Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DONNER (Jörn Johan)

cinéaste finlandais (Helsinki 1933).

Donner a joué un rôle de catalyseur dans le cinéma scandinave. Respecté en tant que romancier, essayiste, critique, producteur et administrateur, il n'a jamais été reconnu dans son propre pays comme un cinéaste à part entière. Ses films, pourtant, sont empreints d'une certaine ironie et d'une certaine sophistication très appréciées hors de Scandinavie. Après avoir réalisé quelques courts métrages dans sa Finlande natale, Donner émigre en Suède, où il dirige Un dimanche de septembre (En söndag i september, 1963), film qui remporte le prix de la Première Œuvre à la biennale de Venise. Aimer (Att älska, 1964), qui met en scène l'acteur polonais Zbigniew Cybulski, n'est pas sans évoquer Stiller par sa vision douce-amère de la société suédoise. Ici commence l'aventure (Här börjar äventyret, 1965) et Chassé-croisé (Tvärbalk, 1967) sont des entreprises plus sérieuses, au ton un peu pesant, et, après leur échec — qui incite Donner à regagner la Finlande —, le réalisateur adoptera bientôt un style plus vivant. Noir sur blanc (Mustaa valkoisella, 1968), 69 (1969) et Portraits de femmes (Naisenkuvia, 1970) offrent tous trois un mélange agréable (même s'il est frivole) de sexualité et de satire. Anna (id., 1970), où quatre personnages en vacances dans l'archipel finnois sont peints avec finesse, restera sans doute l'œuvre la plus durable de Donner, quoique Les hommes ne peuvent pas être violés (Män kan inte våldtas, 1978) confirme aussi son talent pour les dialogues incisifs et sa compréhension de l'âme féminine. En 1985, il signe ‘Une sale histoire’ (En smutsig historia).

Donner, qui avait d'ailleurs été l'un des fondateurs de la Cinémathèque finlandaise, est nommé directeur de la cinémathèque de l'Institut suédois de cinématographie (1972-1975), puis président du même institut (1978-1980), et enfin président de la Fondation finlandaise du film. Il est l'auteur de nombreux romans qui lui ont valu plusieurs prix littéraires.

DONNER (Richard)

cinéaste américain (New York, N.Y., 1939).

Ancien acteur, ancien réalisateur de télévision, il a réalisé son premier film en 1961 (X-15, id.,). Mais c'est surtout à partir des années 70 qu'il devient l'une des valeurs sûres du cinéma américain grand public. Impersonnel et efficace, il aligne les succès commerciaux dans tous les genres : horrifique comme la Malédiction (The Omen, 1976), fantastique comme Superman (id. 1978) ou film d'action comme l'Arme fatale (Lethal Weapon, 1988) et sa kyrielle de suites : 2 (1989), 3 (1992) et 4 (1999). Son film le plus original reste certainement Ladyhawke (id., 1985), belle légende médiévale d'amour fou où brille Michelle Pfeiffer.

DONOHUE (John Francis, dit Jack)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1908 - Marina Del Rey, Ca., 1984).

Danseur à Broadway dans les Ziegfeld Follies (1927), puis directeur de la chorégraphie dans des comédies musicales à la scène et à l'écran (1934), il débute à Hollywood comme metteur en scène en 1948 (Close-Up). Sa carrière intermittente l'a vu diriger Red Skelton dans Taxi s'il vous plaît (The Yellow Cab Man, 1950) et dans Amour et Caméra (Watch the Birdie, 1951), puis Frank Sinatra (les Inséparables [Marriage on the Rocks], 1965 ; le Hold-up du siècle [Assault on a Queen], 1966). Cela en marge d'une importante activité à la télévision.

DONSKOÏ (Mark) [Mark Semenovič Donskoj]

cinéaste soviétique d'origine ukrainienne (Odessa 1901 - Moscou 1981).

Issu d'une famille juive modeste, Donskoï réussit à s'instruire à la faveur de la révolution d'Octobre. Intéressé par la psychiatrie, il entreprend, après sa démobilisation, des études de médecine. Cette activité trop accaparante ne lui permet pas de s'adonner à la musique, au football et à la boxe, ses violons d'Ingres ; aussi change-t-il de voie. Il étudie le droit et en obtient un diplôme. Bien que peu motivé par sa nouvelle profession, il l'exerce quelque temps dans des branches relevant de la criminologie et de la défense politique, notamment à la Cour suprême d'Ukraine.

À partir de 1925, ses diverses expériences se fondent et se concrétisent dans ce qui devient sa vocation : le cinéma. Il écrit une pièce, l'Aube de la liberté, et un recueil de nouvelles, les Prisonniers, portant sur l'activité clandestine dans certains milieux pendant la guerre civile. Il élabore, sur un thème voisin, son premier scénario, le Dernier Rempart, qu'il ne met toutefois pas en scène. Il entre, en 1926, à l'Institut de cinéma de Moscou, dans la classe d'Eisenstein.

Travaillant comme assistant monteur dans le nouveau studio Byelgoskino, il y réalise en 1927 la Vie (Žizn), un essai cinématographique demeuré inachevé. La même année, il mène à terme ‘Dans la grande ville’ (V bol ‘šom gorode), son premier long métrage. Ce film nous narre une tranche de la vie d'un poète d'extraction paysanne qui se fixe en ville. Donskoï, cinéaste rural par excellence, en profite pour caricaturer certains aspects du comportement des nouveaux bourgeois de la NEP. En 1928, il achève, avec la collaboration de l'écrivain Mikhail Auerbach, ‘le Prix d'un homme’ (Cena čeloveka). Après quelques bandes comme ‘le Dandy’ ‘le Gommeux’ (Pižon, 1929) ; ‘l'Autre rive’ (Čužoj bereg, 1930) et ‘le Feu’ (Ogon‘, 1931), où Donskoï apprend son métier, il élabore, en 1934, avec le concours de Vladimir Legochine, le Chant du bonheur (Pesn'o sčast'e), considéré comme la meilleure réussite de sa première période. Le film traite, avec humour, de l'éveil des peuples vivant sur les zones frontalières ainsi que de leur adaptation à la nouvelle vie. Cette veine de l'œuvre de Donskoï se retrouve également dans les Romantiques (Romantiki, 1941) et dans Alitet s'en va dans les montagnes / la Loi de la Grande Terre (Alitet uhodit v gory, 1950), deux films massacrés par la censure stalinienne.

L'adaptation des œuvres biographiques de Maksim Gorki, en une trilogie demeurée célèbre — l'Enfance de Gorki (Detstvo Gor'kogo, 1938) ; En gagnant mon pain (V ljudjah, 1939) et Mes universités (Moj universitety, 1940) —, marque l'entrée de Donskoï dans la sphère des maîtres du 7e art soviétique. Les préoccupations humanistes de l'écrivain trouvent un saisissant écho dans la description de la société paysanne russe du XIXe siècle esquissée par le cinéaste. De l'enfance à la jeunesse, Alexis Pechkov — le futur Gorki — prend conscience, successivement, de l'oppression domestique de la cellule patriarcale, de la dureté du monde du travail et de la difficulté de s'instruire pour les pauvres. Pratiquement, tous les thèmes que l'on retrouve ultérieurement dans l'œuvre de Donskoï sont ici présents : croyance fervente et presque mystique en l'homme ; héros effacés mais jamais résignés ; peinture à gros traits, sous forme de tableaux, de la Russie prérévolutionnaire ; présence du double visage positif de la femme (cf. la grand-mère protectrice et la jeune bourgeoise initiant Alexis à la lecture). Le metteur en scène réalise trois films, pendant les hostilités, liés au problème de la guerre : Et l'acier fut trempé (Kak zakaljalas‘ stal’, 1942), l'Arc-en-ciel (Raduga, 1944) et Tarass l'indompté/ les Indomptés (Nepokorennye, 1945). Ici, la générosité s'efface un peu devant l'horreur ; à ce titre, le portrait de la résistante dans l'Arc-en-ciel est bouleversant. À la combattante succède, dans Varvara ou l'Institutrice au village (Sel'skaja učitel'nica, 1947), la pionnière de l'éducation (les deux rôles que le créateur impartit à la femme soviétique), thème omniprésent dans la filmographie de Donskoï. Après l'incident d'Alitet s'en va dans les montagnes, il reste six ans sans tourner, à l'exception d'un documentaire sportif : Nos champions (Naši čempiony, 1950).