Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CASSEL (Jean-Pierre Crochon, dit Jean-Pierre)

acteur français (Paris 1932).

Son nom est inséparable des premiers films de Philippe de Broca : les Jeux de l'amour (1960), le Farceur (1961), l'Amant de cinq jours (id.), Un monsieur de compagnie (1964). Il réussit à imposer l'image d'un jeune premier sympathique, décontracté et bon danseur, mais n'a pas trouvé la comédie musicale française qui lui permettrait de donner toute sa mesure. Il ne s'est pas cantonné dans la comédie légère et a su se montrer grave avec Jean Renoir (le Caporal épinglé, 1962), Luis Buñuel (le Charme discret de la bourgeoisie, 1972), Michel Deville (le Mouton enragé, 1974) et Pierre Kast (le Soleil en face, 1980). Il fait également carrière à l'étranger : les Trois Mousquetaires (R. Lester, 1974), le Crime de l'Orient-Express (S. Lumet, id.). En 1990, il joue le rôle du Docteur Gachet dans le Vincent et Theo de Robert Altman ; on le rencontre ensuite dans Sur la terre comme au ciel (M. Hänsel, 1992), Pétain (J. Marbœuf, 1993), Casque bleu (G. Jugnot, 1994), Prêt-à-porter (R. Altman, id.), la Cérémonie (C. Chabrol, 1995).

CASTEL (Ulv Quarzéll, dit Lou)

acteur italien d'origine suédoise (Bogotá, Colombie, 1943).

Après de brèves études au Centro sperimentale (Rome) et une apparition dans le Guépard (L. Visconti, 1963), il devient le protagoniste du premier film de Marco Bellocchio, les Poings dans les poches (1966), dans le rôle du jeune épileptique qui détruit sa famille et se détruit lui-même. Il reprend ce personnage anarchisant dans Francesco d'Assisi (Liliana Cavani, 1966) et Merci, ma tante (S. Samperi, 1968). Parmi une longue série de films érotiques, policiers, westerns, il apparaît de nouveau dans deux autres films importants de Marco Bellocchio, Au nom du Père (1971) et les Yeux et la Bouche (1982) dans Der Beginn Aller Schrecken ist Liebe (Helke Sander, 1984), l'Île au trésor (R. Ruiz, 1986), Viaggia in Galatina (Gabriella Rosaleva, 1990), I Quatri Cantoni (Fulvio Wetzel, id.), la Naissance de l'amour (Ph. Garrel, 1994).

CASTELLANI (Renato)

cinéaste italien (Finale Ligure 1913 - Rome 1985).

Après des études d'architecture à Milan, il écrit et dirige, pour la radio, le programme « In Lines » (1934). Dans la revue Cinema, à laquelle il collabore, il laisse poindre son penchant pour le formalisme. Il devient coscénariste dès 1938 avec sa participation à L'orologio a cucù, réalisé par Camillo Mastrocinque. Coscénariste et assistant de Blasetti en 1940 dans la Couronne de fer (La corona di ferro), Castellani passe à la réalisation l'année suivante avec l'adaptation d'une nouvelle de Pouchkine, Un coup de pistolet (Un colpo di pistola, 1942), suivi de Zazà (id.). Avec ces deux films, il s'intègre à cette lignée de cinéastes, apparus à la fin du fascisme (Mario Soldati, Alberto Lattuada, Luigi Chiarini), qui se rebellent contre l'esthétique des « téléphones blancs », alors en vogue, grâce au soin extrême qu'ils apportent au cadre, aux décors, aux costumes dans leurs œuvres, volontiers irréalistes et situées dans le passé. On les nomme les « calligraphes ».

Après un film mineur (La donna della montagna, 1944), il aborde le néoréalisme avec Mon fils professeur (Mio figlio professore, 1946), histoire d'un surveillant d'école qui sacrifie tout à la carrière de son rejeton. C'est avec ses trois créations suivantes que Castellani contribue, d'une manière personnelle, au cinéma italien d'après-guerre. Les deux premiers films : Sous le soleil de Rome (Sotto il sole di Roma, 1948) et Printemps (È primavera, 1950) font peu appel aux acteurs professionnels et leur scénario s'élabore à partir de la description minutieuse des actes des protagonistes. Sous le soleil de Rome — une escapade juvénile qui conduit au crime — prend pour modèle des éléments documentaires fournis par Fausto Tozzi sur la vie des jeunes issus des couches populaires. Printemps se rapproche, par son souci d'objectivité, de Dimanche d'août (Domenica d'agosto, 1950) de Luciano Emmer. Ces films, qui sont plus descriptifs qu'engagés, préfigurent notamment le cinéma-vérité. Dans Deux Sous d'espoir (Due soldi di speranza, 1952), Castellani décrispe la difficile insertion sociale et affective d'un jeune démobilisé par le recours au comique : on emploie volontiers le terme de « néoréalisme rose » à propos de ce film. Sur cette lancée, la fameuse série des Pain, amour..., ébauchée par Comencini en 1953, contribue à réduire l'authenticité de Deux Sous d'espoir : il faut attendre la fin de la décennie pour qu'apparaisse une véritable comédie à l'italienne. Avec Roméo et Juliette (Giulietta e Romeo, 1954), Castellani revient au formalisme, à la « calligraphie » de ses premières compositions : les costumes, conçus par Leonor Fini, concourent à la réussite plastique du film : la dernière œuvre originale de son auteur. Le cinéma italien change, Castellani, venu peut-être trop tôt, ne parvient pas à imposer un style vraiment personnel. Par la suite, il s'attarde encore aux thèmes des années passées : le « néoréalisme rose » (I sogni nel casseto, 1957), le film social noir (l'Enfer dans la ville [Nella città l'inferno], 1958 ; Il brigante, 1961), sans réussir à être convaincant. Il tourne également la Mer à boire (Mare matto, 1963), Tre notti d'amore (sketch : La vedova, 1964), Controsesso (sketch : Una donna d'affari, id.), Sotto il cielo stellato (1966), Fantômes à l'italienne (Questi fantasmi, 1967), Brève Saison (Una breve stagione, 1969), Leonardo Da Vinci (RAI-TV, 1972).

CASTELLITO (Sergio)

acteur italien (Rome 1953).

Interrompant ses études pour se lancer dans le théâtre, Castellito apparaît aussi au cinéma à partir de 1982. C'est toutefois en 1986 qu'il se fait connaître réellement en participant aux débuts de trois jeunes réalisateurs, Marco Colli (Giovanni senzapensieri), Claudio Sestieri (Dolce assenza) et Felica Farina (Il semble mort... seulement évanoui). Il offre à ces trois auteurs une personnalité toute en nuances tragi-comiques. Actif également à la télévision avec un personnage de juge très apprécié du public dans une série télévisée, Un cane sciolto (1989-1991), Castellito devient un peu l'acteur préféré d'une génération de cinéastes italiens (Giancaldo Soldi, Amanzio Todini, Ricky Tognazzi, Vittorio Sindoni, Carlo Verdone, Francesco Calogero). On l'a vu aussi sous la direction d'Ettore Scola (la Famille, 1987), de Mario Monicelli (Rossini ! Rossini !, 1991), de Marco Ferreri (la Chair, 1991). En 1993, il est le psychiatre attentif de la Grande Citrouille de Francesca Archibugi. En France, où il est également apprécié, il a joué notamment dans le Grand Bleu (L. Besson, 1988) et dans Alberto Express (Arthur Joffé, 1990). Il poursuit sa carrière au niveau international, participant à des films tels Marchand de rêves (G. Tornatore, 1995), le Cri de la soie (Y. Marciano, 1996), Hotel paura (R. De Maria, 1996), Silenzio si nasce (G. Veronesi, 1996), Quadrille (V. Lemercier, 1997), Que la lumière soit (A. Joffé, 1998), À vendre (L. Masson, 1998), Martha (S. Nettelbeck, 2000), Va savoir ! (J. Rivette, 2000), ou Concurrence déloyale (E. Scola, 2001). En 1999, il signe son premier film en tant que metteur en scène, une comédie intitulée Libero Burro.