Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ALLGEIER (Sepp)

chef opérateur allemand (Fribourg-en-Brisgau 1895 - Ebnet 1968).

Tôt spécialisé (son nom apparaît au générique d'un film sur le ski dès 1913), il travaille sous la direction d'Arnold Fanck à partir de 1920 (Das Wunder des Schneeschuhs). Il fait partie de la fameuse école Fanck, avec notamment Angst, Benitz et Schneeberger, et collabore à onze films du pionnier du film de montagne, dont la Montagne sacrée (1926), Tempête sur le Mont-Blanc (1930) et Un Robinson (1940). Il travaille également avec Luis Trenker dans les années 30. Sous les nazis, il est fréquemment sollicité pour des films de guerre se déroulant dans un cadre montagneux, et il participe à plusieurs œuvres de propagande. Il est célèbre pour sa collaboration au Triomphe de la volonté (L. Riefenstahl, 1935), où il dirige dix-huit opérateurs et vingt assistants. Après la guerre, il se consacre au documentaire et à la télévision, ne collaborant qu'à un film de fiction : Grenzstation 58 (Harry Hasso, 1951).

ALLGOOD (Sara)

actrice britannique (Dublin, Irlande, 1883 - Los Angeles, Ca., 1950).

À la scène, Sara Allgood créa le très grand rôle de Junon et le paon de Sean O'Casey, entourée de la troupe du prestigieux Abbey Theatre irlandais qu'elle avait intégré en 1904. Elle reprit son rôle dans la version cinématographique, Juno and the Peacock, curieusement confiée à Hitchcock (1930). C'est sous la direction de celui-ci qu'elle avait débuté à l'écran l'année précédente, dans le rôle de la mère de l'héroïne criminelle de Chantage (un film australien dans lequel elle joua en 1918, Just Peggy, reste très obscur). Elle gagna les États-Unis au début de la Seconde Guerre mondiale et s'y affirma une admirable actrice de composition. Son grand rôle fut celui de la mère inépuisable et courageuse de Qu'elle était verte ma vallée (1941, J. Ford). Mais on ne saurait oublier la gardienne de prison peu commode du très drôle Roxie Hart (1942, W. Wellman), la logeuse bienveillante mais soupçonneuse de Jack l'éventreur (1944, J. Brahm), la gouvernante amidonnée de la Folle Ingénue (1946, E. Lubitsch) et de nombreuses figures de domestique stylée mais maternelle qu'elle a estampillées de sa silhouette rebondie qui est devenue si familière.

ALLIBERT (Jean-Louis)

acteur français (Paris 1897 - id. 1980).

Dès 1922, il joue à l'Atelier. L'année suivante, il apparaît sur les écrans : Paris (R. Hervil, 1924), le Juif errant (Luitz-Morat, 1926). Il silhouette avec esprit le copain envieux du Million (R. Clair, 1931) et devient l'Aramis des Trois Mousquetaires (H. Diamant-Berger, 1932). Guitry l'emploie à diverses reprises, ainsi que Lacombe dans Jeunesse (1934), et Renoir l'enrôle dans la Marseillaise (1938). Comédien d'une finesse extrême et d'une grande discrétion, il poursuit sa carrière jusqu'en 1977, où on l'aperçoit dans le Passé simple de Michel Drach.

ALLIO (René)

cinéaste français (Marseille 1924 - Paris 1995).

Peintre de formation, puis décorateur de théâtre, il est associé comme scénographe au travail de Roger Planchon au Théâtre de la Cité à Villeurbanne à partir de 1957. Il aborde le cinéma en 1959 avec un film d'animation qu'il dessine pour la représentation scénique des Âmes mortes de Gogol, puis réalise un court métrage en 1963.

La pratique d'Allio est fondée sur un rare respect du cinéma, qui l'amène à sans cesse théoriser sa propre démarche. Ses trois premiers films procèdent d'une réflexion sur le réalisme à partir des thèses de Bertolt Brecht (dont il adapte la nouvelle la Vieille Dame indigne). Après 1968, il tente d'intégrer l'histoire à une approche de plus en plus politique du réel, au nom de la reconquête de la mémoire populaire et d'un retour à la région opposé au centralisme de l'État. Moi, Pierre Rivière..., en 1976, participe encore de cette démarche et y ajoute la volonté de recruter sur place les figurants et les acteurs principaux de la chronique, par souci d'authenticité et pour briser les codes du spectacle. Malheureusement, le traitement cinématographique n'est pas toujours au niveau des ambitions affichées ; les films d'Allio souffrent d'une sécheresse qui trahit la difficulté du passage de l'interrogation sur le langage à un langage différent.

Après 1976, René Allio prend l'initiative de décentraliser son activité dans la région marseillaise, où il fonde un atelier de production. Le film Retour à Marseille (1980) illustre ce repli sur la province qui est aussi redécouverte d'un cinéma populaire, simplement narratif et fondé sur le métier de comédiens professionnels.

Films  :

la Meule (CM, 1963) ; la Vieille Dame indigne (1965) ; l'Une et l'Autre (1967) ; Pierre et Paul (1969) ; les Camisards (1972) ; Rude Journée pour la reine (1973) ; Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... (1976) ; Retour à Marseille (1980) ; l'Heure exquise (MM, 1981) ; le Matelot 512 (1985) ; Portrait de Jean Vilar (TV, 1987) ; Un médecin des lumières (TV, 1988) ; Transit (1991) ; Marseille, ou la vieille ville indigne (1994).

ALLOUACHE (Merzaq)

cinéaste algérien (Alger [auj. al-Djaza'ir] 1944).

Diplômé de l'IDHEC en 1967, stagiaire à l'ORTF, chargé ensuite d'une campagne de ciné-bus au moment de la révolution agraire (1971-72). Il tourne Omar Gatlato (id., 1976), scènes quotidiennes d'un jeune Algérien comme les autres, puis les Aventures d'un héros (id., 1978), sur un mode ludique. Mais l'Homme qui regardait les fenêtres (al-Rajul al-ladhi yanzuru ila al-nafidha, 1982) est le portrait presque strindbergien d'un bibliothécaire devenu fou. En 1988, il réalise Un amour à Paris et, après les émeutes qui ont lieu en Algérie cette même année, tourne en vidéo un film au titre évocateur, l'Après-octobre (1989). En 1994, il signe Bab el Oued City qui évoque avec brio la situation troublée de l'Algérie au début des années 90 et en 1996 Salut cousin. En 1998, il tourne Alger-Beyrouth, pour mémoire, histoire d'une Française qui, de retour à Beyrouth qu'elle avait quittée en 1975 au début de la guerre civile, rencontre Rachid, un journaliste algérien. Merzaq Allouache est aussi réalisateur de documentaires dont : l'Après Octobre (Doc, 1988) ; la Voix du ramadan (Doc, 1991) ; Jours tranquilles en Kabylie (1994).