Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

V.O. (1).

Abrév. de version originale.

V.O. (2).

Abrév. de voice over, angl. pour voix off.

VOIGHT (Jon)

acteur américain (Yonkers, N. Y., 1938).

Après avoir appris son métier à la télévision et sur scène, et après quelques apparitions cinématographiques peu marquantes, il attire l'attention dans Macadam Cow-Boy (J. Schlesinger, 1969) par sa création de gigolo du pavé. Depuis, Jon Voight est resté très sélectif, et ses rôles se maintiennent dans une exigence sévère. S'il eut beaucoup de succès en boxeur fini dans le Champion (F. Zeffirelli, 1979), on se souviendra du paraplégique du Retour (H. Ashby, 1975), de l'Américain moyen de Délivrance (J. Boorman, 1972) et, surtout, de l'enseignant lucide et fraternel (affronté au monde paysan pauvre) de Conrack (M. Ritt, 1974). Après un long tunnel professionnel, il revient comme un magnifique acteur de composition (Heat, Michael Mann, 1995 ; Mission : Impossible, B. De Palma, 1996), aussi remarquable en vieil Indien aveugle et parcheminé (U-Turn, O. Stone, 1997) ou en requin du barreau (l'Idéaliste, F.F. Coppola, id.).

Autres films :

Catch 22 (M. Nichols, 1970) ; le Dossier Odessa (R. Neame, 1974) ; End of the Game (M. Schell, 1976) ; le Champion (F. Zeffirelli, 1979) ; Lookin' to Get Out (H. Ashby, 1980) ; Desert Bloom (Eugene Corr, 1985) ; Runaway Train (A. Konchalovsky, id.).

VOILE.

Légère densité parasite de l'image, apparaissant lors du développement : sur le négatif, les noirs du sujet ne sont pas traduits parfaitement par du blanc ; sur la copie positive, ils ne sont donc pas traduits parfaitement par du noir. ( COUCHE SENSIBLE, LATENSIFICATION.)

VOILER.

Exposer accidentellement une couche sensible à la lumière. Par extension, exposer délibérément un film à la lumière, pour obtenir après développement un film uniformément noir, utilisé par ex. pour confectionner les amorces.

VOLET (1).

Accessoire orientable, en forme de plaque plane métallique, placé sur un projecteur de prise de vues pour occulter une partie du faisceau lumineux. ( ÉCLAIRAGE.)

VOLET (2).

Truquage de laboratoire, où une image se substitue progressivement à une autre suivant une ligne de séparation mobile. ( SYNTAXE, EFFETS SPÉCIAUX.)

VOLKOV (Aleksandr [en France, Alexandre Volkoff, en Allemagne, Wolkoff])

cinéaste d'origine russe (Moscou 1878 [?] - Rome, Italie, 1942).

Baryton à l'Opéra de Moscou, il abandonne le chant à la suite d'un accident vocal et passe au cinéma, en 1910, comme acteur dans des films de Protazanov (dont il est également le scénariste pour le Père Serge, 1917) et dans le Portrait de Dorian Gray, de Meyerhold (1915). Directeur des studios Theimann à Tiflis (Géorgie) de 1912 à 1915, il devient réalisateur en 1916 et tourne pour le producteur Ermoliev une dizaine de films, dont les Coulisses de l'écran (Kulisy ekrana, 1916) avec Ivan Mosjoukine, qui sera sa vedette tout au long de sa carrière, et le Chant de la liberté (Pesni o svobode, 1917) avec Nicolas Rimsky. En 1917-18, il dirige la production Ermoliev-Khanjonkov à Yalta, puis s'établit en France, en 1920, avec toute la troupe Ermoliev (Mosjoukine, Nathalie Lissenko, Vera Orlova, Nicolas Koline, et Rimsky). Ce groupe fonde, en 1922, la société Albatros (dirigée par Alexandre Kamenka), pour laquelle Volkov réalise un serial en dix épisodes, la Maison du mystère (1922), supervise le Brasier ardent de Mosjoukine (1923), puis signe Kean / Désordre et Génie (1924), son chef-d'œuvre, les Ombres qui passent (id.) et le flamboyant Casanova (1927). En Allemagne, il dirige Sheherazade (1928) et le Diable blanc (Der weisse Teufel, 1930) puis, à nouveau en France, la Mille et Deuxième Nuit (1932) et l'Enfant du carnaval (1934). On le voit, en 1936, dans les studios allemands pour une nouvelle version de Stenka Razine (Wolga-Wolga) et, en 1941, en Italie, pour son dernier film Amore imperiale.

VOLONTÉ (Gian Maria)

acteur italien (Milan 1933 - Florina, Grèce, 1994).

Il débute très jeune au théâtre et s'affirme dans de nombreuses pièces classiques et modernes. En 1957, il obtient le diplôme de l'Académie d'art dramatique. En 1963, les frères Taviani lui donnent un rôle dans Un homme à brûler, celui d'un syndicaliste sicilien qui mène une révolte des paysans contre la mafia ; il y exprime fougueusement ses contradictions politiques et psychologiques. Malgré l'insuccès du film, son interprétation est très louée. L'année suivante, Gianfranco De Bosio le met en valeur dans le Terroriste, où il joue le personnage d'un ingénieur qui participe activement à la lutte contre le fascisme ; c'est encore un personnage déchiré auquel Volonté donne une grande force de conviction. Sous le pseudonyme de John Wells, il joue le rôle du méchant dans le western de Sergio Leone, Pour une poignée de dollars (id.) : son côté d'histrion bouffon émerge et lui donne enfin le succès populaire, accru par la suite du film... Et pour quelques dollars de plus (1965). Damiano Damiani dans El Chuncho (1967) souligne les effets grotesques et délirants de son personnage westernien. Parallèlement, sa renommée d'acteur intellectuel se confirme avec À chacun son dû (E. Pietri, 1967), qui lui vaut le prix Nastro d'Argento — film où il représente l'intellectuel coupé du monde tentant vainement de s'opposer à la corruption. La pudeur et la réserve de son jeu, dans ce film, sont aux antipodes du déchaînement fébrile affectant le policier de Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) ou l'ouvrier aliéné de La classe ouvrière va au paradis (1971), où Petri extériorise les aspects pathologiques des personnages. C'est surtout Francesco Rosi qui exploite toutes les qualités de l'acteur et le pousse dans des directions différentes. Dans les Hommes contre (1970), il joue le rôle du soldat qui a le courage de s'opposer à ses supérieurs ; dans l'Affaire Mattei (1972), il est l'industriel obstiné qui mène un combat solitaire pour développer les sources d'énergie de son pays ; dans Lucky Luciano (1973), chef mafioso, il tire les ficelles d'un empire criminel ; et dans Eboli (1979), il est l'écrivain Carlo Levi relégué dans un petit village du Sud pendant le fascisme. Ces transformations montrent une maturité croissante et un extraordinaire pouvoir d'adhérer aux moindres détails de la conduite ou de l'expression de chaque personnage. Dans Todo modo (1976), Petri exploite son talent pour lui faire interpréter une espèce de sosie pervers d'Aldo Moro. En 1980, il collabore au scénario de Stark System — il joue aussi le personnage d'un acteur en perdition dans cette satire féroce de la dégénérescence du cinéma italien.