Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GRIFFITH (Melanie)

actrice américaine (New York, N.Y., 1957).

Fille de l'actrice Tippi Hedren, elle a débuté très jeune en adolescente aguicheuse dans la Fugue (A. Penn, 1975), où il était impossible de ne pas la remarquer. Presque dix ans plus tard, on la retrouve, très sexy, dans Body Double (1984, B. De Palma). Mais c'est surtout dans sa prestation remarquable, tantôt agressive, tantôt fragile, mi-Louise Brooks, mi-Grace Kelly, de Dangereuse sous tout rapport (J. Demme, 1987) que la critique l'adopte. Le public, quant à lui, lui fait un très grand succès personnel dans Working Girl (M. Nichols, 1989). Mal avisée, elle a joué dans beaucoup de films qui ne la méritaient pas. Elle dépend de son metteur en scène et demande à être dirigée avec soin : ainsi, elle est excessivement hystérique dans le Bûcher des vanités (1990, B. De Palma), mais admirablement nuancée dans Une étrangère parmi nous (S. Lumet, 1992). La sympathie du public et de la critique lui semble pourtant acquise. C'est pour cela qu'on regrette de la voir confinée, même avec intelligence, aux utilités dans les Hommes de l'ombre (Mulholland Falls, Lee Tamahori, 1996) ou dans Lolita (id., A. Lynne, id.). Toutefois, Woody Allen pour un rôle court et brillant (Celebrity, 1998), Larry Clark pour une composition forte (Another Day in Paradise, id.) et son mari Antonio Banderas pour un rôle principal (la Tête dans le carton à chapeau, Crazy in Alabama, 1999) ont su faire appel à ce qu'il y avait de meilleur en elle, émotion et drôlerie.

GRIFFITH (Raymond)

acteur, scénariste et producteur américain (Boston, Mass., 1890 - Los Angeles, Ca., 1957).

Excellent acteur de comédies et parfois de films dramatiques entre 1914 et 1930, il tient la vedette dans un classique méconnu Hands Up (C. Badger, 1926) et interprète le rôle du soldat français qui meurt dans une tranchée dans À l'Ouest rien de nouveau (L. Milestone, 1930). Mais il se voit obligé de renoncer à jouer par suite d'une affection vocale. Il seconde alors son ami, le jeune Darryl F. Zanuck. D'abord à la Warner Bros, il est associé à la production des Chercheuses d'or de 1933 (M. LeRoy, 1933) puis à la Twentieth Century Fox, il est attaché aux grandes productions de Zanuck pour ce studio, jusqu'en 1940, mettant parfois la main au scénario, sans être mentionné au générique.

GRIGNON (Marcel)

chef opérateur français (Paris 1914 - id. 1990).

D'abord cameraman, il débute comme codirecteur de la photographie, aux côtés de Georges Stilly, dans Frères corses, de Géo Kelber (1938). Après la guerre, on le retrouve au générique de plus d'une centaine de films, de la Tentation de Barbizon (Jean Stelli, 1946) à Salut, j'arrive (Gérard Poteau, 1982), en passant par la Septième Porte (A. Zwobada, 1946), Un grand patron (Y. Ciampi, 1951), Rue de l'Estrapade (J. Becker, 1953), Une Parisienne (M. Boisrond, 1957), Rafles sur la ville (P. Chenal, 1958), les Liaisons dangereuses 1960 (R. Vadim, 1959), la Proie pour l'ombre (A. Astruc, 1961), etc. C'est un des bons artisans de la « qualité française » des années 50 et au-delà.

GRIGORIOU (Grigoris)

cinéaste grec (Athènes 1919).

Après des études de droit, puis d'art dramatique, il décide de se consacrer au cinéma et adapte un roman de G. Xenopoulos, Rocher rouge (Fotini Santri, 1949), avec un succès encourageant. Mais la Grèce se relève difficilement des années de guerre. Après 'Tempête au phare' (Thiella sto faro, 1950), les conditions techniques de réalisation et de distribution font un échec de Pain amer (Pikro psomi, 1951), qui marque pourtant l'origine d'un courant néoréaliste auquel Grigoriou veut être fidèle, même dans le ton de la comédie villageoise avec ‘l'Enlèvement de Perséphone’ (I Arpagi tis Persefonis, 1956), et même lorsqu'il aborde des thèmes plus légers — ‘Bonjour Athènes’ (Kalimera Athinai, 1960) — et le musical : ‘201 canaris’ (Ta 201 kanarinia, 1964), sur une partition et des lyrics de Georges Katsaros. Dans ces années dominées par la vulgarité et les films « fustanelle », il représente la veine tantôt douce-amère, tantôt mélodramatique de ce qu'on appelle, à tort ou à raison, l'École athénienne. Défenseur du réalisme grec à l'École supérieure du cinéma, il a tourné plus d'une trentaine de films en application et dans les limites de son enseignement.

GRILO (João Mário)

cinéaste portugais (Figueira da Foz 1958).

Pendant ses études universitaires à la Faculté d'économie de Coimbra, il est critique de cinéma et animateur de ciné-club et commence dans le milieu des années 70 à tourner des films en Super 8, dont Maria (1979) son premier long métrage, histoire d'une famille portugaise hantée par son propre passé. Entretemps il abandonne la Faculté d'économie pour s'inscrire à celle de sociologie à Lisbonne. En 1982 il réalise A Estrangeira, présenté en compétition au Festival de Venise, où le thème de la mémoire revient. Son troisième film le Procès du roi (O Proceso do Rei, 1989) sur un fait capital de l'Histoire du Portugal, reçoit le Prix Spécial du Jury au Festival de Berlin. Il réalise ensuite A Terra/OFim do Mundo (épisode de la série Os Quatros Elementos, 1992) chronique d'un crime rural, tiré d'un fait divers, les Yeux d'Asie (Os Olhos da Àsia, 1996) sur le martyre des Jésuites au Japon du XVIIe siècle, et Loin des yeux (Longe da vista, 1998), histoire d'un mensonge et d'un détenu qui ne veut pas se rendre à la solitude. Cinéaste intellectuel, qui fait des marges son lieu privilégié d'observation - comme si de ces regards périphériques on pouvait mieux comprendre le monde - Grilo interprète le cinéma comme une réflexion sur le sujet de la communication, soit-elle communication de la mémoire personnelle, de l'histoire officielle ou d'un fait divers.

GRIMALDI (Alberto)

producteur italien (Naples 1925).

En 1962, il fonde la PEA (Produzioni Europee Associate), pour laquelle il produit un des tout premiers westerns italiens, I tre implacabili (J. R. Marchent, 1963). Il donne à Sergio Leone les grands moyens pour créer ses sagas de l'Ouest : ... Et pour quelques dollars de plus (1965) ; le Bon, la Brute et le Truand (1966). Il produit ensuite des films d'auteur ambitieux et spectaculaires, dont Queimada (G. Pontecorvo, 1969), le Dernier Tango à Paris (B. Bertolucci, 1972), 1900 (id., 1976), Casanova (F. Fellini, id.) et les quatre derniers films de Pasolini (le Décaméron, 1971 ; les Contes de Canterbury, 1972 ; les Mille et Une Nuits, 1974 ; Salò, 1976). Malgré la crise économique qui le force à réduire ses budgets, il continue à produire des œuvres qui se veulent originales : Voyage avec Anita (M. Monicelli, 1979) ; Rosy la Bourrasque (id., 1980).