Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DÉLAVÉ.

Couleur délavée, couleur peu saturée. (Voir SATURATION.) [ COULEUR.]

DEL COLLE (Ubaldo Maria)

cinéaste et acteur italien (Rome 1883 - id. 1955).

Doté d'un visage aux traits incisifs et d'une présence physique d'homme de grande stature, Del Colle fait ses débuts au théâtre en 1903. Après quelques incursions dans le cinéma, il se consacre complètement à celui-ci à partir de 1909. Dès l'année suivante, il passe à la réalisation tout en poursuivant sa carrière de comédien : il tourne ainsi de nombreux films pour diverses compagnies de production à Turin et à Rome, sans compter une expérience génoise à la tête de sa propre société. Au début des années 20, il s'installe à Naples et réalise dans la cité parténopéenne ses œuvres les plus significatives, des films mélodramatiques dans lesquels il interprète lui-même des figures d'hommes impulsifs aux prises avec des situations tourmentées et de terribles conflits sentimentaux. Parmi ses œuvres les plus réussies, on peut retenir Lucia Luci (1922), Carnevale tragico (1924), Te lasso (1925), Napule ca se ne va (1926). Plus que par leur intrigue, ces films valent par leur contenu naturaliste : Del Colle donne à voir une ville saisie dans sa dimension de misère, de passion et de drame.

DE LAURENTIIS (Dino)

producteur italien (Torre Annunziata 1919).

Après des études comme acteur au Centro sperimentale de Rome, il interprète des petits rôles dans Battement de cœur (M. Camerini, 1938) et dans Troppo tardi t'ho conosciuta (E. Caracciolo, 1939). En 1940, il devient inspecteur de production. Il fonde à Turin, l'année suivante, sa compagnie de production, la Real Cine, pour laquelle il produit l'Amore canta (F. M. Poggioli, 1941) et Margherita fra i tre (Ivo Perilli, 1942). Devenu producteur exécutif pour la Lux Film, il produit deux grands spectacles, Malombra (M. Soldati, id.) et Zazà (R. Castellani, id.), et après la guerre quelques titres célèbres du néoréalisme comme le Bandit (A. Lattuada, 1946) et Riz amer (G. De Santis, 1949), où il lance Silvana Mangano, qu'il épouse la même année. En 1948, il restructure les studios de la Farnesina et fonde avec Carlo Ponti la compagnie Ponti-De Laurentiis, qui produit surtout des films spectaculaires et d'aventures (Mara, fille sauvage, Camerini et Steno, 1950 ; les Trois Corsaires, Soldati, 1952 ; Panique à Gibraltar [I sette dell'Orsa Maggiore], Duilio Coletti, 1953 ; Ulysse, Camerini, 1954 ; Guerre et Paix, K. Vidor, 1956), mais aussi des films d'auteur ambitieux comme Europe 51 (R. Rossellini, 1952), Traite des blanches (L. Comencini, id.), la Louve de Calabre (A. Lattuada, 1953), la Strada (F. Fellini, 1954). Ponti et De Laurentiis ont produit ensemble le premier film italien en couleurs, Totò a colori (Steno, 1952) ; ils se sont ensuite consacrés aux coproductions internationales (Mambo, R. Rossen, 1954). En 1959, il fonde sa propre compagnie, la Dino De Laurentiis Cinematografica, pour laquelle il construit les studios de Dinocittà, près de Rome. Il produit une série de films spectaculaires pour le grand public international, comme Barabbas (R. Fleischer, 1962) ; la Bible (J. Huston, 1966) ; Roméo et Juliette (F. Zeffirelli, 1968) ; Waterloo (S. Bondartchouk, 1970), en même temps que des comédies populaires comme la Grande Guerre (M. Monicelli, 1959), Une vie difficile (D. Risi, 1961), les Sorcières (L. Visconti, M. Bolognini, P. P. Pasolini, F. Rossi, V. De Sica, 1967), Danger Diabolik (M. Bava, 1968), l'Argent de la vieille (L. Comencini, 1972). Après la faillite de Dinocittà et suite à la crise de l'industrie italienne, il part en 1974 pour Hollywood, où il produit des films à grand succès : Serpico (S. Lumet, 1973) ; Un justicier dans la ville (M. Winner, 1974) ; Mandingo (Fleischer, 1975) ; les Trois Jours du Condor (S. Pollack, id.) ; le Dernier des géants (D. Siegel, 1976) ; King Kong (J. Guillermin, id.) ; l'Œuf du Serpent (I. Bergman, 1977) ; Hurricane (J. Troell, 1979) ; Flash Gordon (M. Hodges, 1980) ; Ragtime (M. Forman, 1981). Malgré certains succès, son entreprise américaine fait faillite en 1987 et il doit interrompre pendant quelque temps ses activités.

DEL DUCA (Cino)

éditeur et producteur d'origine italienne, établi en France (Montedinove 1899 - Paris 1967).

Il débute en 1916 dans la diffusion du feuilleton populaire au porte à porte. En 1932, il fonde sa première maison d'édition, qui lancera les illustrés pour enfants Hurrah ! et l'Aventureux, puis, après-guerre, de nombreux périodiques de la presse du cœur (Nous deux, Intimité), etc., et enfin Paris Jour et Télé-Poche. Il ajoute une corde à son arc en produisant des films : Touchez pas au grisbi (Jacques Becker, 1954), l'Air de Paris (M. Carné, id.), le Village magique (J. P. Le Chanois, 1955), Futures Vedettes (M. Allégret, id.), Marguerite de la nuit (C. Autant-Lara, 1956). « J'ai investi plus d'un milliard dans l'industrie cinématographique », déclarait-il en 1954 au Film français. Son épouse Simone lui a succédé à la tête de son « empire ».

DELERUE (Georges)

musicien français (Roubaix 1925 - Los Angeles, Ca., 1992).

Élève de Darius Milhaud et Henri Busser, il se fait connaître par d'excellentes musiques de scène, surtout pour le TNP, en même temps qu'il écrit dès 1950 de nombreuses musiques de courts métrages, en particulier pour Pierre Kast, Serge Bourguignon et Agnès Varda (il en a signé plus de 130). Il débute dans le long métrage avec le Bel Âge (Kast, 1960), écrit en collaboration avec Alain Goraguer et que suivent la valse entendue sur le juke-box de Hiroshima mon amour (A. Resnais, 1959) ainsi qu'une partition malicieuse pour les Jeux de l'amour (Ph. de Broca, 1960). L'année suivante, c'est grâce à sa musique poignante et tendre pour Tirez sur le pianiste de Truffaut que ce dernier lui demandera sept autres films. Et, en plus, il lui confiera un petit rôle dans les Deux Anglaises et le continent (1971). Son extraordinaire fécondité (plus de 120 longs métrages en un peu plus de 20 ans) témoigne d'une invention sans cesse renouvelée, et aucune de ses partitions n'est jamais indifférente. Il y fait preuve d'une grande richesse mélodique et se montre aussi à l'aise dans les pastiches dix-huitiémistes de la Morte-Saison des amours (Kast, 1960) et les musiques médiévales, réinventées pour Promenade avec l'amour et la mort (J. Huston, 1969), que dans les tangos du Conformiste (B. Bertolucci, 1971), les accords majestueux du Jour du dauphin (M. Nichols, 1973) ou l'élégance austère du Jeu du solitaire (J. F. Adam, 1976). Ken Russell, pour qui il a écrit plusieurs partitions, a brossé de lui un portrait télévisé en 1966 : Don't Shoot the Composer.