Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KUVEILLER (Luigi)

chef opérateur italien (Rome 1927).

Il débute en 1945 comme assistant opérateur et, dès 1955, il travaille comme cameraman pour le chef opérateur Aldo Tonti. En 1966, il dirige la photo de À chacun son dû : dans ce film et dans les suivants d'Elio Petri (Un coin tranquille à la campagne, 1968 ; Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, 1970 ; La classe ouvrière va au paradis, 1971 ; La propriété n'est plus un vol, 1973 ; Todo modo, 1976), il crée une réalité violemment déformée aux couleurs voyantes. Parmi la cinquantaine de films auxquels il a participé, on se souvient particulièrement des images crues et apocalyptiques de Fräulein Doktor (A. Lattuada, 1969), la banlieue brumeuse d'Un vrai crime d'amour (L. Comencini, 1974), la Toscane glaciale de Mes chers amis (M. Monicelli, 1975), et surtout l'île d'Ischia ensoleillée et romantique d'Avanti ! (B. Wilder, 1972).

Autres films :

Una spina nel cuore (Lattuada, 1985), Via Montenapoleone (C. Vanzina, 1986), Codice privato (F. Maselli, 1988), Scandale secret (M. Vitti, 1990).

KVIRIKADZE (Irakli)

cinéaste géorgien (Tbilissi 1939).

Diplômé du V.G.I.K. (cours de Tchoukhrai) en 1968, il travaille pour les studios de la télévision géorgienne pendant cinq ans tout en tournant plusieurs documentaires et un téléfilm la Jarre (Kvevri, 1970) d'après Pirandello qui est très remarqué par un parti pris d'ironie et de burlesque qui caractérisera également ses films ultérieurs. Dans les studios de Gruzija-Film il signe en 1976 la Petite Ville d'Anara (Gorodok Anara/Kalaki Anara) et en 1981 le Nageur (Ploveč/Mocurave).

Les deux films ouvrent la voie à de nombreuses polémiques : le premier semble irrévérencieux (il brosse une satire de la dégénerescence de l'hospitalité géorgienne), le second est attaqué pour la manière dont il traite le stalinisme et ses victimes. Mais la réputation de Kvirikadze franchit les frontières et le cinéaste se voit primé dans plusieurs festivals. Il mène parallèlement une grande activité de scénariste, notamment pour des films de Nana Djordjadze son épouse (Robinsonnade remporte la Caméra d'or du Festival de Cannes en 1987) et de Valeri Ogorodnikov.

KWAN (Guan Jinpeng, dit Stanley)

cinéaste chinois (Hong Kong 1957).

Il se forme à la télévision (TVB) avant de devenir assistant réalisateur, notamment de Ann Hui pour The Story of Woo Viet (1981) et Boat People (1982). Depuis son premier film, Femmes (Nüren xin, 1985), il centre toute son œuvre sur des personnages féminins auxquels il s'identifie. Après Love unto Waste (Dixia qing, 1986), il réalise l'histoire de fantômes, Rouge (Yanzhi kou, 1987), puis Full Moon in New York (Ren zai nyuyua, 1989) avec Maggie Cheung, qui est aussi l'héroïne de Centre Stage (Ruan Lingyu, 1991), film sur le mythe de la star légendaire des années 30, Ruan Lingyu. En 1994, il adapte un célèbre roman de Chang Eileen avec Red Rose, White Rose (Hong meigui, bai meigui, 1994). Il interroge ensuite de nombreux cinéastes chinois pour le documentaire Yang Yin : Gender in Chinese Cinema (1996), produit par le British Film Institute. Au moment de la rétrocession de Hong Kong en 1997, il tourne un nouveau documentaire, très intime : Personnal Memoir of Hong Kong : Still Love You After All These. Hold You Tight (Yue kuai le, Yue duo luo, 1998), imbriquant les histoires de cinq personnages en prise à des sentiments amoureux contradictoires, marque son retour à la fiction. Il réalise The Island Tales (You shi tiaowu, 1999) et Lan Yu (id., 2001).

KWAN Tak-Hing

acteur chinois (prov. du Guangdong 1905 - Hong Kong 1996).

Formé à l'opéra cantonais, il débute au cinéma en tant que chanteur d'opéra dans les Vagues d'amour de la chanteuse (Gor Nui Ching Chiu, 1933). Ce film, le premier parlant tourné en cantonais, lui confère une très forte popularité. Mais son nom est d'abord associé au film de kung-fu et au personnage de Wong Fei-Hung, une figure historique du XIX ème siècle. Il est le héros de l'Histoire de Wong Fei-Hung (Hu Peng, 1949) et son talent permet de réinventer les films d'arts martiaux, les rapprochant d'un certain réalisme. Dès lors, il multiple les aventures de Wong Fei-Hung, incarnant le docteur plus de cent fois en trente ans, au point de devenir ce personnage aux yeux du public hongkongais. À plus de soixante-quinze ans, il dispose encore d'une technique exceptionnelle pour jouer dans The Magnificient Butcher (Yuen Woo-Ping, 1979) et The Magnificient Kick (Daniel Lau, 1980). Il apparaît une dernière fois dans Dreadnaught (Yuen Biao) en 1981.

KYO (Machiko)

actrice japonaise (Osaka 1924).

D'abord danseuse de music-hall au Tokyo Nippon Gekijo, elle y est « découverte » par Masaichi Nagata, qui en fera rapidement une vedette de la Cie Daiei, et un des tout premiers sex-symbols du cinéma japonais d'après guerre. On la remarque dans un rôle de type Lolita dans l'Amour d'un idiot (Chijin no ai, Keigo Kimura, 1949 ; d'après Tanizaki), mais c'est évidemment par son rôle de la femme de Masayuki Mori dans Rashomon (A. Kurosawa, 1950) qu'elle se fait connaître en Occident. Suit une carrière prolifique (près de cent films) où son image de séductrice se double de celle d'une véritable actrice. Elle s'impose notamment dans Sous des parures de soie (Yoshimura, 1951), dans le rôle d'une geisha moderne qui lui vaut le prix d'interprétation féminine du journal Mainichi. Superstar de la Daiei, avec plus tard Ayako Wakao, elle tourne sans arrêt, mais c'est surtout par les films de Mizoguchi qu'elle atteint au sommet de son talent : les Contes de la lune vague après la pluie (1953), l'Impératrice Yang-Kwei-Fei (1955) et la Rue de la honte (1956), où elle incarne Mickey, la prostituée américanisée. Elle joue également dans les films à costumes présentés en Occident, notamment la Porte de l'enfer (T. Kinugasa, 1953), les Contes de Genji (K. Yoshimura, 1951), la Belle et le Voleur (Bijo to tozoku, Kimura, 1952), la Princesse Sen (Sen-hime, id., 1954), la Légende du Grand-Bouddha (Kinugasa, 1952). Sa réputation internationale lui permet d'être choisie dans la production américaine de Daniel Mann (la Petite Maison de thé, 1956), aux côtés de Marlon Brando. Par la suite, elle jouera plusieurs rôles de comédie, surtout avec Ichikawa (l'Étrange Obsession, 1959 ; Bonchi, 1960), en alternance avec des films dramatiques : Herbes flottantes (Y. Ozu, 1959), Douce Sueur (S. Toyoda, 1964), le Visage d'un autre (H. Teshigahara, 1966), Nuée d'oiseaux blancs (Y. Masumura, 1969). Elle poursuit sa carrière essentiellement au théâtre et à la télévision, depuis la faillite de la Daiei, sauf exception : Une famille splendide (Kareinaru Ichijoku, Satsuo Yamamoto, 1974), Maquillages (Kesho, Kazuo Ikehiro, 1985).