Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KLICK (Roland)

cinéaste allemand (Hof 1939).

Avant de faire du cinéma, il erre à travers l'Europe et le Moyen-Orient, écrit de la musique, dirige un orchestre de jazz, fait des études théâtrales... En 1962-1965, il réalise trois courts métrages et travaille comme cameraman, puis tourne un moyen métrage : Jimmy Orpheus (1966). Ses premières œuvres participent du Jeune Cinéma allemand des années 60, en particulier Un petit garçon (Bübchen — Der kleine Vampir, 1968) et ses deux films les plus appréciés : Deadlock (1970) et Supermarché (Supermarkt, 1973). Son cinquième titre est une adaptation d'un best-seller de Johannes Mario Simmel, Sois tranquille, chère patrie (Lieb Vaterland, magst ruhig sein, 1976). Il est lui-même le producteur et le scénariste de ses films, et travaille pour la télévision sous le pseudonyme de Bernhard Stein.

KLIMOV (Elem) [Elem Germanovič Klimov]

cinéaste soviétique (Stalingrad [auj. Volgograd] 1933).

Ingénieur aéronautique, puis diplômé de la faculté de réalisation du VGIK en 1964, il acquiert la notoriété dès son premier film, ‘ Soyez les bienvenus ’/‘ Entrée interdite aux étrangers ’ (Dobro požalovat'ili postoronnim vhod vospreščën, 1964) : cette satire de la bureaucratie, située dans un camp de vacances pour pionniers dont le directeur encourage la délation et censure Maïakovski, suscite en haut lieu des réticences qui vont se manifester à nouveau par l'interdiction à l'encontre des  ’Aventures d'un dentiste ’ (Pohoždenija zubnogo vrača, 1965), nouvelle critique d'un système social qui tolère mal les individus d'exception. Après le succès de ‘ Sport, sport, sport ’ (1970), document-fiction drolatique sur l'histoire des sports, il connaît de nouvelles difficultés avec Agonia (Agonija, 1975), inspiré par la figure de Raspoutine et qui sera « retenu » pendant plusieurs années. Entre-temps, il a participé avec Marlen Khoutziev et Guerman Lavrov à la finition du film laissé inachevé par Romm à sa mort, ‘ Malgré tout, j'ai confiance ’ (I vsë-taki ja verju, 1974). Durement frappé par la fin tragique en 1979 de son épouse Larissa Chepitko, il lui a consacré un court métrage (Larissa, 1980) puis a tourné le film qu'elle s'apprêtait à diriger, et qui est l'adaptation d'un récit de Valentin Raspoutine, Adieu Matiora, sous le titre les Adieux à Matiora (Proščanie, 1981). En 1985, il remporte le Grand Prix du Festival de Moscou avec Va et regarde / Requiem pour un massacre (Idi i smotri), saisissante évocation d'un Oradour en Biélorussie en 1943.

KLINE (Herbert)

chef opérateur et cinéaste américain (Chicago, Ill., 1909 - Los Angeles, Ca., 1999).

Journaliste (dès 1931) dans des publications affiliées au John Reed Club, il s'essaie à la dramaturgie en 1934 pour le groupe progressiste New Theatre. Mais il part pour l'Espagne comme correspondant de guerre du côté républicain, et s'improvise cameraman (avec le photographe hongrois Geza Karpathi) pour tourner le matériel qui servira à la réalisation de Heart of Spain (1937), reportage sur la guerre civile et première production du collectif Frontier Films. Toujours en Espagne, il réalise (avec Cartier-Bresson) Return to Life (1938), document sur la rééducation des blessés de guerre. En Tchécoslovaquie, il réalise Crisis (1938), reportage sur la crise de Munich vue de Prague ; en Pologne, Lights out in Europe (1940), sur l'invasion nazie. Son film le plus fameux est le Village oublié (Forgotten Village, 1941 ; scénario de Steinbeck), remarquable documentaire sur un village mexicain. Après la guerre, il poursuit dans la même ligne de témoignage social avec My Father's House (1947), sur Israël, et The Kid From Cleveland (1949). Il a également collaboré aux scénarios de Youth Runs Wild de Mark Robson (1944) et de Prince of Pirates de Sidney Salkow (1953), et tourné The Challenge (1976), documentaire sur l'art moderne.

KLINE (Kevin)

acteur américain (St. Louis, Mo., 1947).

Il est apparu à l'écran, sans crier gare, dans un rôle d'intellectuel caractériel et suicidaire, donnant une brillante réplique à Meryl Streep, dans le Choix de Sophie (A. Pakula, 1982). Depuis, il n'a plus quitté la vedette. Sa prestance à la Errol Flynn (soulignée souvent par une fine moustache), son dynamisme inépuisable et une indéniable tendance au cabotinage flamboyant le rendent très sympathique. On peut trouver qu'il en fait un peu trop en macho caricatural dans Je t'aime à te tuer (L. Kasdan, 1990), surtout après une prestation sensiblement identique, mais plus drôle, dans Un poisson nommé Wanda (C. Crichton, 1988). Il peut jouer également en nuances, comme il l'a prouvé dans les Copains d'abord (Kasdan, 1983) ou dans le Cri de la liberté (R. Attenborough, 1987). Il était une des rares bonnes idées de distribution dans Chaplin (R. Attenborough, 1993), où il incarnait avec panache Douglas Fairbanks. Après la comédie à succès In and Out (id., Frank Oz, 1997), où il interprétait un universitaire secrètement homosexuel, et Ice Storm (id., Ang Lee, 1997), il paraît dans Wild Wild West (id., Barry Sonnenfeld, 1999) et dans The Anniversary Party (id., J. J. Leigh, 2001).

KLINGLER (Werner)

cinéaste allemand (Stuttgart 1903 - Berlin 1972).

Auteur de films ouvertement commerciaux, il connaît la gloire au temps du nazisme et remporte quelques succès avec, notamment, la Fille de la steppe (Die barmherzige Lüge, 1939) et Titanic (1943, œuvre de commande de Goebbels, commencée par Herbert Selpin). Après la guerre, il ne signe pratiquement plus que des films policiers et d'espionnage, de facture médiocre : Razzia (1947) ; l'Espion de la dernière chance (Spion für Deutschland, 1956) ; Filles interdites (Frauenartz Dr. Bertram, 1957) ; les Fiancées d'Hitler (Liebensborn, 1962) ; le Secret des valises noires (Das Geheimnis des schwarzen Koffer, 1963).

KLONARIS (Maria) et THOMADAKI (Katerina)

cinéastes et plasticiennes (Le Caire, 1950 et Athènes, 1949).

Elles se rencontrent à l'Université d'Athènes, où elles entament leur travail de création par des mises en scène théâtrales et des films Super 8. Elles s'installent à Paris en 1975, et développent une œuvre plastique et filmique essentiellement consacrée à la représentation du corps : féminin, androgyne, hermaphrodite, angélique, le corps y est déployé en une grande mythographie organisée en cycles, regroupant plus d'une soixantaine de films. Dès son premier volet intitulé Double Labyrinthe, leur Tétralogie corporelle (1975-79) inspire un vaste mouvement cinématographique qui domine la scène expérimentale des années 70 et 80 et que l'on appellera « l'École du corps ». Puis ce sera le Cycle de l'Unheimliche (1977-1982), la série Portraits (1979-1992), le Cycle des Hermaphrodites (1982-1990), le Rêve d'Électra (1983-1990) et le Cycle de l'Ange (1985-1998). Actrices, plasticiennes, théoriciennes, en 1985 elles fondent A.S.T.A.R.T.I., lieu de production et de réflexion sur les passages entre différentes disciplines, cinéma, photographie, son, arts du spectacle vivant puis images électroniques, numériques et virtuelles. Leur œuvre se caractérise par un sens de la perfection plastique que l'on ne peut manquer de renvoyer à des modèles hellénistiques, mais entièrement déplacés du côté du féminin. Leurs portraits masculins, tels Sandro Bellini (1982) ou les cinéastes décrits dans Portraits/Miroirs (1984), n'en apparaissent que plus subtils. On pourrait dire que, de la question de l'archétype aux possibilités graphiques de l'ordinateur en passant par la performance charnelle, rien de ce qui concerne l'image ne leur est étranger.

Autres films :

Enluminures (1987), Fictions (1992), Perséphone (1993).