Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WATERSTON (Sam)

acteur américain (Cambridge, Mass., 1940).

Remarquable comédien au théâtre, son physique un peu trop neutre l'empêche de devenir l'acteur de cinéma de première grandeur qu'il aurait dû être, en dépit de l'excellence de son interprétation dans Journey into Fear (D. Mann, 1975) et Vol à la tire (J. Schatzberg, 1976). Il a joué également avec beaucoup d'intensité le rôle évanescent et taciturne du narrateur dans Gatsby le Magnifique (J. Clayton, 1974). Sa silhouette longiligne et son jeu égal et tranquille émaillent de nombreux films comme Rancho Deluxe (F. Perry, 1977) ou Capricorn One (Peter Hyans, 1978). Si sa terrible figure de capitaliste impitoyable se fond quelque peu dans l'immensité de la Porte du paradis (M. Cimino, 1980), il se tient comme un point d'ancrage, tendre et solide, face aux héroïnes tourmentées de Woody Allen (Intérieurs, 1978 ; Hannah et ses sœurs, 1986 ; September, 1987). Pour ce même Woody Allen, il incarne à merveille le jeune rabbin aveugle de Crimes et délits (1989). Enfin, mûri, il est l'inébranlable père de famille de Un été en Louisiane (R. Mulligan, id.).

WATKINS (Peter)

cinéaste britannique (Norbiton 1935).

Auteur de quelques téléfilms célèbres comme The Diary of an Unknown Soldier (cm., 1959), The Forgotten Faces (mm, 1961), Culloden (1964), il obtient l'Oscar du meilleur documentaire pour la Bombe (The War Game, SUE, 1966), essai de politique-fiction traité sur le mode du reportage en direct. Fidèle aux procédés de la narration au conditionnel, il imagine les conséquences de la récupération par l'Église catholique d'une idole de la chanson dans Privilège (id., 1967). Il nous donne ensuite sa vision des jeux guerriers cathartiques dans les Gladiateurs (Gladiators/The Peace Game, 1969) et de la répression d'une jeunesse contestataire dans Punishment Park (1971). Il garde le style spontané de la télévision pour évoquer les grands moments de la vie du peintre norvégien Edvard Munch, la danse de la vie (Edvard Munch, NOR-SUE 1975) et pour contester les méthodes antiterroristes d'une démocratie décadente : Force de frappe (Aftenlandet/Evening Land, DAN, 1977). En 1988, il entreprend un film-marathon (plus de 14 heures) sur la paix et le désarmement : le Voyage (The Journey). Établi en Suède, il brosse le portrait d'August Strindberg dans un film de fiction : le Libre-penseur (Fritänkaren, 1994). Mais c'est en France qu'il consacre un original documentaire-fleuve à la Commune de Paris, la Commune, Paris 1871 (1999).

WATSON (Emily)

actrice britannique (Londres 1967).

De formation classique (British Shakespeare School of Acting), elle crève l'écran dans Breaking the Waves (L. von Trier, 1996), mélodrame sentimental qu'elle porte vaillamment sur ses frêles épaules. Maigrichonne, les yeux perdus, elle renouvelle avec fougue le cliché de la jeune femme en détresse. Elle est également admirable dans The Boxer (J. Sheridan, 1997), épouse résignée et taciturne. Son talent semble lui valoir des sollicitations très diverses comme Broadway 39e rue (T. Robbins, 1999) ou les Cendres d'Angela (A. Parker, id.).

WATT (Harry)

cinéaste britannique (Édimbourg 1906 - Amersham 1987).

Venu du documentaire, il s'oriente ensuite, comme Schoedsack et Cooper avant lui, vers le film d'aventures exotiques. Mais son nom restera lié essentiellement à la fameuse école documentaire anglaise des années 30. Il participe d'abord aux travaux de l'équipe de production de l'Empire Marketing Board. Il fait ses classes sous John Grierson et devient l'assistant de Robert Flaherty pour l'Homme d'Aran. Certains de ses courts métrages seront coréalisés soit par Basil Wright, soit par Humphrey Jennings. Le plus célèbre est probablement le premier, Courrier de nuit (Night Mail, 1936). Il faut citer aussi Big Money (1937), Prisonniers de la brume (North Sea, 1938) et Squadron 992 (1939). Il participe à l'effort de guerre en tournant entre autres London Can Take It (1940), The Front Line (id.), Britain at Bay (id.), Target for Tonight (1941) et Christmas Under Fire (id.).

Dans ses longs métrages, tous réalisés après-guerre, il exalte l'esprit d'aventure dans des pays lointains. Le plus achevé est sans doute La route est ouverte (The Overlanders, 1946), une traversée du désert australien par des prisonniers qui accompagnent un troupeau pour le soustraire à l'ennemi japonais. Mais Quand les vautours ne volent plus (When no Vultures Fly, 1951) et À l'ouest de Zanzibar (West of Zanzibar, 1954), tous deux tournés en Afrique, font preuve également d'un vrai sens romanesque.

WAXMAN (Franz Wachsmann, dit Franz)

musicien américain d'origine allemande (Königshütte [auj. Chorzów, Pologne] 1906 - Los Angeles, Ca., 1967).

Le jeune Franz entre à la UFA en 1930. On lui doit les orchestrations de l'Ange bleu (J. von Sternberg, 1930). Après un détour par Paris, qui lui permet de composer la partition de Liliom (F. Lang, 1934), il gagne les États-Unis. Il trouve assez vite du travail auprès de l'Universal, véritable maison des émigrés allemands de l'époque, et se signale par de remarquables « partitions suivies », à une époque où elles étaient encore rares : le Secret magnifique (J. M. Stahl, 1935) et, surtout, la Fiancée de Frankenstein (J. Whale, id.) avec son inoubliable carillon endiablé qui salue le réveil d'Elsa Lanchester. Il passe d'un studio à l'autre, se spécialise dans les atmosphères mystérieuses ou lourdes qu'il crée par des valses lentes et sombres. Trois Camarades (F. Borzage, 1938), le Cargo maudit (id., 1940), Rebecca (A. Hitchcock, id.), Soupçons (id., 1941), Sunset Boulevard (B. Wilder, 1950), Ma cousine Rachel (H. Koster, 1953), Fenêtre sur cour (Hitchcock, 1954) sont parmi ses plus indiscutables titres de gloire. Le mélodrame l'a aussi inspiré (l'Amant sans visage, V. Sherman, 1947 ; Humoresque, J. Negulesco, id.). Sa plus belle œuvre reste Une place au soleil (G. Stevens, 1951), dont le leitmotiv obsède. Dans les années 50, on fait appel à lui pour des productions à grand spectacle : Prince Vaillant (H. Hathaway, 1954) possède une vitalité que l'on retrouvera dans sa dernière partition, les Centurions (M. Robson, 1966).