoléon, 1955). On accueille avec sympathie ses apparitions dans Une fille pour l'été (É. Molinaro, 1959), le Baron de l'écluse (Delannoy, id.), la Religieuse (J. Rivette, 1965), I Want to Go Home (A. Resnais, 1989). Elle apporte souvent son précieux concours à des œuvres de jeunes réalisateurs : Clair de terre de G. Gilles (1969) ; Certaines Nouvelles de Jacques Davila (1976) ; Beau Temps mais orageux en fin de journée (1986), Après, après demain (1990) de Gérard Frot-Coutaz, le Jour des Rois de Marie-Claude Treilhou (id.) à des films ambitieux et, les uns et les autres, malheureusement moins publics (Trompe-l'œil, C. D'Anna, 1975).

Autres films :

la Belle Aventure (M. Allégret, 1942) ; Un seul amour (P. Blanchar, 1943) ; la Dame aux camélias (R. Bernard, 1953) ; les Amants de la villa Borghese (G. Franciolini, id.) ; l'Amour d'une femme (J. Grémillon, 1954)  ; les Grandes Personnes (Jean Valère, 1961) ; l'Amant de cinq jours (Ph. de Broca, id.) ; Peau d'âne (J. Demy, 1970) ; l'Oiseau rare (J.-C. Brialy, 1973) ; En haut des marches (P. Vecchiali, 1983) ; Qui trop embrasse (Jacques Davila, 1986) ; Je m'appelle Victor (Guy Jacques, 1993), Fanfan (Alexandre Jardin, id.), Pas très catholique (Tonie Marshall, sa fille, 1994), Casque bleu (G. Jugnot, id.) ; le Journal du séducteur (D. Dubroux, 1995) ; Vénus Beauté (Institut) (T. Marshall, 1998) ; Charmant garçon (P. Chesnais, 2000) ; les Âmes Câlines (Thomas Bardinet, 2001).

PRESLEY (Elvis)

chanteur et acteur américain (Tupelo, Miss., 1935 - Memphis, Tenn., 1977).

Il faut bien reconnaître que si sa carrière musicale est une prodigieuse réussite, la carrière cinématographique d'Elvis Presley, bien que riche en titres, est une véritable catastrophe artistique. Dès ses débuts, l'agent d'Elvis Presley, le redoutable Colonel Parker, développe l'activité cinématographique afin de populariser encore plus, encore plus loin et encore plus vite l'image du rocker gominé. Après un rôle secondaire dans le Cavalier du crépuscule (Robert D. Webb, 1956), Presley tient le rôle principal dans deux ou trois productions annuelles conçues entièrement en fonction de son talent et de ses limites, mais en même temps en contradiction avec son image scénique révoltée et sensuelle : au cinéma, il est bien coiffé, bien élevé et mesuré. Paradoxe, ce sont des cinéastes quelque peu dépassés (R. Thorpe, le Rock du bagne, 1957) voire poussiéreux (N. Taurog, qui réalisa sans doute les pires films du « King  ») qui furent chargés de divulguer les images de cette idole de la jeunesse. De cet épouvantable gâchis à base de pin-up en bikini, de sable fin et de cieux exotiques, on peut sauver la nervosité de Bagarres au King Creole (M. Curtiz, 1958) ou un certain entrain dans Viva Las Vegas (G. Sidney, 1964). On retiendra surtout un beau rôle de métis tragique dans l'excellent western de Don Siegel les Rôdeurs de la plaine (1960), qui laisse deviner en Presley un acteur tout à fait honorable à qui on n'a jamais permis d'exister. Deux documentaires ont été consacrés à ses prestations scéniques, dont le meilleur est Elvis, That's the Way It is (D. Sanders, 1970).

PRÉSONORISATION.

Terme recommandé au lieu de play-back.

PRESSBURGER (Emeric)

cinéaste et producteur britannique d'origine hongroise (Miskolc, Autriche-Hongrie, 1902 - Aspall, Suffolk, 1988).

Après des études à Prague et à Stuttgart, il devient journaliste, écrit des scénarios pour des films autrichiens et allemands puis, après un séjour en France (en 1934), s'établit en Grande-Bretagne en 1936. Ses scénarios écrits pour Alexander Korda lui offrent l'opportunité de rencontrer Michael Powell, avec lequel il va s'associer en 1942 (à la fois comme coscénariste, coréalisateur et coproducteur), fonder la société The Archers (en 1943) et cosigner quinze films ( Michael Powell). Il a tourné seul Twice Upon a Time (1953), écrit et produit Miracle in Soho (1957). Il est également l'auteur du livre Killing a Mouse on Sunday qui a été adapté à l'écran par Zinnemann sous le titre Et vint le jour de la vengeance (Behold a Pale Horse, 1964).

PRESSEUR.

Pièce qui plaque le film contre le couloir de la caméra ou du projecteur pour le maintenir parfaitement plan au niveau de la fenêtre. ( CAMÉRA, PROJECTION.)

PRESTON (Robert Preston Meservey, dit Robert)

acteur américain (Newton Highlands, Mass., 1918 - Santa Barbara, Ca., 1987).

Remarqué sur scène par un « talent-scout », il signe en 1938 un contrat de dix ans pour Paramount. Spécialisé dans les films d'action, il devient célèbre avec Pacific Express (C. B. De Mille, 1939), Beau Geste (W. A. Wellman, id.), Typhoon (Louis King, 1940), les Tuniques écarlates (De Mille, id.) et les Naufrageurs des mers du Sud (id., 1942). On le voit dans des films policiers comme Tueur à gages (F. Tuttle, id.), des westerns comme Ciel rouge (R. Wise, 1948), Tulsa (S. Heisler, 1949), la Charge des Tuniques bleues (A. Mann, 1956), la Conquête de l'Ouest (J. Ford, H. Hathaway et G. Marshall, 1962) et Junior Bonner (S. Peckinpah, 1972). Mais, à partir de 1950, il apparaît beaucoup plus sur la scène que sur l'écran. Il obtient un énorme succès personnel en 1957 dans The Music Man, qui sera filmé en 1962 par Morton Da Costa.