Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SMOKTOUNOVSKI (Innokenti) [Innokentij Mihajlovič Smoktunovskij]

acteur soviétique (Tatianovka, Sibérie, 1925 - Moscou 1994).

Études dramatiques au théâtre Pouchkine de Krasnoïarsk (1945-46), prestations à Stalingrad, Moscou puis au théâtre Gorki de Leningrad (1957). Il débute au cinéma dans ‘ Meurtre dans la rue Dante ’ (M. Romm, 1956), puis apparaît notamment dans ‘ les Soldats ’ (Soldaty, Aleksandr Ivanov, id.) et la Lettre inachevée (M. Kalatozov, 1960). Il s'impose à l'attention internationale dès 1962 dans le rôle du physicien Koulikov de Neuf Jours d'une année de Romm : sa personnalité nonchalante et énigmatique, son jeu très moderne par sa dédramatisation font immédiatement de lui une figure originale qui épanouit son talent dans le rôle de Mozart du film ‘ Mozart et Salieri ’ (Vladimir Gorikker, id.) et surtout dans celui d'Hamlet du film homonyme de Kozintsev (1964), pour lequel il reçoit un prix Lénine. Simultanément, il incarne Lénine dans ‘ Sur une même planète ’ (Na odnoj planete, L. Olchavanger, 1966) et dans ‘ le Premier Visiteur ’ (Pervyj posetitel, L. Kvinikhidze, id.). Il est dès lors voué aux personnages célèbres (Tchaïkovski, 1970, et Roosevelt [‘ le Choix d'un but ’ (Vybor celi), 1975], deux films d'Igor Talankine). Parmi ses autres prestations, il convient de citer le Detochkine d'Attention automobile (E. Riazanov, 1966), le Porfiri Petrovitch de Crime et Châtiment (L. Koulidjanov, 1969), le Voïnitski d'Oncle Vania (A. Mikhalkov-Kontchalovski, 1971), le clairon de la Romance des amoureux (id., 1974), le chirurgien d'Ils ont combattu pour la patrie (S. Bondartchouk, 1975), le Charles V de la Légende de Till l'Espiègle (A. Alov et V. Naoumov, 1976), le Moïsseï Moïssevitch de la Steppe (Bondartchouk, 1977), l'Anatoli Manev de la Barrière (1979), film bulgare de Hristo Hristov, le gouverneur des Yeux noirs (N. Mikhalkov, 1987). Ses prestations sont moins remarquées dans ses films postérieurs : Zone interdite (N. Goubenko, 1988), Corridor noir (V. Derbenev, id.), Au petit matin (R. Nakhapetov, id.), Fête blanche (V. Naoumov), son dernier film.

SNOW (Michael)

cinéaste expérimental canadien (Toronto, Ontario, 1929).

Musicien de jazz dès le lycée, il étudie peinture et sculpture à l'Ontario College of Art de Toronto (1948-1952). Après un voyage en Europe, il travaille pour la compagnie d'animation de George Dunning. D'où, l'année de sa première exposition personnelle (1956), un premier film, A to Z. Ensuite, à New York (de 1964 à 1971) ou à Toronto, il réalise, parallèlement à une œuvre de peintre, de sculpteur, de musicien et de photographe de première importance, quelques-uns des films qui vont marquer le grand tournant minimaliste du cinéma expérimental international. Wavelength, qui triomphe au festival de Knokke, est un zoom avant de 45 minutes. Comme dans Standard Time ou (Back and Forth), aucun des micro-événements qui interviennent dans le champ ou hors cadre, aucun des changements de couleurs ne peuvent freiner la progression du mouvement d'appareil qui est l'objet véritable du film. Cette souveraineté de la caméra culmine dans la Région centrale, longue exploration d'un espace désertique du Québec par une caméra fixée sur un bras mobile programmé à l'ordinateur. Le film devient à la fois célébration cosmique et métaphore de la conscience contemplative. Le propos des films suivants (Rameau's Nephew..., Presents), moins évident, est tout aussi lié, parfois avec humour, à l'étude des données immédiates du cinéma.

Films  :

A to Z (1956), New York Eye and Ear Control (1964), Short Shave (1965), Wavelength (1966-67), Standard Time (1967), (Back and Forth) [1968-69], One Second in Montreal (1969), Dripping Water (CO Joyce Wieland, id.), Side Seat Painting Slide Sound Film (1970), la Région centrale (1970-71), Breakfast (Table Top Dolly, 1972-1976), Rameau's Nephew by Diderot (Thanx to Dennis Young) by Wilma Schoen (1972-1974), Two Sides to Every Story (1974), Presents (1980), So Is This (1982), Sealed Figures (1989), See You Later/Au revoir (1990), 1791 – To Lavoisier, Who Died in the Reign of Terror (1992), So Is This (1992), Prelude (2000).

SOBOCIŃSKI (Witold)

chef opérateur polonais (Zorków 1929).

De 1956 à 1967, il est opérateur d'actualités et travaille essentiellement à la télévision. Depuis 1968, il signe la photographie de nombreux films et fait preuve d'un talent d'une rare souplesse selon les thèmes des œuvres qui lui sont confiées. Baroque et lyrique de nature, il peut se plier au réalisme le plus naturaliste et adoucir sa palette dans certaines œuvres plus romanesques. Parmi ses réussites, il faut citer : Tout est à vendre (A. Wajda, 1969), la Vie de famille (K. Zanussi, 1971), les Noces (Wajda, 1973), la Clepsydre (W. Has, id.), la Terre de la Grande Promesse (Wajda, 1975), la Ligne d'ombre (id., 1976), la Mort du Président (J. Kawalerowicz, 1977), les Chemins dans la nuit (Zanussi, 1979), les Pirates (R. Polanski, 1985), Frantic (id., 1987), le Fils de Bronstein (J. Kawalerowicz, 1990). Son fils Piotr Sobociński (Varsovie 1958 - Vancouver, Canada, 2001), après avoir été le chef-opérateur de plusieurs films de Tadeusz Konwicki, Filip Bajon et Marta Mészáros, travaille ensuite étroitement avec Krzysztof Kieśłowski (Trois couleurs : Rouge). Il exerce son talent aux États-Unis à partir de 1995 pour des films de Jerry Zacks, Ron Howard et Robert Benton. Il meurt d'une crise cardiaque au cours du tournage d'Angel Eyes de Luis Mandoki.

SÖDERBAUM (Kristina)

actrice allemande d'origine suédoise (Djursholm 1912 - Hitzacker 2001).

Venue en Allemagne tenter sa chance d'actrice, elle obtient un petit rôle dans Onkel Bräsig (E. Waschneck, 1936). Sa blondeur, son visage rondelet et avenant séduisent Veit Harlan qui l'épouse et lui offre le rôle principal de la plupart de ses films : Jeunesse (1938), Cœur immortel (1939), le Juif Süss (1940), le Grand Roi (1942), la Ville dorée (id., où l'Agfacolor la rend presque rousse et lui apporte la coupe Volpi décernée lors du festival de Venise), le Lac aux chimères (1943), Offrande au bien-aimé (1944), Kolberg (1945). Le couple, après une explicable éclipse à la fin de la guerre, reprend le chemin des studios dès 1951 (Hanna Amon, 1951 ; Unsterbliche Geliebte, id. ; Die blaue Stunde, 1953 ; le Tigre de Colombo [en deux parties], 1953-54 ; Ich werde dich auf Händen tragen, 1958).