Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ANDERSON (Lindsay) (suite)

Fils d'un officier de l'armée des Indes, il suit des études à Oxford, puis est mobilisé aux Indes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De retour à Oxford, il prend une part importante à la naissance de la revue Sequence (1946). Les autres rédacteurs en sont Gavin Lambert, Penelope Houston et Peter Ericson. Jusqu'en 1952 (dernier numéro dirigé par Anderson et Karel Reisz), la revue défendra les thèses d'un cinéma engagé, proche des réalités sociales, mais aussi art à part entière. Anderson y exprime son admiration pour des cinéastes comme Jean Vigo, John Ford, Humphrey Jennings. Il poursuit sa carrière journalistique par des critiques dans The Times et The Observer et des articles de fond dans Sight and Sound. En 1956, il y publie un article intitulé : « Stand up ! Stand up ! » dans lequel il attaque le cinéma conformiste de l'Establishment et plaide pour un cinéma libre (free cinema), personnel et critique. À la même époque, il programme au National Film Theatre (la Cinémathèque de Londres) des séances de jeunes réalisateurs originaux, britanniques ou étrangers, sous le titre Free Cinema.

Depuis 1948, il réalise lui-même des courts métrages ; d'abord en amateur (Meeting the Pioneers, 1948), puis pour des petites productions indépendantes, notamment : Wakefield Express (1953), O Dreamland (id.), Thursday's Children (1954, CO Guy Brenton), Foot and Mouth (1955), Green and Pleasant Land (id.), Every Day Except Christmas (1957). Il signe également des réalisations à la télévision (en particulier des épisodes de la série Robin des Bois en 1957) et met en scène au théâtre les pièces de l'avant-garde anglaise, dont John Osborne.

En 1963, il tourne son premier long métrage le Prix d'un homme (This Sporting Life), dans lequel Richard Harris incarne un mineur amoureux d'une femme (Rachel Roberts) et qui connaît une gloire éphémère en devenant champion de rugby. Après The White Bus (MM, 1967) et Raz Dwa Trzy (The Singing Lesson, id.), son film If... (1968), violente critique des « high schools » , remporte la palme d'or au festival de Cannes en 1969 et fait scandale en Angleterre ; l'Establishment, que Lindsay Anderson a déjà passablement égratigné dans ses articles, supporte mal de se voir bafoué par une révolte estudiantine. Il devra attendre cinq ans avant de tourner le Meilleur des mondes possibles (O Lucky Man, 1973), chronique voltairienne de l'ascension et de la chute d'un ambitieux dans le monde des affaires. Suivent, en 1975, In Celebration (avec Alan Bates), parlant à nouveau des mineurs, en 1982, Britannia Hospital, satire au vitriol de l'establishment et, en 1987, les Baleines du mois d'août (The Whales of August), adaptation d'une pièce de théâtre de David Berry dont l'intérêt principal réside dans un casting surprenant (Bette Davis, Lilian Gish, Vincent Price, Ann Sothern). Ses films illustrent bien les engagements politiques et esthétiques de Lindsay Anderson. L'action de ce polémiste, l'un des hommes les plus prestigieux du monde du spectacle britannique des années 60-70, ne saurait cependant être réduite à ses longs métrages.▲

ANDERSON (Maxwell)

scénariste et dramaturge américain ( Atlantic City, N. J., 1888 - Stamford, Conn., 1959).

Auteur d'une trentaine de pièces à succès et lauréat du Prix Pulitzer, la Grande Guerre lui fournit, en 1924, le thème de What Price Glory ? Cette comédie dramatique, célèbre pour la crudité de ses dialogues, connaît une vogue considérable et inspire jusqu'à la fin des années 30 une abondante série de films mettant en scène des couples d'amis aux tempéraments antagonistes et querelleurs (cf. Une fille dans chaque port [H. Hawks, 1928], et les tandems Victor McLaglen-Edmund Lowe, Clark Gable-Spencer Tracy et James Cagney-Pat O'Brien). Maxwell Anderson s'est fréquemment intéressé aux destins et tourments de certaines grandes figures féminines de l'Histoire, comme Marie Stuart, Élisabeth Ire, Anne Boleyn et Jeanne d'Arc. Scénariste ou coscénariste de À l'Ouest rien de nouveau (L. Milestone, 1930), Pluie (id., 1932), Death Takes a Holiday (M. Leisen, 1934), Jeanne d'Arc (V. Fleming, 1948) et le Faux Coupable (A. Hitchcock, 1957), une douzaine de ses pièces ont été portées à l'écran, dont : What Price Glory ? par Raoul Walsh (1926) et John Ford (1952) ; Saturday's Children, par Gregory La Cava (1929), William Mc Gann (Maybe It's Love, 1935) et Vincent Sherman (1940) ; Mary of Scotland, par John Ford (Marie Stuart, 1936) ; la Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre, par Michael Curtiz (1939) ; The Eve of St. Mark, par John M. Stahl (1944) ; Key Largo, par John Huston (1948) ; Mauvaise Graine, par Mervyn LeRoy (1956) et Anne of the Thousand Days, par Charles Jarrott (1969).

ANDERSON (Michael)

cinéaste britannique (Londres 1920).

Engagé aux studios d'Elstree en 1935 comme simple employé, il est successivement acteur, assistant (notamment d'Anthony Asquith et de Peter Ustinov), directeur de production (Ceux qui servent en mer, de Noël Coward et David Lean, 1942), puis coréalisateur avec Ustinov de Private Angelo (1949). Il s'impose ensuite, aussi bien en Grande-Bretagne qu'aux États-Unis, comme un cinéaste au style soigné et impersonnel. Son imposante filmographie révèle qu'il a abordé les genres les plus divers : les Briseurs de barrages (The Dam Busters, 1954), le Tour du monde en 80 jours (Around the World in 80 Days, 1956), 1984 (d'après G. Orwell, 1957), la Lame nue (The Naked Edge, 1961), le Secret du rapport Quiller (The Quiller Memorandum, 1966), les Souliers de saint Pierre (The Shoes of the Fisherman, 1968), Jeanne, papesse du Diable (Pope Joan, 1972), Orca (1977), La boutique de l'orfèvre (The Jeweller's Shop, 1989), Pinocchio et Gepetto (The New Adventure of Pinocchio, 2000).

ANDERSON (Paul Thomas)

cinéaste américain (Studio City, Ca. 1970).

Né dans le milieu du spectacle, Paul Thomas Anderson est entré tôt dans la carrière de cinéaste. Après un court métrage remarqué dans le film collectif Cigarettes and Coffee (id., 1993), c'est en 1996 qu'il réalise son premier long métrage, Sydney, qui sortira l'année suivante sous le titre Hard Eight. Mais ce sont surtout deux films extrêmement ambitieux et originaux, qu'il a écrits et produits, qui ont attiré l'attention sur lui. Boogie Nights (id., 1997) décrivait l'industrie du cinéma pornographique des années 70 avec une tendresse surprenante, à travers une multiplicité de personnages et d'intrigues sur une durée de presque trois heures. Cette structure kaléidoscopique est également celle de Magnolia (id., 1999), bouillonnant et virtuose, mais également d'une sensibilité frémissante, qui reçut l'Ours d'or à Berlin.