Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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UMM KULTHUM

chanteuse égyptienne (Tamiyya al-Zuhayra, gouvernement d'Al-Daqahliyya, 1898 - Le Caire 1975).

Née de Faṭma al-Miligi et d'Ibrahim al-Sayyid al-Baltagi. Son père est imam de ce village du Delta, proche d'Al-Sinbillawayn, et lui donne le nom de l'une des filles du Prophète, nom sous lequel elle devient célèbre. (Il est à noter que les transcriptions de ce nom sont plus fantaisistes les unes que les autres.) Enfant, elle accompagne son père et son frère Khalid de village en village, apprenant l'art des chants religieux (tagwid). Sa voix exceptionnelle lui vaut de devenir, au début des années 20, une vedette de la radio et du disque. Puis le cinéma, qui exploite dès le parlant le goût de tous les publics pour le chant, fait appel à elle. Umm Kulthum tourne seulement dans quelques films, dont les deux premiers demeurent des classiques du genre. Elle s'y montre moins figée qu'on pouvait le craindre, et son charme, à près de quarante ans, est réel (certains de ses biographes datent sa naissance de mai 1904 ; mais il semble que l'on puisse retenir le 30 décembre 1898 comme probable) : Wadad (1935) est coréalisé par l'Allemand Fritz Kramp et Gamal Madkur ; le Chant de l'espoir par Ahmad Badrakhan (1936), qui la dirige encore dans Dananir (1938) et Faṭma (1947). Salama (1945), du médiocre et prolifique Togo Mizraḥ i, est moins réussi. Ces films ont un succès considérable, mais Umm Kulthum se consacre ensuite essentiellement au chant, fidèle à ses « poètes » Aḥmad Rami et Muḥammad bʹAbd al-Wahhab. Après elle, le musical égyptien a pu être plus brillant ou plus léger ; il n'est plus jamais aussi pur ni émouvant (on s'accorde à reconnaître que la voix du « Rossignol de l'Orient » reste inégalée).

UNDERGROUND.

Mot anglais (sous terre). Employé, à partir de 1960 environ, par Lewis Jacobs, Jonas Mekas et Stan VanDerBeek pour désigner le cinéma antihollywoodien ou expérimental américain, il perd de sa pertinence vers 1966 avec le succès ambigu de certains films de Warhol : pour éviter les connotations essentiellement érotiques qu'il prend alors, les cinéastes préféreront désormais parler de cinéma « personnel », « indé-pendant » ou « expérimental ».

Le mouvement « underground » résulte d'un espoir déçu : celui de créer aux États-Unis l'équivalent de la Nouvelle Vague française. Qu'à cela ne tienne ! Mekas et ses amis, rejoignant et regroupant des cinéastes expérimentaux comme Kenneth Anger, Bruce Baillie, Stan Brakhage, Robert Breer, James Broughton, Gregory Markopoulos ou Harry Smith, qui œuvraient déjà depuis longtemps, vont créer, autour de la Film-Makers‘ Cooperative (fondée en 1962) et de la revue Film Culture, les conditions favorables à la production et à la diffusion parallèles de films-poèmes, de films-peintures ou de films-essais, dont les plus connus seront Jamestown Baloos de Breer (1957), Anticipation of the Night de Brakhage (1958), Twice a Man de Markopoulos (1963), Scorpio Rising d'Anger (1964), The Chelsea Girls de Warhol (1966) ou Diaries, Notes and Sketches de Mekas (1969). Quelques manifestations communes à l'étranger, quelques démêlés avec la censure américaine (par exemple à propos de The Flaming Creatures de Jack Smith en 1964) assurent une réputation internationale à ce cinéma contemporain de l'essor de la « contre-culture » californienne et, bientôt, des luttes contre la guerre au Viêt-nam. Après 1966, le renouvellement formel marqué par les films « structurels » de Michael Snow, Hollis Frampton ou Paul Sharits (qui rappelle un peu celui des films lettristes en France dans les années 50) assure sa postérité et témoigne de sa nature plus artistique que politique.

Par extension, le mot « underground » est parfois employé pour désigner tout film expérimental, américain ou non, d'après la Seconde Guerre mondiale.

UNGRÍA (Alfonso)

cinéaste espagnol (Madrid 1946).

Formé sur les planches et dans le documentaire, il a dû se consacrer à la télévision, après une série de déboires. Son premier long métrage, El hombre oculto (1970), ne plaît guère aux distributeurs. Son deuxième film, Tirarse al monte (1972), est carrément interdit. Il met en scène néanmoins un brillant enchevêtrement de portraits humains de la guerre civile (Soldados, 1978, d'après Max Aub) et une folle équipée militaire des Basques au Moyen Âge (La conquista de Albania, 1983), qui ne manque pas non plus de résonances contemporaines. Il a également signé Gulliver (1976), Cien metros (1986), Lazos (1994) et Africa (1996).

UNIFRANCE-FILM.

Fondée en 1949, c'est une association sans vocation commerciale qui a pour but, en collaboration avec les organisations professionnelles et en liaison avec les représentations diplomatiques à l'étranger, de promouvoir le cinéma français à l'étranger. Son action se manifeste notamment par l'organisation de manifestations, réunions, rencontres, et par la publication de bulletins d'information destinés aux éventuels acheteurs étrangers. Unifrance-Film ne peut en aucun cas assurer la vente des films ; elle met en rapport vendeurs et acheteurs éventuels.

UNIT.

Mot anglais pour équipe (de tournage). Second unit, seconde équipe.

UNIVERSAL.

La Universal Film Manufacturing Company naît le 8 juin 1912 de la fusion de deux sociétés de production : l'IMP (Independent Motion Picture Company) de Carl Laemmle, et la New York Motion Picture Company de Fred Balshofer. Elle se consacre d'abord au court métrage et au serial, puis ouvre, en 1915, les studios d'Universal City, et se lance dans le long métrage. La venue de Lon Chaney et de Harry Carey lui vaut des succès précoces dans deux genres qui domineront son histoire : le fantastique et le western. Au cours des années 1915-1925, la Universal emploie des cinéastes comme Tod Browning, Herbert Brenon, Erich von Stroheim, John Ford, Allan Dwan, Rupert Julian et Maurice Tourneur. Elle s'assure, de 1919 à 1923, les services du « wonder boy » Irving Thalberg, qui produit notamment Folies de femmes (E. von Stroheim, 1922) et The Hunchback of Notre-Dame (W. Worsley, 1923). À l'aube du parlant, la firme reçoit son premier Oscar pour À l'Ouest rien de nouveau (L. Milestone, 1930). Elle lance avec Dracula (T. Browning, 1931) un premier grand cycle de films d'horreur, auquel succéderont les séries Frankenstein, l'Homme invisible, la Momie, et le Loup-garou.