Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BUÑUEL (Luis) (suite)

Films  :

Un chien andalou (1928) ; l'Âge d'or (1930) ; Terre sans pain (Las Hurdes / Tierra sin pan, DOC, 1932) ; Gran Casino (1946) ; le Grand Noceur (El gran calavera, 1949) ; Los olvidados (id., 1950) ; Susana la perverse (Susana, demonio y carne, id.) ; Don Quintin l'amer (La hija del engaño / Don Quintin el amargao, 1951) ; Pierre et Jean (Cuando los hijos nos juzgan / Una mujer sin amor, id.) ; la Montée au ciel (Subida al cielo, id.) ; l'Enjôleuse (El bruto, 1952) ; Robinson Crusoé (id., id.) ; Tourments (El, 1953) ; les Hauts de Hurlevent (Abismos de pasión/Cumbres borrascosas, id.) ; On a volé un tram (La ilusión viaja en tranvía, id.) ; le Rio de la Mort (El río y la muerte, 1954) ; la Vie criminelle d'Archibald de la Cruz (Ensayo de un crimen, 1955) ; Cela s'appelle l'aurore (1956 ; FR/ITAL) ; la Mort en ce jardin (id. ; FR/MEX) ; Nazarin (id., 1958 ; MEX) ; La fièvre monte à El Pao (1960 ; FR/MEX) ; la Jeune Fille (The Young One, id. ; MEX) ; Viridiana (id., 1961 ; ESP/MEX) ; l'Ange exterminateur (El ángel exterminador, 1962 ; MEX) ; le Journal d'une femme de chambre (1964 ; FR/ITAL) ; Simon du désert (Simón del desierto, 1965 ; MEX) ; Belle de jour (1967 ; FR/ITAL) ; la Voie lactée (1969 ; FR/ITAL) ; Tristana (id., 1970 ; FR/ITAL/ESP) ; le Charme discret de la bourgeoisie (1972 ; FR) ; le Fantôme de la liberté (1974 ; FR) ; Cet obscur objet du désir (1977 ; FR).

BUONO (Victor)

acteur américain (San Diego, Ca., 1938 - Apple Valley, Ca., 1982).

Robert Aldrich le fait débuter à l'écran dans Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), fixant du même coup les grands traits de son personnage de méchant corpulent, à l'œdipe tourmenté, de pervers jovial et grotesque, masquant son sadisme derrière d'étranges minauderies. Caricature des Sydney Greenstreet et Laird Cregar d'antan, on en retrouve des variantes plus ou moins noires ou comiques dans le Tueur de Boston (B. Topper, 1964), Chut, chut chère Charlotte (R. Aldrich, 1965), Matt Helm, agent très spécial (Ph. Karlson, 1966), Lo Strangolatore di Vienna (Guido Zurli, 1971), la Colère de Dieu (R. Nelson, 1972) et Détective comme Bogart (Sam Marlowe, Private Eye, Robert Day, 1980).

BUREL (Léonce-Henri)

chef opérateur et cinéaste français (Indret 1892 - Mougins 1977).

Sa carrière couvre quelque 130 films de 1913 à 1966, incluant seize des premières œuvres de Gance, dont J'accuse (1919), la Roue (1921-1923) et Napoléon (1927), ainsi que de nombreux titres d'Antoine, Feyder ou Ingram. Avec le parlant, il éclaire les films de Gréville, Decoin ou Bresson (dont il signe le Journal d'un curé de campagne, 1951, Un condamné à mort s'est échappé, 1956, Pickpocket, 1959, et le Procès de Jeanne d'Arc, 1962). Le dernier film de ce maître du noir et blanc est aussi son premier en couleurs : les Compagnons de la Marguerite (J.-P. Mocky, 1967). Il a réalisé trois films mineurs : la Conquête des Gaules (1922), l'Évadée (1929) et le Fada (1932).

BURKE (Mary William Ethelberg Appleton Burke, dite Billie)

actrice américaine (Washington, D. C., 1885 - Los Angeles, Ca., 1970).

Fille d'un clown célèbre, veuve du grand producteur de music-hall Florenz Ziegfeld, actrice de théâtre adulée, Billie Burke devient, en 1932, un des seconds rôles les plus employés et les plus populaires du cinéma américain. Après des débuts dramatiques dans Héritage (G. Cukor, 1932) ou la Phalène d'argent (D. Arzner, 1933), elle se fait une spécialité du rôle de petite-bourgeoise évaporée et fantaisiste, à partir du Couple invisible (N. Z. McLeod, 1937). Elle restera, jusqu'en 1959, une des figures les plus typiques de la comédie américaine.

BURKINA FASO (anciennement Haute-Volta).

Indépendante en 1960, la Haute-Volta n'entre pleinement dans le cinéma qu'en 1969 en organisant, trois ans après les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), en Tunisie, et à l'occasion d'une "semaine du cinéma", une réunion de cinéastes d'Afrique noire comme d'Afrique du Nord. Les participants décidant de se retrouver à nouveau l'année suivante est créé, en 1970, le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO). Celui-ci, qui depuis lors se tient - sauf cas exceptionnel - tous les deux ans en alternance avec les JCC, s'affirme alors rapidement comme l'un des lieux majeurs de promotion, de valorisation et de reconnaissance du cinéma africain, notamment à l'occasion de la remise du premier prix du festival, l'Étalon de Yennenga. Le FESPACO, désormais principal événement cinématographique africain, s'affiche comme la vitrine officielle d'un organisme né ultérieurement mais qui va lui donner toute sa légitimité, la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), laquelle, installée à Ouagadougou, regroupe à peu près la totalité des associations préexistantes et compte parmi ses pères fondateurs des cinéastes tels que Sembène Ousmane*, Paulin Vieyra Soumanou, Mustapha Alassane*, Med Hondo* ou Souleymane Cissé*. Dans les années 70, la Haute-Volta, si elle est en Afrique noire le lieu où les films sont montrés et où les cinéastes se réunissent, ne voit pas pour autant se développer une riche production cinématographique nationale, à l'inverse d'États voisins tels que le Sénégal, le Niger, la Côte d'Ivoire ou le Mali. Rares sont les premiers cinéastes voltaïques, plus rares encore ceux à avoir réalisé un long métrage : Mamadou Djim Kola avec le Sang des parias (1971), René Bernard Yonly avec Sur le chemin de la réconciliation (1973) et Augustin Roch Taoko avec M'Ba Raogo (1975). C'est seulement au cours de la décennie suivante, et plus particulièrement lorsque la révolution démocratique et populaire du capitaine Thomas Sankara bouleverse le pays et lui donne son nouveau nom de Burkina Faso, qu'une production nationale, non plus voltaïque mais désormais burkinabé, voit le jour, essentiellement entre les années 1982 et 1987. Le film annonciateur est celui de Gaston Kaboré*, le Don de Dieu (Wend Kuuni, 1982), d'autant plus important qu'il contribue grandement à initier ce mouvement de retour vers une Afrique des origines, voire une Afrique immémoriale et atemporelle, qui caractérisera longtemps tout un pan des cinémas africains. Au cours des années 80, une véritable "école" du Burkina Faso va voir le jour, qu'elle soit dans le sillage inspiré de Gaston Kaboré ou bien qu'elle s'en détache. Deux cinéastes s'affirment rapidement : Idrissa Ouédraogo* avec le Choix (Yam daabo, 1987), Yaaba (1988) et Question d'honneur (Tilaï, 19990), et Pierre Yaméogo* avec le Monde (Dunia, 1987) et Tout va bien (Laafi, 1990). D'autres réalisateurs se révèlent aussi, mais connaissent un succès moindre, notamment en termes de reconnaissance internationale et festivalière, comme Emmanuel Kalifa Sanon avec le Dernier Salaire (Desebegato, 1987). Au tournant des années 80 et 90, le Burkina Faso apparaît, à bien des égards, comme le pays du cinéma, en Afrique, dont viennent parmi les plus productifs et les plus reconnus des cinéastes du moment, et où se trouvent les principales institutions cinématographiques. Gaston Kaboré, devenu secrétaire général de la FEPACI, continue à tourner, avec Zan Boko (1989), Rabi (1992) et Buud Yam (1997), par lequel il donne une suite à son premier long métrage, le Don de Dieu et obtient l'Étalon Yennenga au FESPACO 97. Idrissa Ouédraogo, de son côté, tourne abondamment (Karim et Sala, 1991 ; Samba Traoré, 1992 ; le Cri du cœur, 1994 ; Afrique mon Afrique, 1994 ; Kini et Adams, 1997), alors que Pierre Yaméogo se montre plus rare (Wendemi, 1993 ; le Tourbillon [Silmandé], 1998). Si le précurseur Mamadou Djim Kola tourne enfin à nouveau (les Étrangers [Toungan], 1992), de plus jeunes réalisateurs apparaissent peu à peu, comme Drissa Touré avec Laada (1991) et la Proscription (Haramuya, 1995), Dani Kouyaté avec Keita, les larmes du griot (1995), maintenant le Burkina Faso dans une dynamique de renouvellement constant de sa production cinématographique.