Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BANIONIS (Donatas) [Donatas Juozovič Banionis]

acteur soviétique (Kaunas, Lituanie, 1924).

Acteur de théâtre renommé, il est lancé à l'écran par Vitautas Jalakiavicius, qui lui offre le rôle d'un président de soviet rural dans Personne ne voulait mourir (1965). Il est ensuite un des membres de l'expédition Nobile au pôle Nord dans la Tente rouge (M. Kalatozov, 1971), le duc d'Albany dans le Roi Lear (G. Kozintsev, 1971), Goya et Beethoven dans les films homonymes de Konrad Wolf (1971) et Horst Seeman (1976), deux productions de la RDA. Mais c'est Tarkovski qui l'impose à l'attention internationale en lui confiant le rôle principal de Solaris (1973). On le voit ensuite dans la Fuite de Mister McKinley (M. Chveitzer, 1975), Maman, je suis en vie (K. Wolf, 1977), les Centaures (V. Jalakiavicius, 1978), la Floraison du seigle non semé (Cvetenie nesejanoj roži, Marionas Gedris, 1979).

BANKHEAD (Tallulah)

actrice américaine (Huntsville, Ala., 1903 - New York, N. Y., 1968).

Cette héritière d'une riche famille sudiste, devenue actrice par goût du paradoxe, est un phénomène essentiellement théâtral, qui n'a que rarement trouvé à l'écran un véhicule à la hauteur de sa personnalité explosive. En 1918, elle avait déjà tourné deux films (When Men Betray, d'Ivan Abramson, et Thirty a Week, de Harry Beaumont), sans grand succès. Elle s'expatria à Londres qui lui fit une légende de monstre sacré du théâtre anglo-saxon. Plus glamoureuse que belle, élégante, extravagante, auréolée de gloire, elle réapparaît à l'écran en 1928, en Angleterre (His House in Order et A Woman's Law). Il était inévitable que Hollywood, à ce moment avide de talents scéniques, lui fasse un pont d'or. Hélas, la Paramount, où elle était sous contrat, la distribua dans de sombres mélodrames où son tempérament flamboyant eut peu l'occasion de s'embraser. Pourtant, son premier film, Tarnished Lady (G. Cukor, 1931), brillant et amusant malgré un scénario lacrymal, laissait bien augurer de l'avenir. Par manque d'imagination, on en fit un décalque de Marlene Dietrich. Tallulah, elle-même peu enthousiaste, laissa sa carrière aller à vau-l'eau, dans des productions peu inspirées comme My Sin (G. Abbott, 1931), The Cheat (id., 1931), le Démon du sous-marin (Marion Gering, 1932), Thunder Below (Richard Wallace, id.) ou Faithless (H. Beaumont, id. ; pour la MGM). Si bien qu'en 1933 elle quitta Hollywood pour Broadway, où elle fit quelques-unes des grandes créations du théâtre américain et scandalisa certains par ses fantaisies imprévisibles. Le cinéma ne fit plus appel à elle qu'occasionnellement. Mais, en la voyant en journaliste, sophistiquée et acide échouée dans Lifeboat (A. Hitchcock, 1944), ou en tsarine de fer, vulnérable aux beaux officiers, dans Scandale à la cour (O. Preminger, 1945), on peut regretter que le cinéma soit passé à côté de ce personnage exceptionnel. Elle apparaît brièvement dans Main Street to Broadway de Tay Garnett (1953).

BANKS (Leslie)

acteur britannique (West Derby 1890 - Londres 1952).

Il commence jeune, et d'abord au théâtre, une carrière anglo-américaine. Puis il apparaît, inquiétant et mémorable, en comte Zaroff, dans le film devenu classique de Schoedsack et Pichel (les Chasses du comte Zaroff, 1932). Sa distinction prévaut dans l'Homme qui en savait trop (A. Hitchcock, 1934) — rôle repris, lors du remake, par James Stewart — ou le Leicester de l'Invincible Armada (W. K. Howard, 1937) ; sa diction et son métier lui valent d'être le Chœur dans Henry V (L. Olivier, 1944). Pourtant, sa notoriété s'est perdue dans trop de films et de rôles secondaires : Bozambo (Z. Korda, 1935), Wings of the Morning (H. Schuster, 1937) ; l'Auberge de la Jamaïque (A. Hitchcock, 1939).

BANKS (Mario Bianchi, dit Monty)

acteur et cinéaste américain d'origine italienne (Cesano 1897 - Arona 1950).

Venu aux États-Unis à dix-sept ans avec un numéro de danseur acrobatique, il débute à Hollywood dans les films de « Fatty » Arbuckle, où il joue aux côtés de ce dernier les rôles de souffre-douleur. Il dirige bientôt ses propres courts métrages comiques. Il s'installe en Angleterre en 1928, y épouse la comédienne Gracie Fields et y réalise une vingtaine de films, dans lesquels il joue aussi à l'occasion. La guerre et sa nationalité italienne l'obligent à regagner les États-Unis en 1940. Il y tourne un médiocre dernier film : Quel pétard ! (Great Guns, 1941) avec Laurel et Hardy. Connu aussi sous le nom de Montague Banks, il revint finir sa vie en Italie.

BANKY (Vilma Lonchit, dite Vilma)

actrice américaine d'origine hongroise (Nagyrogod [auj. Budapest] 1898 - Los Angeles, Ca., 1991).

Samuel Goldwyn lui fait quitter l'Europe pour Hollywood ; elle y joue son premier rôle face à Ronald Colman, dans l'Ange des ténèbres, mélodrame de George Fitzmaurice (1925). Mais elle est surtout connue pour trois films : l'Aigle noir (C. Brown, 1925, d'après Pouchkine), où elle dispute victorieusement Doubrovski (Rudolph Valentino) à Catherine II (Louise Dresser) ; le Fils du Cheikh (G. Fitzmaurice, 1926), également avec Valentino, où elle est la danseuse Yasmin ; enfin, Barbara, fille du désert (H. King, id.) avec Ronald Colman. Pour mémoire, elle était apparue en 1925 aux côtés de Max Linder dans le Roi du cirque (Der Zirkuskönig) de Émile-Édouard Violet (et M. Linder) et sera dirigée par Victor Sjöström en 1930 dans A Woman to Love. Mariée spectaculairement à Rod La Rocque en 1927, elle met fin à sa carrière en 1932.

BAÑOS (Ricardo de)

cinéaste espagnol (Barcelone, Catalogne, 1882 - id. 1939).

Il est un des pionniers du cinéma en Catalogne. Ancien employé de Gaumont à Paris, il s'associe à Alberto Marro, fondateur de Hispano Film (1906). Il tourne un grand nombre de reportages, quelques zarzuelas et plusieurs films de fiction, notamment Don Juan Tenorio (1908 ; une autre version en 1922), Secreto de confesión (1909), Locura de amor (1910), Don Pedro el Cruel (1911), Los amantes de Teruel (1912), La madre (id.), Amor andaluz (1913), La malquerida (1914), Sangre y arena (1916), Juan José (1917), La sombra del polaco (1918), Fuerza y nobleza (id.), la Gitane blanche (Los arlequines de seda y oro, 1919), El judío polaco (1920), El relicario (1933). Son frère, l'opérateur Ramón de Baños (Barcelone 1890 - id. 1980), collabore à la plupart de ses films, sauf pendant la courte période où il travaille au nord du Brésil (1911-1914). Bons techniciens, les frères Baños fréquentent tous les genres (feuilletons, espagnolades, comédies, tragédies, épisodes historiques), la théâtralité et le statisme de la caméra typiques du cinéma primitif n'empêchant pas l'adhésion enthousiaste des spectateurs.