Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DANS LA BOÎTE.

« C'est dans la boîte », expression fam. pour indiquer l'achèvement du tournage d'un plan. ( TOURNAGE.)

DANTE (Joe)

cinéaste américain (Morristown, N. J., 1948).

Passionné par le fantastique, l'humour et la bande dessinée, il anime pendant des années la revue Film Bulletin, avant d'être engagé à la New World de Roger Corman, où il commence par s'occuper de bandes-annonces et de montage. Après cette solide expérience sur le terrain, il obtient en 1977 le feu vert de Corman pour réaliser une délirante parodie des productions New World, Hollywood Boulevard (CO Allan Arkush). Il tourne en 1978 un pastiche des Dents de la mer, Piranhas, dont le succès lui permet de réaliser Hurlements (The Howling, 1981). Il devient alors l'homme de confiance de Steven Spielberg, qui lui confie la réalisation d'un épisode de la Quatrième Dimension (Twilight Zone-The Movie, 1983), puis Gremlins (1984). Devenu l'une des valeurs les plus sûres du nouveau cinéma américain, il réalise toujours dans son domaine de prédilection, le fantastique, Explorers (1985), l'Aventure intérieure (Innerspace, 1987), Gremlins 2 : la Nouvelle génération (Gremlins 2 : the New Batch, 1990), Panique sur Florina Beach (Matinee, 1993). Après un téléfilm de politique fiction au comique grinçant et efficace (The Second Civil War, 1998), Dante a combiné son inspiration de Greemlins avec une réjouissante charge anti-militariste dans Small Soldiers (id., 1999).

DAQUIN (Louis)

cinéaste français (Calais 1908 - Paris 1980).

D'abord assistant réalisateur (de Pierre Chenal, Fedor Ozep, Jean Grémillon), il réalise son premier film, Nous les gosses, en 1941, peu après avoir adhéré au parti communiste français. Suivront, sous l'Occupation, Madame et le mort (1943) et le Voyageur de la Toussaint (id.), deux bons films policiers, et Premier de cordée (1944) d'après Frison-Roche, où sont habilement intégrés l'idéologie pétainiste et un certain esprit de résistance. Élu secrétaire général du Comité de libération du cinéma, il réalise Patrie (1946), d'après la pièce de Victorien Sardou, puis les Frères Bouquinquant (1947), un honnête mélodrame populiste, puis, en collaboration avec Vladimir Pozner, son meilleur film, sur la condition des mineurs : le Point du jour (1949). Après une période de flottement, dont il faut sauver Bel Ami (1955), intelligente adaptation de l'œuvre de Maupassant, qui eut à souffrir des ciseaux de la censure, Daquin réussit à tourner, en Roumanie, un film d'une belle tenue épique, les Chardons du Baragan (1956), d'après le roman de Panait Istrati. En 1959, il adaptera, de manière plus conventionnelle, la Rabouilleuse de Balzac, sous le titre les Arrivistes. Il terminera sa carrière, dans les années 60, comme directeur de production (notamment de René Clément pour Paris brûle-t-il ? en 1966) et directeur d'études à l'IDHEC. Il a publié deux livres : le Cinéma notre métier (1960) et On ne tait pas ses silences (1980). Son style filmique s'inscrit dans le droit fil du réalisme socialiste façon Jdanov, dont il fut en France, au moins pour le cinéma, l'un des rares — et peu appréciés — importateurs.

DARC (Mireille Aigroz, dite Mireille)

actrice française (Toulon 1938).

Après des débuts à la télévision, elle est révélée par Georges Lautner, dont elle devient l'une des interprètes favorites : les Barbouzes (1965) ; Galia (1966) ; la Grande Sauterelle (1967) ; Il était une fois un flic (1972) ; la Valise (1973) ; les Seins de glace (1974) ; Mort d'un pourri (1977). Peu à peu prisonnière d'une série de films comiques (Fantasia chez les ploucs, G. Pirès, 1971 ; le Grand Blond avec une chaussure noire, Y. Robert, 1972 ; le Téléphone rose, É. Molinaro, 1975), elle incarne parfois des rôles plus dramatiques, notamment dans Jeff (J. Herman, 1969). Une exception à cette carrière destinée sans efforts au grand public : une apparition dans Week-End (J.-L. Godard, 1967). En 1988 elle passe à la mise en scène (la Barbare).

DARCEY (Janine Cazaubon, dite Janine)

actrice française (Bois-Colombes 1918 - Verville 1993).

Elle est, à la fin des années 30, l'une des ingénues types du cinéma français. Son succès mérité dans Entrée des artistes (M. Allégret, 1938), où son personnage mêle l'énergie à la tendresse, l'oblige à accepter des rôles de plus en plus mièvres : Entente cordiale (M. L'Herbier, 1939), Sixième Étage (M. Cloche, id.), la Nuit merveilleuse (Jean-Paul Paulin, 1940), les Petits Riens (Raymond Leboursier, 1941), le Carrefour des enfants perdus (L. Joannon, 1944). Après la guerre, ses apparitions s'espacent. Elle a été l'épouse de Gérard Landry, puis de Serge Reggiani.

D'ARCY (Roy Francis Giusti, dit Roy)

acteur américain (San Francisco, Ca., 1894 - Redlands, id., 1969).

Mince, calamistré, la moustache charbonneuse et cirée, l'œil de braise, Roy D'Arcy est une véritable caricature du méchant séducteur. Erich von Stroheim le fixa ainsi, une fois pour toutes, dans la Veuve joyeuse (1925), où il était le débauché prince Mirko. Il promena sa silhouette de cliché dans des films souvent remarquables, comme la Bohème (K. Vidor, 1926). Mais le parlant le fit vite paraître ridicule, même dans des comédies fantaisistes comme Carioca (Thornton Freeland, 1933). Il se retira en 1939.

DARDENNE (Jean-Pierre et Luc)

cinéastes belges (Angis, 1951, et Awirs, 1954).

Jean-Pierre Dardenne a d'abord travaillé au théâtre à Louvain, où il a rencontré Armand Gatti.

Associé à son frère Luc, il crée une société de production en 1975, et ils participent à la production et au tournage de Nous étions tous des noms d'arbre d'Armand Gatti. Après quelques années dans le documentaire et la vidéo, ils réalisent ensemble Falsch, un film qui affronte le thème difficile de l'Holocauste et dont la source théâtrale du film reste pesante malgré la prestation de l'acteur Bruno Cremer. Ils doivent attendre 1992 pour réaliser un autre film : tourné dans la Wallonie industrielle en crise, Je pense à vous est un grave échec commercial. C'est pourtant dans le même cadre, et avec un pareil engagement dans les problèmes sociaux, qu'ils réalisent la Promesse (1996), qui convaincra et le public et la critique tous séduits par la complexité psychologique des personnages et la signification humaine du film. Rosetta (1999), consacré par le Festival de Cannes, approfondit cette approche tant dans la thématique que dans la manière dont la caméra s'attache au personnage principal.