Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BULGARIE. (suite)

Le 5 avril 1948, la loi de nationalisation de la cinématographie est votée. Progressivement s'ébauche une organisation : la priorité est d'abord donnée aux films documentaires mais, dès mars 1950, les spectateurs peuvent assister à la projection du premier long métrage de fiction de l'après-guerre, Kalin l'Aigle (Kalin orelǎt) de Boris Borozanov. Les thèmes abordés par les réalisateurs sont d'ordre essentiellement historique. La Bulgarie est soumise à un rigoureux dogmatisme politique dont les répercussions sur le plan culturel nuisent à la qualité intrinsèque de la plupart des films tournés entre 1951 et 1957. Malgré ce manichéisme idéologique, certaines œuvres conservent une importance historique, comme Sous le joug (Pod jgoto, 1952) de Dako Dakovski, qui évoque l'insurrection de 1876 contre les Osmanlis, le Chant de l'homme (Pesen za čoveka, 1953) de Boris Šaraliev, biographie du poète antifasciste Nikola Vapcarov, les Héros de septembre (Septemvriitsi, 1954) de Zahari Žandov, qui décrit la première insurrection bulgare de 1923. Tous ces films exaltent l'héroïsme national au détriment, parfois, de l'analyse psychologique. À la suite du XXe congrès du parti communiste d'URSS et du plénum d'avril 1956 du parti communiste bulgare, une évolution sensible libère le cinéma de l'emprise du dogmatisme didactique. Deux films importants, Sur la petite île de Rangel Vǎlčanov* (1958) et Étoiles de Konrad Wolf* (1959) — auquel il faut associer le scénariste Angel Wagenstein* —, prouvent l'habileté de certains réalisateurs, qui n'hésitent pas à rompre avec leurs prédécesseurs en peignant le monde contemporain sous des couleurs plus justes tout en soignant davantage l'écriture cinématographique. À la suite de Vǎlčanov (Première Leçon, 1960 ; le Soleil et l'Ombre, 1962), Binka Željazkova* (Nous étions jeunes, 1961) et Nikola Korabov (Tabac [Tjutjun], 1962) permettent à la Bulgarie de jouer un rôle non négligeable dans les festivals internationaux. À partir de 1964, d'autres cinéastes viennent épauler cette première vague : Ljubomir «Šarlandžiev (la Chaîne [Verigata], 1964 ; Odeur d'amandes [S dah na bademi], 1967), Georgi Stojanov, Zako Heskia, Todor Stojanov et surtout Vǎlo Radev* (le Voleur de pêches, 1964 ; le Roi et le Général, 1966 ; la Plus Longue Nuit, 1967).

Dès le début des années 70, un changement profond affecte le cinéma bulgare. La diversification des thèmes s'amplifie, l'accent est mis sur les problèmes contemporains, la critique sociale même apparaît et cette « intégration à la vie courante » porte ses fruits. La fréquentation est élevée et le niveau artistique des films s'améliore. Plusieurs cinéastes s'imposent, tels : Hristo Hristov* (le Dernier Été, 1973 ; Arbre sans racines, 1974 ; la Barrière, 1979) ; Metodi Andonov*, qui mourra prématurément en 1975 (la Corne de chèvre [Koziat rog, 1971]) ; Ljudmil Stajkov (Affection [Obič, 1972]) ; le Temps de la violence [Vreme razdelno, 1988] ; Eduard Zahariev* (le Recensement des lapins de garenne [Prebrojavaneto na divite zajci, 1973]) ; Georgi Djulgerov* (l'Avantage, 1977 ; l'Échange, 1979) ; Ljudmil Kirkov ; Assen Šopov ; Ivan Andonov.

Si le film historique fait un retour en force au début des années 80, c'est parce que l'État bulgare célèbre le 1300e anniversaire de sa fondation. Ljudmil Stajkov tourne Khan Asparouch, Šaraliev Boris I, Stojanov Constantin le Philosophe et Djulgerov Aune pour aune, mais la majeure partie des films évoquent toujours les problèmes de l'actualité quotidienne et leurs incidences sur la vie des citoyens. Avec un certain retard, le cinéma bulgare a rejoint les « nouvelles vagues » des pays d'Europe centrale. Les années 80 n'ont pas marqué une évolution notable malgré les réussites de cinéastes confirmés comme Vǎlčanov (Partir pour aller où ?, 1986 ; Et maintenant, 1988), Željazkova (La Nuit sur les toits, id.), Hristov (Test 88, id.), Andonov (Hier, 1987), Staïkov (Temps de violence, 1988), Djulgerov (Acadamus, id.).

La crise de la fréquentation publique et du financement de la production a accompagné la stagnation de la qualité jusqu'à ce que, à la fin de la décennie, le processus de démocratisation politique, entraînant une plus grande autonomie pour les collectifs de création des studios, permette un élargissement thématique et un épanouissement artistique prometteurs avec des films de critique sociale vigoureuse comme les Chiens courants (Ludmil Todorov, 1988), Exitus (Krassimir Kroumov, id.), Moi la Comtesse ([As grafimiata] Peter Popzlatev, id.) et de mise en accusation impitoyable de la période stalinienne : Ivan et Alexandra ([Ivan i Aleksandra] Ivan Ničev, 1988), Margarit et Margarita (Nikolaï Volev, id.) le Camp (Georgi Djulgerov, 1990), la Dernière pleine lune (Eduard Zahariev, 1996) dernière œuvre d'un cinéaste très doué sort sur les écrans à une époque où le cinéma bulgare connaît de graves difficultés. La production reste quantitativement très faible et la plupart des films peinent à franchir les frontières du pays. Le cinéma d'animation conserve une très grande importance, acquise dès 1960, et compte plusieurs éléments remarquables comme Todor Dinov, Donjo Donev, Stojan Dukov, Ivan Vesselinov, Ivan Andonov, Penčo Bogdanov, Projko Projkov, Radka Bǎčvarova, Hristo Topouzanov, Zdenka Dojčeva, Nikolaï Todorov, Rumen Petkov, Henri Koulev, Velislav Kazakov, Vlado Šomov.

BULL (Lucien)

pionnier français du cinéma (Dublin, Irlande, G.-B., 1876 - Boulogne-Billancourt 1972).

Élève de Marey, il explora les techniques d'observation des phénomènes et notamment le cinéma ultrarapide. Il fut le premier à pratiquer 4 000 images/seconde (1904), puis atteignit 50 000 images/seconde en 1928, une de ses dernières réalisations en permettant un million (1951). Lucien Bull mit également au point, en 1902, le premier appareillage de microcinématographie (grossissement de 8 à 10 fois) et d'enregistrement accéléré (images prises à intervalles de 1/4 d'heure).

BUNNY (John)

acteur américain (New York, N. Y., 1863 - id. 1915).

Cet homme obèse à la figure joviale était un acteur de théâtre qui, ayant accepté de travailler pour la Vitagraph en 1910, devint sans doute la première vedette comique de l'histoire du cinéma, le précurseur de Mack Swain et d'Oliver Hardy. Son succès dura cinq ans, durant lesquels il tourna près de 200 bandes. Son personnage était celui d'un bourgeois coureur de jupons souvent malmené par sa femme, la mince Flora Finch, avec laquelle sa silhouette large et ronde faisait un amusant contraste (Polishing Up, 1914). Son nom devint celui du héros qu'il interprétait et figura dans nombre de ses titres : Bunny's Suicide (1912), Bunny's Dilemma (1913) ou Bunny in Bunnyland (1915).