Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MONOD (Jacques)

acteur français (Casablanca, Maroc, 1918 - Paris 1985).

Il a appartenu un certain temps à la troupe de Louis Jouvet et paraît dans l'adaptation cinématographique de Knock (G. Lefranc, 1951). Son physique sévère, l'ampleur de sa diction le désignent pour les personnages cassants, autoritaires et représentatifs : magistrats, financiers, chefs d'entreprise. Acteur fétiche de Denys de La Patellière (les Grandes Familles, 1958 ; Rue des Prairies, 1959 ; le Soleil noir, 1966, etc.) et d'Édouard Molinaro (la Mort de Belle, 1961 ; Une ravissante idiote, 1964), il figure dans de très nombreux films des années 60.

MONOGATARI (litt. « dit », ou « chose contée »).

Conte, histoire, fable, dans une acception littéraire, remontant à la haute époque japonaise et dont plusieurs œuvres classiques demeurent le témoignage, par exemple le Genji Monogatari du romancier Murasaki Shikibu (XIe siècle). Mot figurant dans grand nombre de titres de films japonais, et souvent traduit en français par « Conte (s) » ou « Histoire (s) » : Ugetsu monogatari (les Contes de la lune vague après la pluie) ; Tokyo monogatari (les Contes de Tokyo, devenu Voyage à Tokyo).

MONOPACK.

Se dit des procédés de prise de vues où un seul film défile dans la caméra, par opposition à procédés bipack ou tripack. ( COULEURS [PROCÉDÉS DE CINÉMA EN].)

MONORI (Lili)

actrice hongroise (Törökszentmiklós 1945).

Elle apparaît dès 1970 dans des films de Robert Bán, Zoltán Fábri, Gyula Maár, Ferenc Kardos, Barna Kabay et László Lugossy mais c'est Zsolt Kézdi-Kovács qui lui offre son premier grand rôle dans Quand Joseph revient (1975) : celui d'une jeune fille immature, peu préparée à sa solitude conjugale et à une cohabitation difficile avec sa belle-mère et qui n'affronte qu'avec méfiance les épreuves de la vie. Après cette interprétation de « révoltée passive » dénuée de toute sophistication, Marta Mészarós impose à nouveau son jeu simple et direct dans trois films successifs, Neuf Mois (1976), Elles deux (1978) et les Héritières (1980). En 1982 Kézdi-Kovács l'engage dans les Récidivistes où elle incarne une jeune fille amoureuse de son demi-frère et les années suivantes, elle tourne à nouveau avec lui dans l'Absent (1986) et les Cris (1988). En 1990, elle interprète Stand de tir (Céllövölde, Arpád Sopsits, en 1991 Et pourtant... (Z. Kezdi-Kovács), en 1994, le Fœtus (M. Mészáros) et en 1995 Aimez-vous les uns les autres (3e épis., M. Jancsó).

MONROE (Norma Jean Mortenson, dite Marilyn)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1926 - Brentwood, Ca., 1962).

Sa mère étant atteinte de troubles mentaux, Norma Jean, née de père « non déclaré », passe son enfance au sein de familles successives. Probablement violée alors qu'elle n'a qu'une dizaine d'années, modèle pour photographes dès 1944, mariée quelques semaines à un riche homme d'affaires, divorcée en 1946, elle se retrouve actrice sans expérience à la Fox, puis à la Columbia (1948), et de nouveau à la Fox. Après une série de petits films, elle tient des rôles secondaires mais chaque fois marquants dans des œuvres de plus en plus intéressantes et même dramatiques (Quand la ville dort, J. Huston, 1950). Sa beauté la dégage peu à peu des emplois de « blonde stupide » où elle paraissait confinée. Dans Ève (J. Mankiewicz, id.), elle apparaît comme une rivale possible dans l'avenir de l'actrice dont le film raconte l'ascension. Sa promotion devient rapide à l'époque de son mariage (1954) avec un célèbre joueur de base-ball (Joe Di Maggio). On la lance à la fois comme la « pin-up intellectuelle » aux reparties osées (« Que portez-vous pour dormir, Miss Monroe ? — Une goutte de Chanel no 5 ») et comme l'avatar moderne d'un « mythe » cinématographique cher aux Américains : celui de la séductrice un peu vulgaire, mais bon enfant, à la sexualité candidement affirmée mais rassurante. Ce stéréotype n'empêchera pas, avec très peu d'années de retard, le succès européen de « M. M. » vers 1955.

Toutefois, Marilyn Monroe ne se satisfait pas de cette personnalité doublement factice qu'on lui a fabriquée. Elle l'utilise, pour s'affirmer à la fois comme femme et comme actrice, et, pendant moins de dix ans, elle va dominer les écrans, tout en proposant un type féminin détendu (faussement détendu en ce qui la concerne) qui présage d'autres libérations, et qui répond en tout cas à la mentalité de la « génération Kennedy ». Un tel don de sympathie irradie ses prestations que dans l'un de ses rarissimes rôles antipathiques, Niagara (H. Hathaway, 1953), elle inspire tout au plus la pitié. Sa touchante interprétation d'une névropathe (Troublez-moi ce soir, 1952) est limitée par la platitude de la mise en scène. Ses meilleurs rôles relèvent de la comédie (Chérie, je me sens rajeunir de Hawks ; Sept Ans de réflexion et Certains l'aiment chaud de Billy Wilder), éventuellement de la comédie musicale car elle chante et danse fort agréablement (Les hommes préfèrent les blondes, de Hawks ; le Milliardaire, de Cukor).

Elle tente de mettre sur pied sa propre maison de production (1955) et s'attire quelques railleries. Elle décourage certains metteurs en scène par sa volonté même de devenir une grande comédienne, mais le public ne voit en elle qu'un « symbole sexuel » épanoui, d'ailleurs plein de gentillesse, et l'acclame. Sa vie privée ne répond nullement à cette image enjouée qu'elle donne d'elle-même jusque dans les instants émouvants de ses films. La fin des années 50 la voit en proie à de fréquentes dépressions et pertes de mémoire, qu'elle soigne par un excès de barbituriques. Son troisième mariage (avec Arthur Miller) est un nouvel échec, et les Misfits (1961), que Huston dirige sur un scénario de Miller, sera en partie l'histoire même de leur incompréhension. Le film n'est guère une réussite pour elle. Au début du tournage de Something's Got to Give, sous la direction de Cukor, alors qu'elle paraît de nouveau en bonne santé, elle se suicide (le 5 août 1962) dans des conditions qui ont donné lieu à trop d'hypothèses romanesques. Il est intéressant de constater que, même en Europe, où les mœurs et les goûts évoluent plus vite qu'aux États-Unis, les reprises de ses films (après quelques années de « purgatoire ») obtiennent un succès constant, où la nostalgie entre pour fort peu de chose.