Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HANSON (Einar)

acteur suédois (Stockholm 1899 - Santa Monica, Ca., États-Unis, 1927).

Vétéran du cinéma muet suédois, interprète notamment du Vieux Manoir (M. Stiller, 1923), Johan Ulfstjerna (J. B. Brunius, id.) et ‘ les Pirates du lac Mälar ’ (Mälarpirater, G. Molander, id.), ce beau ténébreux connut la gloire sous les traits de l'officier qui sauve Greta Garbo dans la Rue sans joie (G. W. Pabst, 1925). Très populaire à Hollywood, où il tint des rôles de premier plan dans des films de Frank Lloyd (les Enfants du divorce [Children of Divorce], 1927), Dorothy Arzner (Fashions for Women, id.) et Rowland V. Lee (Barbed Wire, id.), ainsi que dans ceux de son ami Mauritz Stiller (Confession, id.), il devait trouver la mort dans un accident de voiture.

HANSON (Lars)

acteur suédois (Göteborg 1886 -Stockholm 1965).

De haute taille, séduisant, blond, c'est probablement le plus doué des acteurs de genre du cinéma muet suédois. Au cours de sa carrière, il a joué dans plusieurs centaines de pièces et tourné 25 films en Suède. Cet interprète de premier plan, au regard ardent et à la mâchoire carrée, considérait comme plus facile de tenir un rôle au cinéma que sur scène. « L'acteur doit être capable de vivre son personnage de l'intérieur tout en l'observant du dehors avec un regard critique », disait-il. Il suivit Victor Sjöström et Mauritz Stiller à Hollywood et joua aux côtés de Lillian Gish (la Lettre rouge, 1926, et le Vent, 1928, tous deux de Sjöström) et de Greta Garbo (la Chair et le Diable, C. Brown, 1927, et la Divine, V. Sjöström, 1928). Les rôles les plus marquants de sa carrière suédoise datent aussi de l'époque du muet : Ingeborg Holm (V. Sjöström, 1913) ; la Fille de la tourbière (id., 1917) et le Chant de la fleur écarlate (M. Stiller, 1919)  ; Vers le bonheur (id., 1920) ; la Légende de Gösta Berling (id., 1924, avec Greta Garbo). Revenu dans son pays natal à la fin de sa carrière, il devait conférer une autorité toute paternelle à de nombreux rôles.

HARA (Setsuko)

actrice japonaise (Yokohama 1920).

Après ses débuts à la Nikkatsu en 1935, elle tient des emplois typiques de « jeune fille pure » (Kochiyama Soshun, Sadao Yamanaka, 1936). Elle trouve son premier rôle important dans ‘ la Nouvelle Terre ’, coproduction germano-nippone de Arnold Fanck et Mansaku Itami (1937), puis, à cause de son visage relativement « européen », joue dans des adaptations littéraires occidentales comme ‘ la Symphonie pastorale ’, d'après Gide (S. Yamamoto, 1938). Pendant la guerre sino-japonaise, Imai ou Shimizu lui font tenir des rôles de jeune épouse fidèle et patriote, mais c'est au lendemain de la guerre que son talent remarquable va s'épanouir, et d'abord dans Je ne regrette rien de ma jeunesse (A. Kurosawa, 1946), où elle incarne une épouse d'intellectuel découvrant l'amour dans le sacrifice de soi. Quittant la compagnie Toho pour gagner son indépendance, elle symbolise le nouvel « idéal démocratique » des jeunes femmes d'après-guerre dans des films tels que ‘ le Bal de la famille Anjo ’ (Yoshimura, 1947), ‘ Bonjour, mademoiselle ! ’ (K. Kinoshita, 1949), les Montagnes vertes (T. Imai, id.). Sa carrière est ensuite jalonnée de rôles et films de premier plan, dirigés par Ozu (Printemps tardif, 1949 ; ‘ Début d'été ’, 1951 ; Voyage à Tokyo, 1953 ; ‘ Crépuscule à Tokyo ’, 1957 ; Fin d'automne, 1960 ; ‘ l'Automne de la famille Kohayagawa ’ /Dernier Caprice, 1961), Kurosawa (l'Idiot, 1951) ou Naruse (‘ le Repas ’, id. ; ‘ le Grondement de la montagne ’, 1954 ; ‘ Jeune Fille, épouse et mère ’, 1960). Pourtant, à 42 ans, elle se retire du monde du cinéma, laissant derrière elle le souvenir d'une grande actrice et le mythe de la « vraie jeune femme japonaise ».

HARBOU (Thea von)

scénariste allemande (Tauperlitz 1888 - Berlin 1954).

Archéologue, puis auteur de romans d'aventures et d'anticipation, elle écrit pour les studios de Berlin dès 1916. Parallèlement à sa carrière de romancière à succès, elle devient célèbre dans les années 20 avec les scénarios de films réalisés par Joe May, F. W. Murnau et Fritz Lang — dont elle sera l'épouse de 1924 à 1934. Elle apporte au cinéma allemand de l'époque son goût pour les mythes fantastiques, un imaginaire à la fois romantique et populaire, et un sens prononcé du feuilleton. C'est en 1921 que Joe May tourne le Tombeau hindou sur un texte qu'elle écrit avec Fritz Lang (et dont elle va tirer un roman qui donnera lieu à de nouvelles adaptations cinématographiques). La même année, elle est la scénariste des Trois Lumières de Fritz Lang, puis de quelques-uns des plus grands films du même cinéaste : Mabuse le joueur (1922) ; les Nibelungen (1924) ; Metropolis (1927) ; les Espions (1928) ; la Femme sur la Lune (1929) ; M le Maudit (1931) ; le Testament du docteur Mabuse (1933). Pour Murnau, elle collabore au scénario de la Terre qui flambe (1922) et adapte Phantom (id.), l'Expulsion (1923) et les Finances du grand-duc (1924). À cette liste brillante s'ajoute, entre autres, sa collaboration à un film de Dreyer tourné en Allemagne, Michaël (1924), et l'adaptation de la Chronique de Grieshuus (A. von Gerlach, 1925). Favorable au nouveau régime, elle collabore tout aussi activement au cinéma allemand de l'ère nazie : comédies, drames, films historiques... Elle travaille en particulier sur des films caractéristiques du cinéma selon Goebbels : les Deux Rois (H. Steinhoff, 1935) ; Crépuscule (V. Harlan, 1937) ; Via Mala (J. von Baky, 1945). Elle réalise elle-même deux films, en 1933 et 1934 : Elisabeth und der Narr et Hanneles Himmelfahrt. Après la guerre, elle ne revient au cinéma que pour trois scénarios tournés en 1950-1953, dont Dr Holl (Rolf Hansen, 1951).

HARDING (Dorothy Walton Gatley, dite Ann)

actrice américaine (San Antonio, Tex., 1902 -Sherman Oaks, Ca., 1981).

La blonde Ann Harding, à la douceur britannique, fut l'un des piliers du mélodrame féminin tel que Hollywood le concevait. Sa présence raffinée a illuminé Holiday (E. H. Griffith, 1930) et Peter Ibbetson (H. Hathaway, 1935), mais aussi les moins connus When Ladies Meet (H. Beaumont, 1933), Femme d'honneur (Gallant Lady, G. La Cava, id.), Fontaine (J. Cromwell, 1934) ou la Femme errante(E. Goulding, 1935). Elle apporte à son jeu un romantisme authentique et intransigeant, proche des origines anglaises du genre. Pendant les années 40 et 50, se succèdent seconds rôles cinématographiques et créations théâtrales.