Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MARBŒUF (Jean)

cinéaste français (Montluçon 1942).

Après trois courts métrages, il réalise son premier film, Bel Ordure, en 1973 et entame une curieuse carrière de cinéaste incompris. Peut-être ne fait-il pas bien comprendre ses choix de sujets aussi noirs que lyriques, ses peintures de personnages-victimes, veules, impuissants, miroirs d'un désespoir permanent, mais aussi d'une certaine vérité populaire. Son Monsieur Balboss (1975), sorte de « ripou » avant la lettre, premier vrai rôle de Michel Galabru, en est la parfaite illustration. T'es heureuse ? Moi toujours ! (1983), récit d'une femme qui recueille tous les paumés avec son cinéma ambulant, en fait même un successeur possible de l'école du réalisme poétique. Les films suivants, toujours marqués par une originalité insolite, un engagement social sincère, un zeste de délire plus ou moins bien contrôlé, ont souvent déconcerté le public comme la critique.

Autres films :

Mon nom Superman (CM, 1969) ; Requiem pour un pauvre mec (CM, 1970) ; Kakicity (CM, 1971) ; Genre masculin (1977) ; la Ville des silences (1979) ; Vaudeville (1986) ; Grand Guignol (1987) ; Corentin ou les infortunes conjugales (1988), Voir l'éléphant (1990), Pétain (1992), Temps de chien (1996).

MARCEAU (Sophie)

actrice française (Paris 1966).

C'est en répondant à une annonce passée par Claude Pinoteau dans la presse qu'elle obtient son premier rôle dans la Boum, en 1980. Elle n'a alors que quinze ans et une génération entière se reconnaît dans cette adolescente, symbole d'une jeunesse sans histoire. Le succès obligeant, elle tourne la Boum 2 en 1982, puis Fort Saganne (A. Corneau, 1984), Joyeuses Pâques avec Jean-Paul Belmondo (G. Lautner, id.) et, dans un registre entièrement différent, l'Amour braque (A. Żulawski, 1985). Peinant visiblement pour se débarrasser de son personnage de la Boum, elle joue Police (M. Pialat, 1985), un « polar » non conventionnel, puis Descente aux enfers (F. Girod, 1986), une adaptation de David Goodis. Dans Chouans ! (Ph. de Broca, 1988), elle est une orpheline roturière qui deviendra la passionaria de la chouannerie, dans l'Étudiante (C. Pinoteau, id.) une jeune fille partagée entre une agrégation de lettres et des amours de midinette, dans Mes nuits sont plus belles que vos jours (Żulawski, 1989) une adepte des numéros de divination. Elle tourne ensuite Pacific Palisades (Bernard Schmitt, 1990), Pour Sacha (A. Arcady, 1991), la Note bleue (Żulawski, id.), Fanfan (A. Jardin, 1993), la Fille de d'Artagnan (B. Tavernier, 1994), Braveheart (M. Gibson, 1995), Marquise (Vera Belmont, 1997), Fire Light (W. Nicholson, id.).

MARCH (Ernest Frederick McIntyre Bickel, dit Fredric)

acteur américain (Racine, Wis., 1897 - Los Angeles, Ca., 1975).

Tout en cherchant des emplois à Broadway, Fredric March gagne sa vie comme mannequin de mode. Ayant débuté au théâtre en 1920, il atteint les rôles de vedette en 1927. Ce qui, inévitablement, le conduit dans un Hollywood avide de jeunes premiers « sachant parler ». Un contrat à la Paramount lui vaut de devenir l'élégant et inconsistant partenaire des vedettes du studio : de la prestigieuse Ruth Chatterton (The Dummy, Robert Milton, 1929 ; Sarah and Son, D. Arzner, 1930) à la pétulante Clara Bow (The Wild Party, id., 1929), en passant par le météore Jeanne Eagels (Jealousy, Jean de Limur, id.). Bon an mal an, on le voit aux côtés de Claudette Colbert, Tallulah Bankhead, Ann Harding, Sylvia Sidney ou Miriam Hopkins. C'est Laughter (H. d'Abbadie d'Arrast, 1930), une audacieuse comédie, qui révèle enfin un considérable talent. Ce que confirme quelques mois plus tard sa brillante parodie de John Barrymore dans The Royal Family of Broadway (G. Cukor, 1931), qui l'avait révélé au théâtre. À partir de là, si la Paramount ne sait pas toujours le servir au mieux, il est néanmoins splendide en Dr. Jekyll et Mr. Hyde (R. Mamoulian, 1932), qui lui apporte un Oscar, en officier tourmenté dans l'Aigle et le Vautour (Stuart Walker, M. Leisen, 1933) ou en peintre bohème (Sérénade à trois, E. Lubitsch, id.). Il est le prestigieux partenaire de Norma Shearer (Chagrins d'amour, S. Franklin, 1932 ; Miss Barrett, id., 1934) ou de Greta Garbo (Anna Karenine, C. Brown, 1935), ce qui le prépare à ses deux grands rôles romantiques : Jean Valjean dans les Misérables (R. Boleslawski, 1935) et Anthony Adverse (M. LeRoy, 1936).

Malgré son succès dans Une étoile est née (1937) et dans la Joyeuse Suicidée (id.), de William A. Wellman, il finit par se désintéresser du cinéma et retourne avec éclat au théâtre. Il obtient quelques bons rôles au début des années 40 (Victory, J. Cromwell, 1940), mais c'est dans les Plus Belles Années de notre vie (W. Wyler, 1946) qu'il semble tirer sa salve d'honneur (avec l'obtention d'un second Oscar).

Acteur brillant et aux intuitions parfois inventives, il était marqué par la vieille école. Ses compositions ultérieures vont accentuer le caractère théâtral de son métier (Mort d'un commis voyageur, L. Benedek, 1951 ; Procès de singe, S. Kramer, 1960). Il reste actif jusqu'en 1970 (Tick tick tick et la violence explosa..., R. Nelson, 1970), toujours plein d'autorité, mais quelque peu dépassé.

Autres films :

The Studio Murder Mystery (F. Tuttle, 1929) ; Paris Bound (E. H. Griffith, id.) ; Footlights and Fools (W. A. Seiter, id.) ; The Marriage Playground (L. Mendes, id.) ; Ladies Love Brutes (R. V. Lee, 1930) ; True to the Navy (Tuttle, id.) ; Paramount on Parade (id., id.) ; Manslaughter (G. Abbott, id.) ; Honor Among Lovers (D. Arzner, 1931) ; The Night Angel (E. Goulding, id.) ; My Sin (Abbott, id.) ; Strangers in Love (Mendes, 1932) ; Merrily We Go to Hell (Arzner, id.) ; Make Me a Star (W. Beaudine, id., caméo) ; le Signe de la Croix (C. B. De Mille, id.) ; Cette nuit est notre nuit (Tonight is Ours, S. Walker, 1933) ; All of Me (J. Flood, 1934) ; Trois Jours chez les vivants (Death Takes a Holiday, M. Leisen, id.) ; Good Dame (Marion Gering, id.) ; Benvenuto Cellini (The Affairs of Cellini, G. La Cava, id.) ; Résurrection (R. Mamoulian, id.) ; l'Ange des ténèbres (S. Franklin, 1935) ; Marie Stuart (J. Ford, 1936) ; les Chemins de la gloire (H. Hawks, id.) ; les Flibustiers (De Mille, 1938) ; le Pauvre Millionnaire (N. Z. McLeod, id.) ; la Femme aux cigarettes blondes (T. Garnett, 1939) ; Suzanne et ses idées (G. Cukor, 1940) ; So Ends Our Night (J. Cromwell, 1941) ; One Foot in Heaven (I. Rapper, id.) ; J'épouse ma femme (A. Hall, id.) ; Ma femme est une sorcière (R. Clair, 1942) ; les Aventures de Mark Twain (Rapper, 1944) ; les Hommes de demain (Tomorrow the World, Leslie Fenton, id.) ; Another Part of the Forest (M. Gordon, 1948) ; le Droit de tuer (An Act of Murder, Gordon, id.) ; Christophe Colomb (D. McDonald, 1949) ; It's a Big Country (1952) ; Man On a Tightrope (E. Kazan, 1953) ; la Tour des ambitieux (R. Wise, 1954) ; les Ponts de Toko-Ri (M. Robson, 1955) ; la Maison des otages (W. Wyler, id.) ; Alexandre le Grand (R. Rossen, 1956) ; l'Homme au complet gris (N. Johnson, id.) ; Au milieu de la nuit (Delbert Mann, 1959) ; les Blouses blanches (The Young Doctors, Ph. Karlson, 1961) ; les Séquestrés d'Altona (V. De Sica, 1962) ; Sept Jours en mai (J. Frankenheimer, 1964) ; Hombre (M. Ritt, 1967) ; The Iceman Cometh (Frankenheimer, 1973). ▲