Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MAYO (Alfredo Fernández, dit Alfredo)

acteur espagnol (Barcelone, Catalogne, 1911 - Palma de Majorque 1985).

Vedette populaire du cinéma franquiste des années 40, il incarne des hommes galants et chastes et, surtout, les personnages héroïques et martiaux alors en vogue dans : Harka (Carlos Arévalo, 1941) ; Raza (J. L. Sáenz de Heredia, 1942) ; ¡ A mi la Legión ! (J. de Orduña, id.) ; El santuario no se rinde (Arturo Ruíz Castillo, 1949). Star déclinante pendant la décennie suivante, son nom et sa figure n'en restent pas moins empreints de riches connotations idéologiques et mythologiques lorsque Carlos Saura fait appel à lui (la Chasse, 1965 ; Peppermint frappé, 1967), exemple suivi par Luis G. Berlanga dans une de ses farces sur le crépuscule du franquisme, Patrimoine national (Patrimonio nacional, 1980). Gonzalo Herralde l'interroge longuement, dans une sorte de documentaire, à l'occasion d'un décodage du fameux film écrit par le Caudillo (Raza, el espíritu de Franco, 1977).

MAYO (Antoine Malliarakis, dit)

costumier et décorateur français d'origine grecque (Port-Saïd [Égypte] 1905 - Seine-Port [Seine-et-Marne] 1990).

Après des études d'architecture et de peinture, il débute au théâtre en 1941 puis au cinéma, et doit sa réputation à l'élégance et à la beauté de ses créations (costumes) pour Carné (les Enfants du paradis, les Portes de la nuit, Juliette ou la Clé des songes), Clair (la Beauté du diable), Becker (Casque d'or) et Astruc (le Rideau cramoisi).

MAYO (Archibald L., dit Archie)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1891 - Guadalajara, Mexique, 1968).

Acteur (1916), puis gagman et directeur de comédies, scénariste et réalisateur (1926), il travaillera surtout pour la Warner, puis pour la Fox (1940). Réalisateur impersonnel, il a « remplacé » deux fois Fritz Lang : au début du tournage de Confirm or Deny (1941), puis de la Péniche de l'amour (Moontide, 1942). Parmi ses succès, rappelons : Svengali (1931), avec John Barrymore ; la Forêt pétrifiée (The Petrified Forest, 1936) et la Légion noire (Black Legion, 1937), ces deux films avec Humphrey Bogart ; le charme désuet des Aventures de Marco Polo (Adventures of Marco Polo, 1938) ; la comédie musicale Orchestra Wives (1942) et l'un de ses tout derniers films qui fut aussi l'un des derniers « Marx Brothers », Une nuit à Casablanca (A Night in Casablanca, 1946).

MAYO (Virginia Jones, dite Virginia)

actrice américaine (Saint Louis, Mo., 1920).

Sa carrière repose sur sa beauté, mais aussi son aisance, manifeste dans les comédies musicales (les Cadets de West Point, R. Del Ruth, 1950, ou la Collégienne en folie [She's Working Her Way Through College], Bruce Humberstone, 1952). Malicieuse dans la comédie (la Vie secrète de Walter Mitty, N. Z. McLeod, 1947), elle a surtout fait éclater sa grâce dans des films d'action, Walsh utilisant son sentiment physique d'une situation (la Fille du désert, 1949 ; L'enfer est à lui, id. ; le Désert de la peur, 1951 ; Capitaine sans peur, id.), tandis que J. Tourneur était surtout attentif à son élégance : la Flèche et le Flambeau (1950) et l'Or et l'Amour (1956). Oubliant ses débuts avec Danny Kaye, elle incarne pendant dix ans ce qu'il y a de plus exaltant dans l'aventure, qu'il s'agisse des Îles (la Perle du Pacifique Sud [The Pearl of the South Pacific], A. Dwan, 1955) ou de l'Ouest (la Maîtresse de fer [The Iron Mistress], G. Douglas, 1952).

MAYSLES (Albert) et David

MAYSLES (Albert) [Brookline, Mass., 1926] et David [id. 1932 - New York, N. Y., 1987], cinéastes américains.

Tous les deux étudient la psychologie. Albert conçoit, en 1955, son premier documentaire : Psychiatry in Russia. Il forme, avec Richard Leacock, Robert Drew et Don Alan Pennebaker, le noyau de base de la Drew Associates, fondée en 1958 dans l'intention de promouvoir un cinéma direct proche du journalisme filmé. David est d'abord assistant de production avant de commencer à travailler avec Albert en 1957. C'est un expert du son. Albert quitte en 1962 la Drew Associates et fonde avec son frère la Maysles Films. Plutôt que de continuer dans le reportage, ils se spécialisent dans le portrait mis en images : Showman (sur le producteur Joseph Levine, 1963) ; Meet Marlon Brando (1965) ; With Love From Truman (1966). En 1969, le film que les frères Maysles consacrent au vendeur de bibles Paul Brennan (Salesman, CO Charlotte Zwerin) obtient un certain succès public. Bien que fidèles à l'éthique de la non-intervention du cinéaste au sein de l'univers qu'il filme — opposés donc à la caméra participatrice d'un Jean Rouch —, les auteurs établissent toutefois une forme de complicité avec leurs sujets. Cela apparaît nettement dans Gimme Shelter (CO Ch. Zwerin, 1970) — entreprise très différente du Monterey Pop, 1968, de Leacock et Pennebaker, où Albert est cameraman —, essai centré sur le déroulement tragique d'un concert des Rolling Stones. Dans Grey Gardens (CO Ellen Hovde et Muffie Meyer, 1975), ils s'intéressent à la vie quotidienne d'Edith Bouvier Beale et de sa fille, de proches parentes de Jacqueline Kennedy. Les frères Maysles passent des mois avec les deux femmes et captent les manifestations de leur intimité. Ils qualifient alors leur pratique de cinéma non fictionnel plutôt que d'œuvre documentaire. Ils réalisent en 1977 Running Fence.

MAYUZUMI (Toshiro)

compositeur japonais (Yokohama 1929 - 1997).

Études à l'École de musique de Tokyo, où il est l'élève, entre autres, de Akira Ifukube, puis au Conservatoire national de Paris. Devenu un des pionniers de la musique contemporaine japonaise, avec Toru Takemitsu, il écrit très tôt des partitions pour le cinéma, qui renouvellent le genre de la musique de films par leur modernité, leurs accents étranges et pénétrants. Ses principales collaborations musicales depuis 1950 sont : ‘ Retour au pays natal ’ (H. Oba, 1951) ; ‘ le Retour de Carmen ’ (K. Kinoshita, id.) ; ‘ Shiosai ’ (Taniguchi, 1954) ; la Rue de la honte (K. Mizoguchi, 1956) ; ‘ Désir inassouvi ’ (S. Imamura, 1958) ; ‘ le Brasier ’ (K. Ichikawa, id.) ; ‘ Bonjour ’ (Y. Ozu, 1959) ; ‘ Cochons et cuirassés ’ / Filles et gangsters (Imamura, 1961) ; ‘ l'Automne de la famille Kohayagawa ’ (Ozu, 1961) ; Histoire cruelle du Bushido (T. Imai, 1963) ; la Femme-insecte (Imamura, id.) ; Désir de meurtre en rouge (id., 1964) ; Tokyo Olympiades (Ichikawa, 1965) ; ‘ le Pornographe ’ (Imamura, id.) ; ‘ Soif d'amour ’ (Ai no kawaki, Kurahara, 1967) ; ‘ les Profonds Désirs des dieux ’ (Imamura, 1968) ;  ’Chimimoryo ’ (Nakahira, 1971) ; ainsi que plusieurs autres films dont deux de John Huston : la Bible (1966) et Reflets dans un œil d'or (1967).