Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LEE (Jack)

cinéaste britannique (Stroud 1913).

Une double formation de producteur (associé, en 1938, au General Post Office Film Unit) et de documentariste sous-tend, dans ce qu'elle a de plus réussi ou, à tout le moins, de bien intentionné, la carrière décevante de cet homme sincère mais en avance, sans doute, sur la sensibilité politique de son époque. Il a réalisé, pendant la guerre, plusieurs courts métrages dans le sens des productions du GPO, alliant témoignage et information (The Pilot Is Safe, 1941 ; Ordinary People, CO J. B. Holmes, 1942, etc.), avant d'aborder le long métrage de fiction. Ma vie commence en Malaisie (A Town Like Alice), dont il écrit le scénario d'après un roman, est refusé à Cannes pour ne pas froisser la délégation nippone, en 1956. En 1960, Interrogatoire secret (Circle of Deception) est un autre échec. Lee, dans ces deux films, accuse l'horreur et l'absurdité de la guerre, sans faire la preuve qu'il maîtrise ni les thèmes ni leur mise en œuvre. Il fonde sa propre société de production en Australie au début des années 60, sans avoir, depuis, rien ajouté de remarquable à une dizaine de titres oubliés.

LEE (Li Lianjie, dit Jet)

acteur chinois (Pékin 1963).

À l'âge de huit ans, il entre à l'École des sports de Pékin et devient rapidement un maître d'arts martiaux. Son talent est mis à profit au cinéma par la société Zhong Yuan, qui le catapulte héros du Temple de Shaolin (Chang Hsin Yen, 1982). Suite au dernier – et meilleur – épisode de la trilogie, les Arts martiaux de Shaolin (Liu Chia Liang, 1986), il part pour Hongkong. Après une tentative malheureuse de se mettre lui-même en scène (Born to Defend, 1988), il entame une collaboration avec Tsui Hark pour la saga Il était une fois en Chine. Il y incarne à quatre reprises le docteur Wong Fei-Hung, de 1991 à 1997. Dans Il était une fois en Chine II (Tsui Hark, 1992), il fait preuve d'un charisme et d'une technique de kung-fu exceptionnels. Profitant de sa popularité, il tourne de nombreux films très commerciaux, notamment avec Wong Jing. En 1994, Fist of Legend (Gordan Chan), remake de la Fureur de vaincre, le désigne définitivement comme héritier de Bruce Lee. Poursuivant une carrière à Hollywood, il tient un second rôle dans l'Arme fatale 4 (Lethal Weapon 4, Richard Donner, 1998). En 2000, il joue dans Romeo Must Die (Andrzej Bartkowiak).

LEE (Augusta Appel dite Lila)

actrice américaine (Union Hill, N.-J. 1902, Saranac Lake, N.-Y., 1973)

Petite brunette aux yeux très doux et à la bouche en cœur, elle apparaît dans plusieurs films de la Famous Players dont l'Admirable Crichton de C.B. De Mille (1919), Hawthorne of the USA (J. Cruze, id.) et Terror Island (id., 1920). Mais les rôles où elle est le plus à l'aise appartiennent à la catégorie des films ruraux qui exaltent la vie à la campagne par opposition à la vie citadine (Rose o' the River, Robert Thornby, 1919 ; Puppy Love, R. W. Neill, id.). On la voit bientôt aux cotés de grandes vedettes de l'époque, le comique et réalisateur Roscoe Fatty Arbuckle, Wallace Reid, Thomas Meighan, Conrad Nagel. En 1922 dans Arènes sanglantes de Fred Niblo, elle incarne la femme fidèle d'un toréador (R. Valentino) qui mourra dans ses bras après l'avoir largement trompée avec une sensuelle séductrice (Nita Naldi).

Sa carrière s'interrompt un moment à la suite de l'accident de cheval dont est victime son époux le réalisateur James Kirkwood. En 1930 elle est atteinte de tuberculose et est hospitalisée dans un sanatorium. Elle se rétablit, revient au cinéma où elle ne retrouve plus que de modestes prestations.

LEE (Rowland V.)

acteur, scénariste et cinéaste américain (Findlay, Ohio, 1891 - Palm Desert, Ca., 1975).

Né de parents comédiens, il débute à l'écran en 1915 dans les productions de Ince, et devient cinéaste au début des années 20 : The Sea Lion (1921), Desire (1923), touchant à tous les genres. Il dirige Florence Vidor et le jeune Gary Cooper en vedettes dans le sentimental Doomsday (1928), puis aborde le parlant avec le même éclectisme : Zoo in Budapest (1933), proche par son étrangeté de l'univers de Tod Browning ; Cardinal Richelieu (1935) et Three Musketeers (id.), qu'il tourne à la place de Ford. L'Or et la Chair (The Toast of New York, 1937), avec Cary Grant, sorte de Gatsby qui pèche par le script (Dudley Nichols), est un désastre financier pour la RKO. Lee dirige (et produit) Mother Carey's Chickens (1938), agréable comédie cukorienne où Walter Brennan se taille un rôle pittoresque, puis, toujours producteur, cette fois pour Universal, un Fils de Frankenstein (Son of Frankenstein, 1939) avec Bela Lugosi et Boris Karloff, que les amateurs ne mésestiment pas. Il se retire à la fin des années 50, avec une réputation de bon artisan sans génie particulier.

LEE (Spike)

cinéaste américain (Atlanta, Ga., 1957).

Fils du compositeur de jazz Bill Lee, il a fait des études de cinéma à la New York University's Graduate School. En 1984, il obtient l'Academy Award of Motion Picture Art and Sciences Student Award pour son film de fin d'études Joe's Bed-Stuy Barbershop : We Cut Heads. Son premier film professionnel Nola Darling n'en fait qu'à sa tête (She's Gotta Have It, 1986) racontait les amours libres d'une Noire, avec un « humour black » des plus mordants, qui a valu au réalisateur le surnom de « Woody Allen noir ». Après une comédie musicale, restée inédite, School Daze (1988), sur la « yuppisation des étudiants noirs », Spike présente en 1989 Do the Right Thing, une tragi-comédie, colorée et rythmée comme un vidéo-clip, sur le racisme ordinaire dans le ghetto noir de Brooklyn, où il avait déjà tourné deux de ses précédents films. Il poursuit à la fois comme metteur en scène et comme acteur l'évocation de ses thèmes de prédilection (jazz, racisme, violence) dans Mo' Better Blues (1990), Jungle Fever (1991), Malcolm X (1993), Crooklyn (1994), Clockers (1995), Girl 6 (1996), Get on the Bus (1996), He Got Game (1998), Summer of Sam (1999), Bamboozled (2000). Malcolm X est sans doute son film le plus ambitieux : cette biographie aux dimensions épiques est tiraillée entre un certain académisme spectaculaire (la conversion du héros à l'islam) et une agressivité chatoyante (la recréation éblouissante des « zazous » qui ouvre le film), dans laquelle Lee est plus à son aise.