Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DASSIN (Jules) (suite)

Films :

le Cœur révélateur (The Tell-Tale Heart, CM, 1940) ; Nazi Agent (1942) ; The Affairs of Martha (id.) ; Reunion in France (id.) ; Young Ideas (1943) ; le Fantôme de Canterville (The Canterville Ghost, 1944) ;  A Letter for Evie (1945) ; Two Smart People (1946) ; les Démons de la liberté (Brute Force, 1947) ; la Cité sans voiles (The Naked City, 1948) ; les Bas-Fonds de Frisco (Thieves ’ Highway, 1949) ; les Forbans de la nuit (Night and the City, 1950) ; Du rififi chez les hommes (1955) ; Celui qui doit mourir (1956) ; la Loi (La Legge, 1958) ; Jamais le dimanche (Never on Sunday, 1960) ; Phaedra (1962) ; Topkapi (1964) ; 10 heures 30 du soir en été (10. 30. P. M. Summer, 1966) ; Comme un éclair / la Guerre amère (Survival 1967, DOC, 1968) ; Point noir (Up Tight, id.) ; la Promesse de l'aube (Promise at Dawn, 1970) ; The Rehearsal (DOC, 1974) ; Cri de femmes ( A Dream of Passion, 1978) ; Circle of Two (1980).

DASTÉ (Jean)

acteur français (Paris 1904 - Saint-Étienne 1994).

Il débute au théâtre dans l'entourage immédiat de Jacques Copeau (il en épouse la fille, qui devient Marie-Hélène Dasté, et prend part à l'aventure bourguignonne des « Copiaux » à Pernand-Vergelesse). Il en continue la tradition dans la Compagnie des Quinze, le Théâtre des Quatre-Saisons ou à la Maison de la culture de Saint-Étienne, qu'il dirige dans les années 60.

Au cinéma, il est l'inoubliable interprète des deux films mis en scène par Jean Vigo : le pion funambule de Zéro de conduite (1933), et surtout le jeune patron de l'Atalante en 1934. À la même époque, il tient des rôles secondaires dans quelques films de Jean Renoir (Boudu sauvé des eaux, le Crime de M. Lange, la Grande Illusion).

Après la guerre, en marge d'une activité théâtrale primordiale, il interprète à l'occasion des petits rôles au cinéma, auxquels il confère une profondeur troublante, notamment dans Muriel (A. Resnais, 1963), la Chambre verte (F. Truffaut, 1978) ou Une semaine de vacances (B. Tavernier, 1980).

DAT (Digital Audio Tape).

Magnétophone enregistrant sur bande magnétique* directement en numérique les signaux audio. Ces magnétophones ont remplacé, aussi bien en prise de son directe qu'en auditorium, les magnétophones analogiques à bande lisse. Pour les reports optiques, en analogique Dolby SR, les enregistrements numériques sur DAT remplacent très souvent les bandes magnétiques perforées 35 mm.

DAUMAN (Anatole)

producteur français (Varsovie, Pologne, 1925 - Paris 1998).

Homme de culture et de goût, il a su associer sa société Argos Film (créée en 1951 avec Philippe Lifchitz) à la production ou à la coproduction de films novateurs et audacieux, et aider ainsi plusieurs réalisateurs de talent à s'exprimer. Parmi les cinéastes auxquels il a fait ainsi confiance, il faut citer Alexandre Astruc (le Rideau cramoisi, 1953), Alain Resnais (Nuit et Brouillard, 1956 ; Hiroshima mon amour, 1959 ; l'Année dernière à Marienbad, 1961 ; Muriel, 1963 ; La guerre est finie, 1966), Roger Leenhardt (le Rendez-vous de minuit, 1961), Robert Bresson (Au hasard Balthazar, 1966 ; Mouchette, 1967), Jean-Luc Godard (Masculin féminin, 1966), Jean Rouch (Chronique d'un été, CO Edgar Morin, 1961), Jan Lenica (A, 1964), Walerian Borowczyk (Contes immoraux, 1974 ; la Bête, 1975), Chris Marker (Lettre de Sibérie, 1958 ; la Jetée, 1962 ; Sans soleil, 1983), Nagisa Oshima (l'Empire des sens, 1976 ; l'Empire de la passion, 1978), Volker Schlöndorff (le Coup de grâce, 1976 ; le Tambour, 1979 ; le Faussaire, 1981), Alain Robbe-Grillet (la Belle Captive, 1983), Wim Wenders (Paris Texas, 1984 ; les Ailes du désir, 1987 ; Jusqu'au bout du monde, 1990), Andreï Tarkovski (le Sacrifice, 1986).

DAUPHIN (Claude Legrand, dit Claude)

acteur français (Corbeil 1903 - Paris 1978).

Fils du poète fantaisiste Franc-Nohain et frère de l'animateur Jean Nohain, il aborde le cinéma par le biais du théâtre, pour lequel, avant d'être acteur, il brosse des décors. Il évite de tomber dans les clichés du jeune premier, montre de l'humour, du naturel. Sa désinvolture est payante dès ses premiers films : la Fortune (Jean Hémard, 1931), Dédé (René Guissart, 1934). Peu avant la guerre, son succès s'affirme grâce à Marc Allégret et à Entrée des artistes (1938). Il surprend dans Conflits (L. Moguy, 1938), séduit dans Battement de cœur (H. Decoin, 1940), convainc dans Cavalcade d'amour (R. Bernard, 1939). La guerre et l'exode le conduisent sur la Côte d'Azur. Jusqu'en 1942, il y tourne beaucoup et réussit peut-être la meilleure création de sa carrière : Félicie Nanteuil (M. Allégret, 1945 ; 1942). Il passe en Angleterre, rejoint les Forces françaises libres mais n'abandonne pas le cinéma (Salut à la France, J. Renoir, 1944). Il enchaîne à la Libération avec bon nombre de comédies anodines, dont Jean de la Lune (M. Achard, 1949), mais participe au Plaisir (Max Ophuls, 1952) et trace un portrait à l'eau-forte du méchant de Casque d'or (Jacques Becker, 1952). Il se partage alors entre Hollywood et Paris, passe d'Ustinov à Frankenheimer, de Decoin à Clément et Duvivier. Scola, en 1972, lui offre un joli rôle dans la Plus Belle Soirée de ma vie, dont le tournage lui inspire le livre les Derniers Trombones. Vieilli, amaigri, il tient encore sa partie dans le Locataire (R. Polanski, 1976) et dans Mado (C. Sautet, id.).

DAVES (Delmer)

cinéaste américain (San Franciso, Ca., 1904 - La Jolla, Ca., 1977).

Ses séjours de jeunesse auprès des Hopis ne l'ont pas moins marqué que ses études universitaires. Dans le cinéma, il a été accessoiriste, acteur, mais surtout scénariste : on peut discerner sa marque dans les films qu'il a écrits, comme l'admirable Elle et Lui (McCarey, 1939) : gout du mélodrame, sens de la nuance. Il continuera à travailler sur les scénarios qu'il réalisera ; il en sera même souvent le producteur. L'inspiration de Daves est doublement généreuse. Par le crédit qu'il accorde à ses personnages, figures nobles, accessibles à la solidarité et capables de découvrir les exigences d'une morale simple et sincère. Par le crédit qu'il fait au spectateur, supposant qu'il saura découvrir, dans les beautés de l'illustration (c'est un merveilleux coloriste), les vertus même de la fable. Le premier acte de confiance a été plus souvent récompensé que le second, et, si l'on reconnaît volontiers le respect de l'auteur pour ses héros, son amitié pour les cultures indiennes, son sens de la liberté humaine, on oublie que ces mérites seraient insensibles s'ils ne s'exprimaient pas dans la mise en scène, car l'ambition d'instruire ne pousse pas Daves au bavardage. Or, les images savent toujours donner corps aux valeurs intellectuelles et sentimentales du récit. L'élargissement du champ par un plan à la grue ou la peinture de l'action en une série de fondus enchaînés (la Colline des potences) épousent une découverte ou un élan ; la fameuse caméra subjective, au début des Passagers de la nuit, obéit moins à un point de vue qu'à la nécessité de souligner l'étroitesse d'une vision, celle d'un homme qui cherche un masque et se dérobe à la sociabilité.