Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WANAMAKER (Sam)

acteur et cinéaste américain (Chicago, Ill., 1919 - Londres, GB, 1993).

Sec, le visage et les muscles tendus par les nerfs, Sam Wanamaker suggère à merveille une violence contrôlée avec effort. Après avoir débuté au théâtre à 17 ans, il interrompt sa carrière pour se battre en Europe dans les rangs de l'armée américaine. À son retour, il débute au cinéma en 1948, et ses sympathies le portent vers les sujets militants et les gens de gauche. Il tourne le rôle principal du film engagé de E. Dmytryck Donnez-nous aujourd'hui (1949), réalisé en Angleterre. Mis sur la liste noire, il reste dans ce pays, où il poursuit une excellente carrière, surtout théâtrale, comme acteur et metteur en scène. Ses capacités sont très bien utilisées par J. Losey dans les Criminels (1960), mais certaines de ses interprétations (Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, K. Annakin, 1965 ; le Jour où les poissons..., M. Cacoyannis, 1967) ne sont guère intéressantes. Il revient aux États- Unis, de manière sporadique, à partir de 1967. Il tient le plus souvent de petits emplois, même s'il s'acquitte avec brio des rôles de cadre pressé qu'on lui assigne souvent (Baby Boom, Charles Schyer, 1987). En 1991, il revit des événements marquants de son passé en incarnant l'un des tourmenteurs de Robert De Niro, réalisateur de gauche, dans la Liste noire (Irving Winkler). Il est également réalisateur de films sans ambition mais agréablement simplistes comme Sinbad et l'œil du tigre (1977).

WANG (Wayne)

cinéaste américain d'origine chinoise (Hongkong 1949).

Il représente l'émergence d'une thématique asiatique à l'intérieur du cinéma américain. Après des études à Hongkong, il revient aux États-Unis, où il a passé son enfance, et s'impose par des films modestes, drôles et justes, qui racontent l'environnement qui est le sien. Son premier film, Chan Is Missing (1981), jette un regard inattendu sur le Chinatown de San Francisco. Son deuxième film, Dim Sun (id., 1985), remporte un succès inespéré qui le mène à tenter de prendre sa place dans le « système ». Hélas, Slamdance (id., 1987) le fait retomber dans l'anonymat. Il a alors l'intelligence de revenir à ce qu'il connaît le mieux avec Eat a Bowl of Tea (1989) et le Club de la chance (The Joy Luck Club, 1993), réussites mineures mais personnelles. Son dernier film, auquel l'écrivain Paul Auster collabore de près Smoke (1995), est cependant une nouvelle tentative vers le grand film de prestige (avec William Hurt et Harvey Keitel), couronnée par un Ours d'argent au Festival de Berlin et complétée par Brooklyn Boogie. Il présente en 2001 le Centre du monde (The Center of the World).

WANG PING (Wang Guangzhen, dite)

cinéaste et actrice chinoise (Nankin, province du Jiangsu, 1916-1990).

Alors enseignante, elle devient actrice en 1935, ce qui aboutit à ce qu'elle soit répudiée par son père et interdite d'enseignement. Travaillant en cachette à Shanghai pour le parti communiste, elle est récompensée de son engagement après 1949, en devenant l'une des premières femmes cinéastes de Chine. Débutant en 1952 pour le Studio de l'armée (Studio Premier-Août), trois films la font connaître du grand public : C'est arrivé à Liubao (Liubao de gushi, 1957), les Ondes impérissables (Yong bu xiaoshi de dianbo, 1958), et la Bataille de Shanghai (Zhan Shanghai, 1959). Elle fait ainsi la démonstration de son aptitude à traiter les sujets les plus divers, bien que tous puisés dans la vie contemporaine : la vie des paysans, la lutte et l'amour d'un couple dans la guerre clandestine urbaine, la prise de la grande ville méridionale, qui met en mouvement d'importantes masses d'hommes. En 1962, elle revient à la chronique campagnarde avec le Village de l'acacia (Huaishu zhuang, 1962), qui obtient le prix des Cent Fleurs, avant d'aborder de nouveaux thèmes citadins qui lui permettent de s'attacher à camper des hommes et des femmes de la société nouvelle. Wang Ping a aussi mis en scène deux comédies musicales à la gloire de la révolution communiste : L'Est est rouge (1965) et Chanson de la révolution chinoise (CO. Huang Baoshan, 1985).

WANG TUNG

[Wang Zhonghe], cinéaste chinois (Taihe, province du Anhui, 1942).

D'une famille d'artistes et de lettrés, il émigre à Taïwan en 1949. Diplômé des Beaux-Arts en 1964, il travaille comme assistant décorateur de cinéma pour le Studio Central. Il ne vient à la réalisation que beaucoup plus tard, avec Si c'était vrai (Jiaru who shi zhende, 1980), d'après une pièce de théâtre qui avait fait sensation à Shanghai. Ensuite, il réalise Portrait d'un fanatique (1982), Flower in a Rainy Night (1983), Run Away (1984). Puis il entreprend sa grande trilogie sur l'histoire tourmentée de Taïwan au XXe siècle : l'Épouvantail (Dao cao ren, 1987), le Paradis des bananes (Xiangjiao tiantang, 1989), la Montagne sans retour (Wu yan de shan qiu, 1992). Cette trilogie, belle reconstitution historique d'une facture très classique, remporte un franc succès. Le public taïwanais apprécie Wang Tung pour l'humanisme qui transcende son œuvre et pour la rigueur du travail de recherche qu'il a entrepris afin que soit préservée la mémoire d'un passé trop vite oublié.

WANG WEIYI

cinéaste chinois (province du Jiangsu, 1912).

Étudiant aux Beaux-Arts à Shanghai, il se lie avec Zhao Dan et Xu Tao, et étudie la composition musicale avec Nie Er. L'invasion japonaise le jette sur les routes, où il mène une vie errante avec les troupes de théâtre patriotiques et progressistes qui parcourent la zone libre alors que le manque de pellicule empêche de réaliser des films. La paix revenue, il réalise en 1948, avec Xu Tao, ‘ Impossible d'enfermer la lumière du printemps ’ (Guanbuzhu de chunguang), puis ‘ les Larmes de la rivière des perles ’ (Zhujiang lei, 1949). Parmi ses œuvres postérieures, on retiendra surtout ‘ la Marée des mers du Sud ’ (Nan hai chao, 1962, CO Cai Chusheng pour le scénario et la mise en scène) et ‘ la Maison des soixante-douze locataires ’ (Qishier jia fangke, 1963). Il continue de tourner, parfois en coproduction avec Hong kong, où il participe à la fondation de la compagnie Hongtu. Un aviateur américain (Yige Meiguo feixingyuan, CO Wang Yi) date de 1980.