Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GORETTA (Claude)

cinéaste suisse (Genève 1929).

Après un premier court métrage coréalisé à Londres avec Alain Tanner, Nice Time (1957), il entre à la télévision suisse romande, pour laquelle il réalise de nombreux reportages, portraits, téléfilms et dramatiques. Son premier long métrage de cinéma, le Fou (1970), avec François Simon, annonçait la démarche d'entomologiste doux-amer développée dans le film suivant, l'Invitation (1972), avec Michel Robin, chronique d'une fête ratée au cours de laquelle les membres d'une petite collectivité, confrontés à l'ascension sociale de l'un des leurs, révèlent leurs ressentiments, leurs inhibitions, leurs rêves. Par la suite, tournant en France, Goretta reste fidèle à des personnages « ordinaires », des vaincus de la vie qui n'ont pas, selon sa formule lapidaire, « rendez-vous avec l'Histoire » : Pas si méchant que ça (1975) ; la Dentellière (1977) ; la Provinciale (1981) ; la Mort de Mario Ricci (1983). En 1985 il signe Orfeo, en 1987, Si le soleil ne revenait pas, d'après Ramuz et, en 1988, un documentaire : les Ennemis de la mafia. Après l'Ombre (1991) il se consacre à la télévision, réalisant notamment plusieurs Maigret.

GÖRING (Helga)

actrice allemande (Meissen 1922).

Membre du Théâtre de Dresde, elle devient à partir des années 50 et 60 l'une des actrices les plus renommées du cinéma de la RDA. Parmi ses films les plus représentatifs : Un village divisé (Das verurteilte Dorf, Martin Hellberg, 1952) ; Plus fort que la nuit (S. Dudow, 1954) ; Quai no 2 (Das zweite Gleis, Joachim Kunert, 1962) ; Das Mädchen auf dem Brett (K. Maetzig, 1967) ; le Grand Voyage d'Agathe Schweigert (Die grosse Reise der A. S., J. Kunert, 1972) ; les Cités et les années (A. Zarkhi, URSS, 1973) ; Wolz (Günter Reisch, 1974) ; Jorg Ratgeb, le peintre (J. R., Maler, Bernhard Stephan, 1978). On la retrouve en 1994 dans ‘Cœur de pierre ’ (Herz aus Stein), de Nicos Ligouris.

GOSHO (Heinosuke)

cinéaste japonais (Tokyo 1902 - Mishima 1981).

Fils d'une geisha renommée, il étudie l'économie à l'université Keio de Tokyo, mais choisit bientôt de faire du cinéma. Entré à la Shochiku en 1923, il y devient assistant réalisateur, notamment de Yasujiro Shimazu, et passe à la réalisation en 1925 avec ‘le Printemps des îles du Sud ’ (Nanto no haru). Après avoir tourné de très nombreux mélodrames à l'atmosphère lyrique ‘la Fiancée du Village ’ (Mura no hanayome, 1928), il réalise dès 1931 le premier film reconnu pour être intégralement un parlant — et un chantant — japonais, ‘Madame et voisine’ / ‘Mon amie et mon épouse(Madamu to nyobo), qui devient un grand succès public. Pourtant, sa version de 1933 du roman de Yasunari Kawabata, plusieurs fois porté à l'écran, ‘la Danseuse d'Izu(Izu no odoriko), avec la jeune Kinuyo Tanaka, est encore tournée en muet. Devenu l'un des meilleurs représentants du genre shomin-geki, avec des œuvres comme ‘le Fardeau de la vie’ (Jinsei no onimotsu, 1935), Gosho doit ralentir son rythme de travail pendant la guerre, et aussi lutter contre la tuberculose. Mais, dès la fin des années 40, il refait surface avec plusieurs films typiques du shomin-geki, dont certains parviennent jusqu'en Europe, en particulier Là d'où l'on voit les cheminées (Entotsu no mieru basho, 1953) et Une auberge à Osaka (Osaka no yado, 1954), qui consacrent une vision humaniste du petit peuple japonais. C'est à cette époque qu'il signe ses films les plus personnels, parmi lesquels on doit retenir essentiellement ‘Croissance’ (Takekurabe, 1955), histoire caractéristique des débuts d'une jeune geisha de l'époque Meiji, ‘le Corbeau jaune’ (Kiiroi Karasu, 1957) et ‘les Lucioles’ (Hotarubi, 1958). Par la suite, comme tant d'autres cinéastes de sa génération, Gosho s'adapta difficilement à l'évolution du cinéma japonais, s'orientant vers toujours plus de sexe et de violence, et ne réalisa qu'épisodiquement des films intéressants : ‘le Banquet’/‘Rébellion du Japon’ (Utage, 1967). Il était président de l'Association des cinéastes japonais.

GOTHÁR (Péter)

cinéaste hongrois (Pécs 1947).

Diplômé de l'Académie de théâtre et de cinéma de Budapest (1975), il travaille au théâtre, à la télévision et au cinéma. Après une comédie de mœurs, Une journée bénie (Ajándék ez a nap, 1980), il évoque l'adolescence de sa génération dans l'atmosphère étouffante des années 60 dans le Temps suspendu (Megáll az idő 1982) puis l'angoisse existentielle d'un homme de trente-cinq ans dans le Temps (Idö van, 1985) et l'errance d'un quadragénaire dans New York (Just Like America [Tiszta Amerika], 1987). Après Mélodrame (Melodráma, 1991), il réalise la Dernière frontière (A részleg, 1994), Vaska (Hagyállógva Vászka, 1996), Passeport (Paszport, 2000).

GOUBENKO (Nikolaï) [Nikolaj Nikolaevič, Gubenko]

acteur et cinéaste soviétique (Odessa, Ukraine, 1941).

Diplômé de la faculté d'acteurs du VGIK en 1964 puis de la faculté de réalisation en 1969, il débute comme acteur, en particulier dans le Président de Saltykov (où il remplace Evgueni Ourbanski décédé accidentellement), puis dans Je demande la parole (1975) de Panfilov. Entre-temps, il passe à la réalisation (tout en se réservant un rôle dans ses propres films), inaugurant sa carrière par une forte et belle évocation de la dure période de l'immédiat après-guerre : Un soldat revient du front (Prišel soldat s fronta, 1971). Après Si tu veux être heureux (Esli hočeš byt sčaslivym, 1974), il donne toute sa mesure dans les Orphelins (Podranki, 1976), œuvre autobiographique pleine de tendresse et d'émotion. On retrouve ces qualités en mineur dans De la vie des estivants (Iz jizni otdyhajuščih, 1980), au ton tchékhovien et par moments presque fellinien, et dans Et la vie, et les larmes et l'amour (I žizn’, i slëzy i ljubov ', 1984) sur le thème de la vieillesse. Il tourne ensuite Zone interdite (Zapretnaja zona, 1988). En 1989 il est nommé ministre de la Culture d'URSS.

GOULD (Elliott Goldstein, dit Elliott)

acteur américain (New York, N. Y., 1938).

Il étudie le chant et la danse dès son enfance et débute en 1957 à Broadway dans une comédie musicale. Pendant une dizaine d'années, il poursuit son activité théâtrale parallèlement à une carrière cinématographique assez fragile à ses débuts (marié quelques années à Barbra Streisand, il vécut malgré lui dans l'ombre de cette dernière) et qui doit son soudain essor à Robert Altman : covedette de M. A. S. H. (1970), Gould se révèle dès lors l'un des meilleurs comiques mi-farfelus mi-satiriques de sa génération. On ne peut parler d'emploi, car il dispose d'une grande variété de mimiques et d'attitudes à l'intérieur du registre que définissent sa dégaine, sa physionomie. Son jeu est aussi personnel que sûr. Malgré une tentative dramatique (le Lien, I. Bergman, 1971) et un rôle curieux dans la parodie inavouée (le Privé, R. Altman, 1973), il semble « condamné » encore pour longtemps à incarner les coquins sympathiques et les victimes qui se rebiffent. Effectivement, après une éclipse assez longue pendant laquelle il besogne d'abord en Europe (Une femme disparaît, Anthony Page, 1979, en Grande-Bretagne) puis aux États-Unis (Bons baisers d'Athènes, George Pan-Cosmatos, id.), c'est dans cet emploi, désormais de complément, qu'on le retrouve avec plaisir. Il continue cependant à se partager entre l'Italie (Scandale secret, M. Vitti ; Valse d'amour, D. Risi, 1991) et les États-Unis (Bugsy, B. Levinson, id.).