Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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CUMMINGS (Irving)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1888 - Los Angeles, Ca., 1959).

Acteur depuis 1909 puis cinéaste en 1925, Irving Cummings fut l'homme à tout faire de la Fox. Sans histoires, il dirigea toutes les stars du studio : Shirley Temple (Boucles d'or [Curly Top], 1935) ; Alice Faye (Lillian Russell, 1940) ; Gene Tierney (la Reine des rebelles [Belle Starr], 1941) ou Betty Grable (les Dolly Sisters [The Dolly Sisters], 1945). Son style, inexistant, se confond avec celui du studio, pour le meilleur et pour le pire.

CUMMINGS (Clarence Robert Orville Cummings, dit Robert)

acteur américain (Joplin, Mo., 1908 - Woodland Hills, Ca., 1990).

Débutant à la Paramount en 1935, il apparaît, durant quatre ans, dans des films d'aventures (Âmes à la mer, H. Hathaway, 1937), ou des comédies policières (Casier judiciaire, F. Lang, 1938). Partenaire de Deanna Durbin chez Universal, il incarne l'innocence et la gentillesse avec fadeur dans Le diable s'en mêle (The Devil and Miss Jones, S. Wood, 1941), jusque chez Hitchcock, et malgré lui : Cinquième Colonne (1942). Quelques rôles dramatiques lui ont donné plus d'étoffe : Crime sans châtiment (Wood, 1942) ; le Livre noir (A. Mann, 1949) ; Le crime était presque parfait (Hitchcock, 1954). Puis il se partage entre la comédie (Ma geisha, J. Cardiff, 1962), le drame (les Ambitieux, E. Dmytryk, 1964) et la télévision.

CUMMINS (Peggy)

actrice britannique (Prestatyn, pays de Galles, 1925).

Ses débuts précoces à Hollywood dans les années 40 font d'elle une blonde « femme enfant » : The Late George Apley (J. L. Mankiewicz, 1947) ; la Rose du crime (G. Ratoff, id.). Vedette exceptionnellement inspirée du meilleur film de Joseph H. Lewis, le Démon des armes (1950), elle ne pourra conserver cette fascination dans les films britanniques qui suivront, même lorsqu'elle y tient des rôles intéressants : Train d'enfer (Hell Drivers, Cyril Endfield, 1957) ; la Nuit du démon (J. Tourneur, id.). Elle quitte l'écran au début des années 60.

CUNY (Alain)

acteur français (Saint-Malo 1908 - Paris 1994).

Élève des Beaux-Arts de Paris, puis de Charles Dullin, créateur de décors et de costumes pour Cavalcanti, Feyder et Renoir, il débute au théâtre durant la guerre et devient l'acteur claudélien par excellence, du fait de son jeu très dramatique et de sa diction extrêmement recherchée. Après de modestes débuts au cinéma (Remorques, 1941 ; 1939), il obtient de Carné l'un des rôles principaux des Visiteurs du soir (1942) et y fait une création attachante mais discutable qui ne parvient pas à le lancer. Il est redécouvert dix ans plus tard par Malaparte (le Christ interdit, 1950) et fait dès lors carrière en Italie avec les meilleurs réalisateurs : Antonioni (la Dame sans camélias, 1953) ; Fellini (La dolce vita, 1960 — son rôle le plus émouvant ; Satyricon, 1969) ; Ferreri (l'Audience, 1971 ; Touche pas à la femme blanche, 1974). Rosi lui offre son rôle le plus fameux, celui du général des Hommes contre (1970), figure odieuse et fascinante du militaire professionnel sourd à toute autre chose qu'à l'appel du devoir. On l'a vu aussi dans les Amants (L. Malle, 1958), le Maître et Marguerite (A. Petrović, 1972), la Rose rouge (F. Giraldi, 1973), Emmanuelle (Just Jaeckin, 1974), Irene, Irene (Peter del Monte, 1975), Cadavres exquis (F. Rosi, id.), la Chanson de Roland (Frank Cassenti, 1978), Eboli (Rosi, 1979), Chronique d'une mort annoncée (id., 1986), les Chevaliers de La Table Ronde (Denis Llorca, 1990). En 1993, quelques mois avant sa mort, il met en scène l'Annonce faite à Marie, son premier et unique long-métrage.

CURTIS (Jamie Lee)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1958).

On sait que c'est la fille de Tony Curtis et de Janet Leigh. Son physique remarquable mais inhabituel (corps musclé, presque viril, cheveux souvent à la garçonne) la prédisposait assez peu à jouer les demoiselles en détresse chez John Carpenter (la Nuit des masques, 1978 ; Fog, id., 1980) ; elle s'en acquitta cependant fort bien et y prouva, outre une poigne peu commune, un tempérament d'actrice indéniable. Depuis, invariablement, ses prestations sont excellentes, aussi bien dans le registre de la sensibilité (la prostituée de Un fauteuil pour deux, J. Landis, 1983) que dans celui de la sensualité (sa parodie dans Un poisson nommé Wanda, C. Crichton, 1989, est dévastatrice). Mais c'est dans les rôles musclés qu'elle est irremplaçable : sa création de femme-flic dans le méconnu Blue Steel (id., K. Bigelow, 1990) est à marquer d'une pierre blanche dans l'évolution du film criminel. Excellente également son interprétation d'épouse ennuyeuse et ennuyée qui se transforme en une étourdissante Mata-Hari dans le Caméléon (True Lies, J. Cameron, 1994).

CURTIS (Bernard Schwartz, dit Tony)

acteur américain (New York, N. Y., 1925).

Né dans l'un des secteurs les plus pauvres du Bronx, il a déjà le goût du théâtre dans son enfance vagabonde, mais ne s'initie à l'art dramatique qu'après la Seconde Guerre mondiale. Il a déjà tenu de petits rôles à Broadway quand il est engagé par Universal en 1949 (sa figuration dans Gilda relève de la légende). À la surprise générale, le jeune premier de films d'aventures exotiques, dont la renommée semble uniquement bâtie sur un charme physique indéniable et sur la publicité (le Voleur de Tanger, R. Maté, 1951 ; le Fils d'Ali-Baba, K. Neumann, 1952), se révèle doué d'humour et de finesse (Houdini, G. Marshall, 1953) et donne de l'étoffe à ses rôles les plus bondissants (la Patrouille infernale, S. Heisler, 1954 ; le Cavalier au masque, The Purple Mask, B. Humberstone, 1955). À la fin des années 50, il s'impose avec deux personnages d'arrivistes, l'un rusé et odieux (le Grand Chantage, A. Mackendrick, 1957), l'autre cynique mais sympathique (l'Extravagant M. Cory, B. Edwards, id.). En 1958, il remporte un succès avec la Chaîne de Stanley Kramer. Talent versatile au service d'une personnalité complexe, à l'exubérance maîtrisée, il se garde de renoncer aux emplois en costumes qui n'ont pas été pour rien dans sa célébrité, mais il les nuance d'une émotion qui croît avec leur sérieux : on comparera à cet égard sa prestation deSpartacus (S. Kubrick, 1960) avec celle des Vikings (R. Fleischer, 1958). Il vient tard à la comédie pure et y remporte des succès mérités chez Blake Edwards (Vacances à Paris, 1959) et chez Billy Wilder (Certains l'aiment chaud, id.). Il compose un tueur névropathe remarquable dans l'Étrangleur de Boston (Fleischer, 1968) et un gangster peut-être schizophrène (Lepke, Menahem Golan, 1975) avant de s'éloigner discrètement des caméras. Signalons pourtant ses apparitions dans le Dernier Nabab (E. Kazan, 1976) et Le miroir se brisa (G. Hamilton, 1980). En 1985, il interprète le rôle d'un sénateur patriote dans Une nuit de réflexion (N. Roeg), qui n'est pas sans évoquer son rôle du Grand Chantage et retrouve un rôle de tout premier plan dans Welcome to Germany (Thomas Brasch, 1988). En 1993, il est au générique de Naked in New York, de Daniel Algrant. Il a longtemps formé à la ville et à l'écran un couple fameux (1951-1962) avec Janet Leigh.