Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FARROW (John Villiers)

cinéaste américain d'origine australienne (Sydney 1904 - Beverly Hills, Ca., 1963).

Chercheur dans la marine, romancier, auteur dramatique, historien, il est conseiller technique au cinéma puis scénariste avant de devenir réalisateur, en 1937. De la série B au film A, ses œuvres les meilleures sont chronologiquement des films de guerre (Les commandos frappent à l'aube [Commandos Strike at Dawn, 1943]), des policiers (la Grande Horloge [The Big Clock, 1948]), des westerns (Vaquero [Ride Vaquero, 1953]) ; Hondo, l'homme du désert [Hondo, id.]), des films d'aventures maritimes (les Bagnards de Botany Bay [Botany Bay, id.]).

FARROW (Mia)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1945).

Fille de John Farrow et de Maureen O'Sullivan, elle grandit dans l'atmosphère hollywoodienne et débute au théâtre en 1963, à l'écran en 1964. Rendue célèbre par deux films, Rosemary's Baby (R. Polanski) et Cérémonie secrète (J. Losey) la même année (1968), elle semble d'autant plus vouée par son physique frêle et sa nervosité aux rôles de victime, que sa carrière a interféré constamment avec une vie privée agitée : mariage avec Frank Sinatra (1966-1968) puis avec André Previn (1970-1979). Parmi ses films, citons encore : Maldonne pour un espion (A. Mann, 1968) ; Terreur aveugle (R. Fleischer, 1971) ; Docteur Popaul (C. Chabrol, 1972) ; Gatsby le Magnifique (J. Clayton, 1974) ; Un mariage (R. Altman, 1978) ; Mort sur le Nil (J. Guillermin, id.) ; Comédie érotique d'une nuit d'été (W. Allen, 1982) ; Zelig (id., 1983) ; Broadway Danny Rose (id., 1984) ; la Rose pourpre du Caire (id., 1985) ; Hannah et ses sœurs (id., 1986) ; Radio Days (id., 1987) ; September (id., id.) ; Une autre femme (id., 1988) ; New York Stories (id., 1989) ; Crimes et délits (id., id.) ; Alice (id., 1990) ; Ombres et brouillard (id., 1991) et Maris et femmes (id., 1992), les treize derniers témoignant d'un renouvellement brillant de sa personnalité sous la férule de Woody Allen. Depuis que leur collaboration conjugale et professionnelle a été interrompue, Mia Farrow essaie de reprendre sa carrière d'actrice avec d'autres réalisateurs, ce qui n'est guère aisé, car le cinéaste n'a pas seulement porté l'actrice à son expression la plus haute, il lui a également créé une image qui lui colle à la peau.

FASSBINDER (Rainer Werner)

cinéaste et acteur allemand (Bad Wörishofen 1945 - Munich 1982).

Contrairement à une opinion répandue, Fassbinder n'est pas un homme de théâtre passé au cinéma, mais un cinéaste qui s'est exprimé au théâtre, faute de pouvoir le faire immédiatement au cinéma. Dès 1965, en effet, il réalise un court métrage en 16 mm placé sous le signe d'Éric Rohmer, le Clochard (Der Stadtstreicher), suivi en 1966 d'un autre petit film, en 35 mm cette fois, le Petit Chaos (Der kleine Chaos). Il n'a que 21 ans, vit d'emplois occasionnels et suit des cours d'art dramatique à Munich. Il n'est pas admis à l'école de cinéma qui vient d'être créée à Berlin et rejoint une petite troupe de théâtre d'avant-garde de Munich, l'Action Theater. Il y fait ses premières mises en scène et écrit sa première pièce (créée en avril 1968), Katzelmacher, traduite en français sous le titre le Bouc, et qu'il adaptera à l'écran en 1970. À la même époque, il participe avec plusieurs membres de la troupe au tournage de le Fiancé, la Comédienne et le Maquereau, de Jean-Marie Straub. C'est alors qu'il crée une nouvelle troupe, l'Antiteater, avec plusieurs des participants actifs de l'Action Theater, dont Irm Hermann, Hanna Schygulla, Ingrid Caven, Peer Raben, Kurt Raab, Hans Hirschmüller. L'Antiteater se rend célèbre par des représentations jugées provocatrices, révisions iconoclastes de grands classiques ou textes originaux de Fassbinder lui-même. Plusieurs de ces textes destinés au théâtre seront adaptés pour la radio et surtout pour la télévision et le cinéma, comme par exemple les Larmes amères de Petra von Kant.

C'est en 1969 qu'il tourne ses premiers films, pour le compte de la société de production baptisée Antiteater-X-Film, émanation de la petite troupe dont il est devenu l'animateur principal : trois en une année, auxquels s'ajoute une production télévisée. L'amour est plus froid que la mort (Liebe ist kälter als die Tod) et les Dieux de la peste (Götter der Pest) sont des variations relativement personnelles sur les thèmes du film noir – comme le sera le Soldat américain (Der amerikanische Soldat, 1970). Katzelmacher, d'après sa pièce de théâtre, tourné entre les deux précédents, est une réflexion sur le comportement petit-bourgeois et la perception de l'immigré ; très influencé par Godard, c'est le film qui, d'emblée, rend son auteur célèbre, du moins en Allemagne, et lui vaut diverses récompenses. Pourquoi monsieur R. est-il atteint de folie meurtrière ? (Warum läuft Herr R. Amok ?, CO Michael Fengler), son premier film de télévision, est une amère critique de la vie quotidienne des petits-bourgeois dans le cadre d'une expérience de dialogues improvisés. En 1970, année d'intense production, Fassbinder tourne sept titres pour le cinéma et la télévision. De ces années 1969-1971, également très fécondes au théâtre (activité régulière qu'il n'abandonnera qu'en 1974), date le premier mythe Fassbinder, né d'une capacité de travail qui a toujours étonné. De cette époque date aussi son célèbre pari (atteint en 1976), celui de réaliser trente films avant de dépasser l'âge de trente ans – ambition qui l'avait conduit à modifier d'une année sa date de naissance... Il travaille donc beaucoup, sans répit, et tourne très vite, dans le cadre de budgets qui resteront modestes jusqu'en 1977. Il a recours aux services des mêmes techniciens et utilise la polyvalence des membres de l'Antiteater. Parmi ceux-ci, les actrices Hanna Schygulla, Margit Carstensen, Ingrid Caven, les acteurs Ulli Lommel, Günther Kaufmann, ainsi que Peer Raben (musicien), Kurt Raab (décorateur et acteur), Harry Baer (acteur et surtout assistant réalisateur de la plupart des films de Fassbinder jusqu'à la mort de ce dernier). Fassbinder écrit le scénario et les dialogues de ses films — une constante qui ne souffrira guère que deux exceptions tout au long de sa carrière – et il en assure même le montage, du moins en 1969-70, sous le pseudonyme de Franz Walsch. Il lui arrive de participer, en tant qu'acteur, à des films tournés à Munich. C'est le cas de Baal, de V. Schlöndorff, d'après la pièce de Brecht, de Mathias Kneissl, de R. Hauff, de l'Ombre des anges, de D. Schmid – d'après une de ses pièces –, d'Adolf et Marlene de son collaborateur Ulli Lommel (1976), et plus tard de Kamikaze 1989, de Wolf Gremm.