Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DONSKOÏ (Mark) [Mark Semenovič Donskoj] (suite)

Par la suite, le cinéaste investit à nouveau, avec une fidélité modelée à sa vision personnelle, l'œuvre de Gorki : la Mère (Mat ’, 1956) et Thomas Gordeiev (Foma Gordeev, 1959). Il réalise en 1958 un film phare, plus lyrique et débridé que les autres, le Cheval qui pleure (Dorogoj cenoj), qui n'est pas sans anticiper, par son envoûtant panthéisme, sur les Chevaux de feu (1965) de Sergueï Paradjanov. À l'opposé d'un grand nombre de pionniers du cinéma soviétique, le style de Donskoï, toujours sobre, n'a pratiquement pas varié de la trilogie à Thomas Gordeiev. Son enracinement culturel foncièrement ukrainien, son humanisme actif, son inspiration située dans le passé (la meilleure façon d'éclairer le présent selon lui) ont gardé à son œuvre une unité qui lui a permis de traverser, sans compromis, les périodes les plus noires et d'échapper aux fluctuations des modes idéologiques. Par ailleurs, Donskoï est essentiellement un réalisateur du parlant ; et son emploi moderne de la profondeur de champ fait de lui, à l'instar de Renoir ou de Welles, un cinéaste contemporain. Les années 60 voient l'affadissement de ses thèmes, qui frisent parfois la mièvrerie : Bonjour les enfants (Zdravstvujte, deti, 1962) ; la Dévotion d'une mère (Vernost materi, 1967).

Autres films :

Majak (épisode du Ciné-Recueil de guerre no 9, 1942) ; le Cœur d'une mère (Serdce materi, 1965) ; Chaliapin (1969) ; Nadejda (Nadežda, 1973) ; les Époux Orlov (Suprugi Orlovy, 1977).▲

DORAINE (Ilonka Kovács Perenyi, dite Lucy)

actrice allemande d'origine hongroise (Budapest 1898).

Très jeune elle excelle comme pianiste puis interpète quelques petits rôles à l'écran sous la direction de Mihaly Kertész (le futur Michael Curtiz) qu'elle épouse peu après. Fuyant la Hongrie à la chute de la République des Conseils, le couple s'installe en Autriche et Lucy Doraine apparaît en vedette dans plusieurs films de son mari : l'Étoile de Damas (1920), le Sixième Commandement (1922). Certains films de l'actrice échappent curieusement au boycottage des films produits dans les ex-pays ennemis grâce à un Italien qui achète différentes œuvres en les soumettant à une francisation poussée qui font passer l'actrice pour une « Parisienne ». Le public se rend alors en masse pour assister aux prestations d'une « jolie petite Française un peu grivoise ». Divorcée de Kertész, elle part pour Munich, fonde sa propre maison de production (la Lucy Doraine GmbH) pour laquelle elle tourne notamment Schicksal (Felix Basch, 1924 avec Conrad Veidt) et Der Prinz und die Tänzerin (R. Eichberg, 1926 avec Willy Fritsch). Sur proposition de la First National, elle se rend à Hollywood en 1927 mais ses essais ne sont guère concluants. Elle décide de revenir en Europe en 1929, se remarie et abandonne définitivement le monde du cinéma.

DORFMANN (Robert)

producteur et distributeur français (Marseille 1912 - Paris 1999).

Après diverses activités, notamment distributeur en province, il fonde en 1945, avec Henri Bérard, la société des Films Corona et reprend en 1946 la société Silver Films fondée en 1935. De sa riche filmographie, on peut extraire : Miquette et sa mère (H.-G. Clouzot, 1950), Justice est faite (A. Cayatte, id.), Jeux interdits (R. Clément, 1951), Touchez pas au grisbi (J. Becker, 1954), l'Air de Paris (M. Carné, id.), Gervaise (Clément, 1956), les Tricheurs (Carné, 1958), Fortunat (A. Joffé, 1960), la Princesse de Clèves (J. Delannoy, 1961), l'Année dernière à Marienbad (A. Resnais, id.), le Corniaud (G. Oury, 1965), la Grande Vadrouille (id., 1966), la Prisonnière (Clouzot, 1968), Mayerling (T. Young, id.), l'Armée des ombres (J.-P. Melville, 1969), l'Aveu (Costa-Gavras, 1970), le Cercle rouge (Melville, id.), Trafic (J. Tati, 1971), Un flic (Melville, 1972), Barocco (A. Téchiné, 1976).

Son fils Jacques (Toulouse 1945), tout d'abord acteur puis producteur délégué avec son père aux films Corona, a racheté Belstar Productions en 1971 qui a produit notamment l'Albatros (J.-P. Mocky, 1971), Nous ne vieillirons pas ensemble (M. Pialat, 1972), Traitement de choc (A. Jessua, 1973), le Trio infernal (F. Girod, 1974), Sept Morts sur ordonnance (J. Rouffio, 1975), la Guerre du feu (J.-J. Annaud, 1981, CO Stephan Films), Family Rock (José Pinheiro, 1982). Passé à la mise en scène, il signe en 1987 le Palanquin des larmes d'après Chow Ching Lie, Agaguk en 1992, Vercingetorix en 2001.

DORLÉAC (Françoise)

actrice française (Paris 1942 - Nice 1967).

Fille du comédien Maurice Dorléac et sœur aînée de Catherine Deneuve, elle débute à dix-huit ans dans les Loups dans la bergerie, d'Hervé Bromberger (1960). La même année, Michel Deville lui propose un rôle plus conforme à sa personnalité dans Ce soir ou jamais (avec Anna Karina et Claude Rich), où elle est éblouissante de fantaisie. Ses films suivants manquent d'intérêt, même Tout l'or du monde, de René Clair (1961). Il lui faut attendre 1962 et la Gamberge, de Norbert Carbonnaux (avec Jean-Pierre Cassel et Arletty), pour pouvoir donner sa mesure. Son registre, c'est la fantaisie, et elle le prouve dans Arsène Lupin contre Arsène Lupin, d'Édouard Molinaro (1962) et l'Homme de Rio, de Philippe de Broca (1963). François Truffaut lui offre un rôle dramatique dans la Peau douce (1964, avec Jean Desailly), où elle démontre qu'elle est une comédienne complète, ce que confirme, plus que la Chasse à l'homme, de Molinaro (1964), Cul-de-sac de Roman Polanski (1966). Elle chante et danse avec Catherine Deneuve dans la comédie musicale de Jacques Demy et Michel Legrand, les Demoiselles de Rochefort (1967). Elle s'est fait une place bien à elle dans le cinéma français quand elle se tue, le 27 juin 1967, dans un accident de la route.

DORS (Diana Fluck, dite Diana)

actrice britannique (Swindon 1931 - Windsor 1984).

Ancienne lauréate d'un concours de beauté, elle s'imposa comme sex-symbol du cinéma d'outre-Manche des années 50-60. Son physique de blonde capiteuse la spécialisa dans les apparitions décoratives. Elle obtint cependant quelques rôles intéressants dans Filles sans joie (The Weak and the Wicked, J. L. Thompson, 1954), l'Enfant à la licorne (C. Reed, 1955) et surtout dans Peine capitale (Thompson, 1956). Depuis, elle s'est reconvertie dans les emplois de femme à forte corpulence : Baby Love (A. Reid, 1969) ; Deep End (J. Skolimowski, 1970) ; le Joueur de flûte (J. Demy, 1972) ; Steaming (J. Losey, 1985).