Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BODANZKY (Jorge)

cinéaste et chef opérateur brésilien (São Paulo 1942).

D'abord photographe et réalisateur de courts métrages documentaires, il passe au long métrage avec Os Caminhos de Valderez (CO Hermano Penna, 1971). Ses principaux films, Iracema et Gitirana, tournés en 1974 et 1975, en collaboration avec le scénariste et cinéaste Orlando Senna, restent longtemps interdits. Le constat documentaire s'y trouve structuré de manière expressive et la fiction y favorise l'improvisation des acteurs. En revanche, Os Mucker (1978), coréalisé par Wolf Gauer, fiction classique évoquant une secte religieuse du XIXe siècle, est nettement moins convaincant, de même que Jari (1980), reportage sur l'Amazonie livrée aux multinationales. Terceiro Milênio (1981), long parcours de cette même région en compagnie d'un sénateur de l'opposition, est plus réussi. Il signe aussi Amazônia, o último Eldorado (1982) et Igreja dos Oprimidos (1986). Sa fille Laís Bodanzky débute dans la mise en scène avec Bicho de sete cabeças (2000).

BODARD (Mag)

productrice française (Turin, Italie, 1916).

Elle fonde Parc Film en 1961 et « règne » sur le cinéma français de la décennie en produisant Jacques Demy (les Parapluies de Cherbourg, 1964 ; les Demoiselles de Rochefort, 1967 ; Peau d'Âne, 1970), Michel Deville (Benjamin, 1968 ; Bye bye Barbara, 1969 ; l'Ours et la Poupée, 1970 ; Raphaël ou le Débauché, 1971), Robert Bresson (Au hasard Balthazar, 1966 ; Mouchette, 1967 ; Une femme douce, 1969), Agnès Varda (le Bonheur, 1965 ; les Créatures, 1966), Alain Resnais (Je t'aime, je t'aime, 1968), Jean-Luc Godard (Deux ou trois choses que je sais d'elle, 1967 ; la Chinoise, id.), André Delvaux (Un soir, un train, 1968 ; Rendez-vous à Bray, 1971), Maurice Pialat (l'Enfance nue, 1969). Par la suite, elle crée Cinémag en 1975 et se tourne vers la télévision où son activité est aussi prestigieuse avec notamment Nina Companeez (Un ours pas comme les autres, 1977 ; les Dames de la côte, 1980 ; le Chef de famille, 1981 ; Deux amies d'enfance, 1983).

BODROV (Sergueï) [Sergej Bodrov]

scénariste et cinéaste soviétique (Smakova, 1948).

Entré au V.G.I.K. de Moscou en 1971 dans le département des scénarios, il en sort diplômé en 1974 et écrit plusieurs sujets de films qui seront portés à l'écran par Edouard Gavrilov, Pëtr Todorovski, Evgueni Guerassimov, Boulat Gabitov, Gueorgui Danelia, Khalmamed Kakabaev, Ivan Vassiliev tout en écrivant des textes littéraires (ses nouvelles publiées dans la revue Krokodil seront réunies en 1981 sous le titre Autoportrait dans un corridor (Aftoportret v koridori). Il débute comme metteur en scène en 1984 : ‘ Le jus de l'herbe a le goût du miel ’ (Sladkij sok vnutri travy, CO Amambek Alpiev) et réalise en 1986 ‘ Je te hais ! ’ (Ja tibja nenavisu !). Son œuvre suivante les Amateurs (Neprofessionaly, 1985-87) le fait remarquer. Il signe ensuite ‘ Je te hais ’ (Ja tebja nenavižu, 1986), la Liberté c'est le Paradis (S.E.R., 1989), ‘ Joueurs de cartes ’ (Katala, 1990), Je voulais voir les anges (Ja hotela uvidet' angelov, 1992), Roi blanc, Dame rouge (Belyj korol', 1993), Prisonnier du Caucase (Kavkazski plennik, 1996), The Quickie (aux États-Unis, 2001).

BODY (Gabor)

cinéaste hongrois (Budapest 1946 - id. 1985).

Études de philosophie (thèse sur « la signification filmique »). Diplômé de l'École supérieure de cinéma et TV de Budapest avec Souvenir d'Amérique (Amerikai anzix, 1975), essai expérimental sur les photos de la guerre de Sécession. Narcisse et Psyché (Psyché I-II, 1980) est une fable poétique nourrie de mythes antiques. Chant nocturne du chien (Kutya éji dala, 1983) raconte le voyage initiatique d'un pasteur en incluant Super-8 et vidéo, techniques dans lesquelles Body a réalisé de nombreux films expérimentaux.

BOEHM (Sydney)

scénariste et producteur américain (Philadelphie, Pa., 1908 - Woodland Hills, Ca., 1990).

Journaliste de 1930 à 1945, il signe son premier film en 1947 : le Mur des ténèbres (C. Bernhardt, 1948). Ensuite, ses meilleurs scénarios sont ceux de westerns ou de films noirs aux constructions efficaces mais sans véritable originalité. On lui doit surtout le script de Règlements de comptes (F. Lang, 1953), mais aussi de solides films pour Rudolph Maté, Hugo Fregonese et Henry Hathaway. Il est inactif depuis l'Enquête (G. Douglas, 1965) et Violence à Jéricho (A. Laven, 1967).

BOESE (Eduard Hermann Boese, dit Carl)

cinéaste allemand (Berlin 1887 - id. 1958).

Introduit dans les studios berlinois dès 1912, il fait ses premières mises en scène en 1918 avec Der Fluch des Nori (avec Hans Albers) et Chopin (avec Conrad Veidt). Réalisateur prolifique, il dirige 72 films muets en 12 ans, parmi lesquels le Golem (CO Paul Wegener, 1920), Die Tanzerin Barberina (1921), un des trois Maciste tournés en Allemagne par Bartolomeo Pagano (Maciste und die chinesische Truhe, 1923), le Dernier Fiacre de Berlin (Die letzte Groschke von Berlin, 1926). Toujours aussi productif, et œuvrant dans les genres les plus divers, il tourne plus de 80 films parlants de 1930 à 1957. Sous Hitler, il dirige des comédies sentimentales, des films de guerre et de nombreux films musicaux. Après 1945, il se signale essentiellement par son film sur l'Allemagne en ruine, Beate (1948).

BOETTICHER (Oscar Boetticher Jr., dit Budd)

cinéaste américain (Chicago, Ill., 1916).

Fasciné par la tauromachie au point de devenir matador professionnel au Mexique, il débute au cinéma comme conseiller technique sur Arènes sanglantes (R. Mamoulian, 1941). Il signe une dizaine de séries B sans prétention à la Columbia et à la Monogram — ses onze premiers films sont signés Oscar Boetticher — avant de réaliser la Dame et le Toréador (The Bullfighter and the Lady, 1951), dont une version intégrale reconstituée sera effectuée en 1984 à l'U.C.L.A. [Los Angeles]. Il dirige Audie Murphy, Robert Ryan, Rock Hudson dans de nombreux westerns et films d'aventures à la Universal : l'Expédition du Fort King (Seminole, 1953), Révolte au Mexique (Wings of the Hawk, id.). Sa passion des arènes lui inspire le Brave et la Belle (The Magnificent Matador, 1955). Après Le tueur s'est évadé (The Killer Is Loose, 1956), un thriller modeste mais original, il trouve enfin sa voie avec Sept Hommes à abattre (Seven Men From Now, id.) : « Peut-être le meilleur western que j'ai vu depuis la guerre », écrit alors André Bazin.