Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
O

ORLOVA (Lioubov) [Ljubov‘ Petrovna Orlova]

actrice soviétique (Svenigorod 1902 - Moscou 1975).

Elle étudie la musique et la chorégraphie, puis devient actrice au théâtre musical Nemirovitch-Dantchenko (1926-1933). Elle débute au cinéma dans la Nuit de Saint-Pétersbourg (G. Rochal, 1934), mais c'est sous la direction de son mari, Grigori Aleksandrov, qu'elle s'impose par le dynamisme de son jeu et ses talents de chanteuse dans une série de comédies musicales : les Joyeux Garçons (1934), le Cirque (1936), Volga-Volga (1938), la Voie lumineuse (1940), le Printemps (1947) ; elle paraît également dans Rencontre sur l'Elbe (1949) et Glinka (1952), du même réalisateur. Après 1955, elle se consacre à la scène au théâtre Mossoviet de Moscou.

ORMOND (Julia)

actrice britannique (Epson, Surrey, 1965).

Jolie brune sans apprêt, elle était soumise à rude épreuve dans son premier film, The Baby of Macon (P. Greenaway, 1993). Dès 1995, elle se retrouvait dans deux grands succès américains du cinéma romanesque. Dans Légende d'automne (Legends of the Fall, Edward Zwick, 1994) elle formait avec Brad Pitt un couple qui fit rêver. Mais elle déployait plus de finesse face à Harrison Ford dans Sabrina (S. Pollack, 1995) où elle avait la rude tâche de succéder à Audrey Hepburn : elle s'en acquittait avec grâce et sans impertinence. Le cinéma romanesque semble être vraiment son lieu de prédilection, comme le confirme Le Barbier de Sibérie (1998, N. Mikhalkov) où elle est piquante en aventurière égarée dans la Russie tsariste.

ORRY-KELLY (John Kelley, dit)

costumier américain d'origine australienne (Kiama, Nouvelle-Galles du Sud, 1897 - Los Angeles, Ca., 1964).

Arrivé à New York avec l'idée d'être acteur, Orry-Kelly devient en fait dessinateur. À Hollywood, dès 1932, il commence à travailler pour la Warner Bros. Il reste fidèle à cette compagnie jusqu'en 1943. Il y habille les grandes stars, poursuivant une collaboration particulièrement fructueuse avec Bette Davis. Il visait l'élégance sans perdre de vue le réel. Rien chez lui de la magie aérienne d'un Adrian ou d'un Banton. Son sens pratique lui permet de bien s'adapter au style apparemment fort dissemblable de plusieurs réalisateurs, tels Vincente Minnelli (Un Américain à Paris, 1951) ou Billy Wilder (Certains l'aiment chaud, 1959 ; Irma la douce, 1963).

ORSINI (Valentino)

cinéaste italien (Pise 1926).

Critique cinématographique, il travaille également en collaboration avec les frères Paolo et Vittorio Taviani, dirige de nombreux documentaires et courts métrages industriels. En 1963, toujours avec les Taviani, il signe son premier long métrage : Un homme à brûler (Un uomo da bruciare), portrait complexe d'un syndicaliste dans une région sous-développée de l'Italie du Sud. La même année, les trois réalisateurs dirigent les Hors-la-loi du mariage (I fuorilegge del matrimonio), une comédie à épisodes sur les absurdités sociales dues à l'absence du divorce légal. Orsini dirige seul ensuite : I dannati della terra (1970), Corbari (id.), L'amante dell'Orsa Maggiore (1972), Uomini e no (1979). Ses idéaux politiques et ses évocations des thèmes de la Résistance sont exprimés sans dialectique ni grande originalité.

ORTHOCHROMATIQUE (« qui traduit correctement les couleurs ») [vieilli].

Qualifiait les pellicules noir et blanc sensibilisées au vert. ( COUCHE SENSIBLE, ÉCLAIRAGE, MAQUILLAGE, RAPIDITÉ.)

OS.

Abrév. anglaise de off screen.

OSBORNE (John)

scénariste et écrivain britannique (Londres 1929 - 1994).

Né dans un milieu modeste, il étonne par la nouveauté du réalisme de son écriture dans ses premières pièces de théâtre. Figure essentielle des « Jeunes Gens en colère » du théâtre anglais, il vient au cinéma en adaptant son grand succès les Corps sauvages (1959), porté à l'écran par Tony Richardson. C'est encore Richardson qui signe la version cinématographique du Cabotin (1960), où Laurence Olivier était remarquable, et qui fit écrire à Osborne, directement pour le cinéma, l'adaptation de Tom Jones (1963). Le talent d'Osborne s'est rapidement éventé dans ses tentatives pour l'écran : il s'est vite contenté, à vrai dire, de donner l'autorisation de filmer certaines de ses pièces (Luther, Guy Green, 1973).

OSCAR.

Nom usuel de la statuette offerte chaque année depuis 1927, à Hollywood, aux vainqueurs parmi les artistes et techniciens du film « nominés » par les membres de l'Academy of Motion Picture Arts and Science. Cette figurine en bronze, plaquée or, fut dessinée par le décorateur Cedric Gibbons et exécutée par le sculpteur George Stanley. Jusqu'en 1931, la statuette n'avait aucun nom spécifique — on la désignait sous le simple terme d'Academy Award — mais, à cette date, selon une légende hollywoodienne tenace, elle aurait pris le nom d'Oscar à la suite de la réflexion d'une secrétaire (Margaret Herrick) qui, la regardant, s'exclama soudain : « Mais elle ressemble à mon oncle Oscar [Pierce] ! »

L'attribution des Oscars (au nombre de 23 mais auxquels peuvent s'ajouter certains Oscars exceptionnels) est faite par les membres — 2 000 environ — de l'Academy, recrutés — par cooptation — dans toutes les branches de l'industrie cinématographique. À la suite d'une succession de sélections, cinq noms sont proposés pour le vote final. Les Oscars les plus populaires récompensent le meilleur film de l'année (et le meilleur film étranger), le meilleur acteur et la meilleure actrice (premiers rôles et seconds rôles [best supporting actor/actress]), le meilleur metteur en scène, le meilleur scénariste, le meilleur directeur de la photographie, le meilleur compositeur, etc.

Palmarès : page 832.

OSCARITO (Oscar Lorenzo Jacinto de la Inmaculada Concepción Teresa Dias, dit)

acteur brésilien d'origine espagnole (Málaga 1906 - Rio de Janeiro 1970).

La principale vedette de la chanchada a acquis sa verve comique au cirque et sur les planches. Noites Cariocas (Enrique Cadicamo, 1935) est le premier titre d'une filmographie qui en compte 45, mais c'est Alô, Alô Carnaval ! (A. Gonzaga, 1936), où il côtoie Carmen Miranda, qui préfigure le genre dans lequel il excelle. Tristezas não Pagam Dividas (José Carlos Burle et Ruy Costa, 1944) et surtout Não Adianta Chorar (W. Macedo, 1945) signalent le début de sa collaboration avec le Noir Grande Otelo. Le duo recueille une adhésion du public inégalée avant l'avènement de la télévision, au bénéfice de la compagnie Atlântida, qui les tient sous contrat. La mimique volontiers excessive de cet histrion, son goût pour la démesure font bon ménage avec une invention et un sens de la psychologie populaire qui ne sont pas sans rappeler Totò, par la richesse de ses connotations culturelles. Parmi de multiples prestations mémorables, on peut citer l'intellectuel cultivé de Carnaval Atlantida (J. C. Burle, 1952) et ses parodies : Rita Hayworth dans Este Mundo é um Pandeiro (Macedo, 1946) ; Roméo dans Carnaval no Fogo (id., 1949), avec Grande Otelo dans le rôle de Juliette, bien évidemment ; le Gary Cooper de High Noon dans Matar ou Correr (C. Manga, 1954) ; les personnages de Cecil B. De Mille dans Nem Sansão nem Dalila (id., 1954), où ne manquent pas les allusions à Getúlio Vargas.