Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
P

PLUS X.

Nom de marque d'une pellicule négative noir et blanc, de rapidité moyenne, de la firme Kodak.

P.M.

Abrév. de plan moyen.

PODESTÀ (Carla, dite Rossana)

actrice italienne (Tripoli, Libye, 1934).

Elle débute encore étudiante dans Demain est un autre jour (L. Moguy, 1951). Promise apparemment aux rôles d'ingénue, elle est promue à la célébrité internationale pour un rôle aussi érotique que l'époque le permettait dans un film mexicain : le Filet (E. Fernández, 1953). Son mariage avec l'acteur-producteur Marco Vicario, devenu ensuite réalisateur, consacre sa carrière. Celle-ci paraît s'ouvrir sur Hollywood quand l'actrice tient le rôle principal d'Hélène de Troie (R. Wise, 1956), qui mettait en valeur sa grande beauté. Elle s'est bientôt retrouvée confinée, et c'est dommage, dans des rôles d'aventurière sophistiquée, non dénuée de charme, mais au-dessous de ses possibilités réelles. Quelques films : Gendarmes et Voleurs (Steno et Monicelli, 1951) ; les Jeunes Filles de San Frediano (Le ragazze di San Frediano, V. Zurlini, 1954) ; Ulysse (M. Camerini, id.) ; Orage au paradis (Raw Wind in Eden, R. Wilson, 1958) ; l'Île du bout du monde (E. T. Greville, 1959) ; Sodome et Gomorrhe (R. Aldrich et S. Leone, 1962) ; Sept Hommes en or (M. Vicario, 1965) ; Un prêtre à marier (id., 1971) ; L'ucello migratore (Steno, 1972).

POELZIG (Hans)

architecte et décorateur allemand (Berlin 1869 - id. 1936).

Initiateur du style expressionniste dans ses architectures monumentales, il collabore au théâtre avec Max Reinhardt et conçoit pour le cinéma les décors du Golem (P. Wegener et C. Boese, 1920) dont les formes torses, imitant un gothique biscornu ou des cavernes viscérales, sont sculptées par sa femme Marlene, qui exécuta les maquettes dans la glaise. Par la suite, il ébauche quelques dessins pour la Chronique de Grieshuus (A. von Gerlach, 1925). Architecte reconnu dans toute l'Europe, il a construit quelques unes des plus belles salles de cinéma de son époque : le Capitol de Berlin (1925), le Deli Kino de Breslau (1927), le Babylon de Berlin (1929).

POGAČI´C (Vladimir)

cinéaste yougoslave (Karlovac 1919 - 1999).

Après la Seconde Guerre mondiale, il travaille à Radio-Zagreb et fonde dans cette ville le Théâtre des Étudiants. Passé à la mise en scène de cinéma dès 1949 (‘ Histoire de la fabrique ’ [Priča o fabrici]), il est pendant une quinzaine d'années une des personnalités les plus remarquées d'une cinématographie renaissante hantée par les traumatismes de la guerre : ‘ le Dernier Jour ’ (Poslednji dan, 1951) ; ‘ Équinoxe ’ (Nevjera, 1953) ; ‘ Légendes sur Anika ’ (Anikina vremena, 1954) ; Nikola Tesla (DOC, 1955) ; ‘ les Petits et les Grands ’ (Veliki i mali, id.) ; ‘ Samedi soir ’ (Subotom uveče, 1957) ; ‘ Seul ’ (Sam, 1959) ; ‘ Ciel sans amour ’ (Karolina Riječka, 1961) ; ‘ l'Homme du labo-photo ’ (Čovek sa fotografie, 1963).

POGANY (Gabor)

chef opérateur italien d'origine austro-hongroise (Budapest 1915).

Après des études d'architecture à Budapest, il obtient un diplôme de peinture à la Holborn Art School de Londres en 1934. Il débute à la London Film comme assistant du décorateur Vincent Korda. Il travaille ensuite comme assistant du chef opérateur Harold Rosson pour The Scarlet Pimpernel (Harold Young, 1934), de Georges Périnal pour la Vie future (W. C. Menzies, 1936) et pour Rembrandt (A. Korda, id.). En 1937, il va s'établir en Italie, où en 1941 il débute comme chef opérateur de Confessione (Flavio Calzavara). Son goût plastique se confirme dans les autres films qu'il photographie pour F. Calzavara (La contessa Castiglione, 1942 ; Carmela, id. ; Calafuria, 1943 ; Resurrezione, id.), et pour des réalisateurs comme Gaetano Amata (Paura d'amare, 1942), Alfredo Guarini (Documento Z-3, id.), Luigi Zampa (L'abito nero da sposa, 1945, photo en collaboration avec A. Tonti). Après la guerre, il dirige la photo de plus de 80 films, en collaborant avec les cinéastes les plus différents et en changeant de style selon les nécessités. Parmi ses meilleurs films : Fuga nella tempesta (Ignazio Ferronetti, 1946) ; Addio, mia bella Napoli ! (M. Bonnard, id.) ; Assunta Spina (M. Mattoli, 1949 [ 1947]) ; l'Homme aux gants gris (C. Mastrocinque, id.) ; Femmes sans nom (G. Radvanyi, id.) ; La fiamma che non si spegne (V. Cottafavi, id.) ; Duello senza onore (Mastrocinque, 1950) ; La strada finisce sul fiume (Luigi Capuano, id.) ; le Christ interdit (Curzio Malaparte, 1951) ; Heureuse Époque (A. Blasetti, 1952) ; la Maison du silence (G. W. Pabst, 1953) ; Spartacus (R. Freda, id.) ; Una di quelle (A. Fabrizi, id.) ; Nous les femmes (épisode de L. Visconti, id.) ; Quelques Pas dans la vie (Blasetti, 1954) ; Jeanne au bûcher (R. Rossellini, id., tourné en Gevacolor) ; Camilla (L. Emmer, 1955) ; Amis pour la vie (F. Rossi, id.) ; le Château des amants maudits (Freda, 1956) ; Camping (F. Zeffirelli, 1958) ; Kanonen-Serenade (W. Staudte, id.) ; Poveri milionari (D. Risi, 1959) ; Nuits d'Europe (Blasetti, id., pour lequel il obtient le prix Nastro d'Argento pour la meilleure photo en couleurs) ; les Adolescentes (A. Lattuada, 1960) ; la Ciociara (V. De Sica, id.) ; le Jugement dernier (id., 1961) ; La monaca di Monza (C. Gallone, 1962) ; Quand l'heure de la vengeance sonnera (Freda, 1967) ; Valdez (Edwin Sherin, 1971) ; Barbe-Bleue (E. Dmytryk, 1972) ; D'amore si muore (Carlo Carunchio, 1973) ; Labbra di lurido blù (Giulio Petroni, 1975) ; Kleinhoff Hotel (C. Lizzani, 1977).

POGGIOLI (Ferdinando Maria)

cinéaste et monteur italien (Bologne 1897 - Rome 1945).

Après des études commerciales et une jeunesse difficile, Poggioli entre à la Cines en 1930. Il exerce d'abord le métier de script et d'assistant réalisateur. Il tourne également quelques courts métrages. Après avoir été directeur de doublages, il devient monteur en 1934 avec La signora di tutti de Max Ophuls et travaille sur plusieurs films jusqu'en 1938. En 1936, il réalise un premier long métrage, Arma bianca, à la demande du producteur Baldassarre Negroni ; toutefois, ce n'est qu'en 1939 qu'il passe définitivement à la mise en scène. Il connaît alors une carrière fulgurante (11 films en 5 ans), carrière interrompue d'abord par la guerre en 1943 puis par la mort en 1945 (asphyxie par le gaz). Cinéaste méconnu, Poggioli écrit au début des années 40 une belle page de l'histoire du cinéma italien ; il appartient à un courant qui dans une période troublée annonce le néoréalisme. Ses films, toujours inspirés de romans ou de pièces de théâtre, témoignent d'une vision aiguë de la société et analysent des climats de passions brûlantes dans un style tour à tour dépouillé ou luxuriant, un peu dans la ligne du calligraphisme à la Soldati, Castellani ou Lattuada. Parmi ses œuvres les plus marquantes, on peut citer Adieu jeunesse (Addio giovinezza !, 1940), Sissignora (1942), La bisbetica domata (id.), Son enfant (La morte civile, id.), Gelosia (1943), l'Homme à femmes (Sorelle Materassi, 1944), Il cappello da prete (id.). Dans des films où domine la tonalité mélodramatique, Poggioli utilise souvent la recréation du passé pour mettre en scène des situations que la censure fasciste n'aurait pas tolérées si elles étaient contemporaines. Sissignora toutefois, drame d'une modeste servante amoureuse du neveu de ses maîtres, pose sur l'Italie du début de la guerre un regard d'une singulière pénétration.