Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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LAINE (Edvin Armas Bovellán, dit Edvin)

cinéaste finlandais (Iisalmi, Russie, 1900 - Helsinki 1989).

Connu pour son activité théâtrale, Laine est aussi l'auteur de plus de trente longs métrages depuis 1943, et notamment du film le plus célèbre de l'histoire du cinéma finlandais, Soldats inconnus (Tuntematon sotilas, 1955), adaptation cinématographique superbe, touchante en même temps que pleine d'humour, du roman de Väinö Linna, qui évoque le double conflit russo-finlandais de 1939 et 1941. Laine pèche toutefois par ce qui fait aussi sa force : un certain monolithisme, tant de la mise en scène que de la structure narrative, qui fait que son œuvre est plus méritoire que réellement inspirée. Au cours des années 60 et 70, il met encore en scène des épopées comme Ici, sous l'étoile polaire (Täällä Pohjantähden alla, 1968), Axel et Élina (Akseli ja Elina, 1970) et Confiance (Luottamus, 1976, CO : Viktor Tregoubovitch ; URSS). Parmi ses principaux films, citons encore À l'ombre des barreaux (Ristikon varjossa, 1945), le Prix d'une nuit (Yhden yön hinta, 1952), Après le péché originel (Jälkeen syntiinlankeemuksen, 1953), l'Amour noir (Musta rakkaus, 1957), à nouveau adapté d'un roman de Väinö Linna, et le Fermier a une femme (Akallinen mies, 1986).

LAJOURNADE (Jean-Pierre)

cinéaste français (Pau 1937 - Paris 1976).

Il passe par l'IDHEC. De 1962 à 1968, il travaille à l'ORTF. À la suite de quoi il réalise deux longs métrages, le Joueur de quilles (1968) et la Fin des Pyrénées (1971), et quatre courts métrages. Proche de tout un courant moderniste dans le 7e art indépendant français des années 60 qui réunit des gens comme Philippe Garrel, Patrick Deval, Jackie Raynal, etc., Jean-Pierre Lajournade pratique un cinéma déconstruit quant à la forme et violemment anti-institutionnel sur le fond. Son court métrage Droit d'asile (1969) est interdit quelque temps par la censure. Le Joueur de quilles et Cinéma, cinéma (1968) interrogent les modes de représentation mêmes du film. Pour sa dernière création, la Fin des Pyrénées, l'auteur bénéficie d'un budget plus important que par le passé, ce qui n'empêche par l'œuvre d'être un véritable manifeste de désespoir et de nihilisme.

LAKE (Constance Ockleman, dite Veronica)

actrice américaine (New York, N. Y., 1919 - Burlington, Vt., 1973).

Elle débute sous le nom de Constance Keane et, en la dirigeant dans Forty Little Mothers (1940), Berkeley remarque que, retombant sur son visage, ses mèches ajoutent à son charme. Mais, avec les Cavaliers du ciel (I Wanted Wings, M. Leisen, 1941), elle trouve à la fois son nouveau nom d'actrice et la physionomie qui va pendant quelques années la ranger au nombre des grandes stars : ses longs cheveux blonds cachent son œil droit, suscitant une mode bizarre (et dangereuse) mais conférant à sa physionomie sculpturale le mystère propre aux femmes fatales d'autrefois. Elle incarnera de belles prédatrices dans le Tueur à gages (F. Tuttle, 1942), la Clé de verre (S. Heisler, id.), le Dahlia bleu (G. Marshall, 1946), transportant même cette image maléfique hors du film noir, jusque dans le western Femme en feu (Ramrod, A. De Toth, 1947), la chronique guerrière, les Anges de miséricorde (So Proudly We Hail, M. Sandrich, 1943) ou l'aventure exotique (Trafic à Saigon [Saigon], Leslie Fenton, 1948). Quoiqu'elle sache s'adapter à la comédie amère (les Voyages de Sullivan de Preston Sturges, 1942) ou légère (Ma femme est une sorcière de R. Clair, id.) et compose avec Alan Ladd un couple cinématographique intéressant, l'étroitesse de son personnage met vite fin à une carrière fondée sur trop d'artifice, au détriment d'un sobre talent. Elle disparaît des écrans au début des années 50 et connaît alors une existence difficile, voire misérable, loin des feux de la rampe d'Hollywood. Sous le titre de Veronica, l'actrice publie son autobiographie en 1971. Elle fut l'épouse du réalisateur André De Toth de 1944 à 1952.

LAKHDAR HAMINA (Mohamed)

cinéaste algérien (M'sila, Constantine, 1934).

Renvoyé d'à peu près toutes les écoles, ou des lycées, il rallie la résistance algérienne, fait un stage aux Actualités tunisiennes (1958), puis s'inscrit à l'Institut du cinéma de Prague (FAMU) en 1959. Spécialisé dans la prise de vues, il tourne quelques courts métrages et travaille de nouveau à Tunis, comme opérateur de Jamal Chanderli notamment (Yasmina, 1961 ; les Fusils de la liberté, 1962). Directeur des Actualités algériennes (OAA) dès 1963 et jusqu'en 1974, il tourne lui-même les premiers journaux et les premiers reportages. Le Vent des Aurès (1966), long métrage relatant avec une sobre intensité la quête par une mère, de camps en casernes, de son fils arrêté et qui sera exécuté, marque de fait la naissance du cinéma algérien et quelle va être, pour plus d'une décennie, l'orientation essentielle de sa thématique. Si Hassan « Terro » (1967) reprend la guerre de libération pour sujet, c'est sous l'angle de la comédie qu'interprète Rouiched, l'auteur de la pièce — notons qu'à l'exception de ce film Lakhdar Hamina est son propre scénariste. Décembre (1972), avec Ali Kouiret et Michel Auclair — les dialogues sont de Georges Arnaud —, est un face-à-face humaniste entre le terroriste et l'officier. Palme d'or en 1975 à Cannes, la fresque ambitieuse et souvent superbe qu'est Chronique des années de braise suscite, par son budget avoué, une polémique sur la répartition des moyens entre les cinéastes. L'État doit-il cautionner une politique de prestige ? Le succès relatif du film (les ventes n'ont pas, de loin, atteint ce qu'on avait pu espérer) condamne Lakhdar Hamina à un retrait (ce n'est qu'en 1982 qu'il tourne Vent de sable). Quels que soient les défauts d'une œuvre au lyrisme flamboyant, les qualités du Vent des Aurès s'y retrouvent non seulement dans le traitement plastique des paysages et des mouvements de foule, où l'on décèle les reflets des lyriques soviétiques ou américains, mais aussi dans une constante : l'exaltation de la terre algérienne. En 1985, il signe la Dernière Image. ▲

LALOUX (René)

cinéaste français d'animation (Paris 1929).

Dessinateur, peintre et marionnettiste, il se tourne vers le cinéma et signe en 1960 les Dents du singe, en 1964 les Temps morts et en 1965 les Escargots (ces deux CM en CO avec le dessinateur Roland Topor). Soucieux d'élargir le cinéma d'animation à un large public, dépassant celui des enfants, il réalise trois longs métrages de science-fiction ; les deux premiers, d'une grande qualité plastique, tirés de romans de Stefan Wul : la Planète sauvage (1973), d'après des dessins de Topor, qui, récompensé à Cannes, reçoit un très bon accueil de la critique comme du public, et les Maîtres du temps (1982), conte fantastique filmé d'après des dessins de Moebius ; le troisième, plus décevant : Gandahar (1988), d'après un texte de J.- P. Andrevon et des dessins de Caza.