Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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STELLING (Jos)

cinéaste néerlandais (Utrecht 1945).

Ce cinéaste inclassable s'est fait connaître par un film baroque situé à la fin du Moyen Âge, Mariken van Nieumeghen (1974), puis par son ambitieux Rembrandt fecit 1669 (id., 1977), tentative de recréation de l'univers du peintre en même temps que biographie filmée, où l'auteur (également producteur) tente parfois de donner un équivalent cinématographique ou métaphorique aux tableaux de son personnage décrit dans sa banalité quotidienne comme un anti-héros. Après The Pretenders (id., 1981), qui connut un certain succès international, l'Illusionniste (De Illusionist, 1984) relève d'une approche complexe, surréalisante, où la satire des stéréotypes hollandais se fond dans un récit mêlant le rêve et la réalité, le drame et la poésie. Moins foisonnant, plus rigoureux, l'Aiguilleur (De Wisselwachter, 1986) crée un univers à la Samuel Beckett dans un décor dépouillé, et met en scène de manière très inventive un petit nombre de protagonistes insérés dans un récit d'une grande simplicité – une démarche qui se retrouve dans De Wachtkammer (1995). No Trains, no Planes est un autre récit d'une grande sobriété, décrivant une journée de la vie dans un café.

STEMMLE (Robert Adolf)

scénariste et cinéaste allemand (Magdebourg 1903 - Baden Baden 1974).

Metteur en scène de théâtre et dramaturge, il devient scénariste et cinéaste dès 1933, en commençant par collaborer avec Luis Trenker, puis Gustav Froelich. Suivent, jusqu'à la fin de la guerre, plus de 40 films dont il écrit le sujet, signant aussi, parfois, la réalisation ; on citera, entre autres : l'Enlèvement des Sabines (Der Raub des Sabinerinnen,1936) ; Mann für Mann (1939) ; Jungens (1941) — ces deux derniers épousant l'idéologie du IIIe Reich. Ces œuvres à succès paraissent exclure toute surprise dans une filmographie sans ambition, lorsque Stemmle apparaît au générique d'un film relatant un procès antisémite de 1926 : l'Affaire Blum (Erich Engel, 1948), comme scénariste, et surtout de Ballade berlinoise (Berliner Ballade, id.), comme metteur en scène, où il brosse avec un talent satirique le portrait d'une ville en ruine où est déjà évoquée la future coupure de la métropole en deux zones. Cette réussite restera isolée. Stemmle poursuivra sa carrière en signant de nombreux divertissements anodins et un remake du film de Lamprecht Emil et les détectives (Emil und die Detektive, 1954). En 1960, il écrit le scénario de Mein Schulfreund de Robert Siodmak, puis, en 1964, celui des Cavaliers rouges, western à la Karl May, réalisé par H. Fregonese. À partir de 1965, il collabore constamment — et abondamment — avec la télévision.

STEN (Annel Stenskaia, dite Anna)

actrice américaine d'origine russe (Kiev, Russie, 1900 - New York 1993).

Cette très belle actrice, fille d'un maître de ballet russe et d'une suédoise, commence sa carrière au théâtre avec Stanislavski, puis au cinéma dans des films remarquables comme la Jeune Fille au carton à chapeau (B. Barnet, 1927), la Maison de la place Troubnaia (id., 1928), l'Aigle blanc (Y. Protazanov, id.), ou Tempête sur l'Asie (V. Poudovkine, id.). Émigrée en Allemagne, elle surprend dans le rôle de Grouchenka des Frères Karamazov (F. Ozep, 1931) et dans deux autres productions à succès : le Capitaine Craddock (Bomben auf Monte-Carlo, Hanns Schwarz, id.) et Salto mortale (id., E. W. Dupont, id.). Samuel Goldwyn la remarque et souhaite en faire sa vedette internationale, mi-Garbo mi-Marlene. Il ne s'épargne aucune peine pour Nana (D. Arzner, 1934) : gênée par son accent et par un rôle édulcoré au-delà du possible, Anna Sten n'accroche pas l'intérêt du public américain. Goldwyn persiste avec deux très belles productions où l'actrice est bien plus à l'aise : une spectaculaire adaptation de Résurrection (R. Mamoulian, 1934) de Tolstoï et un grand mélodrame de King Vidor, Soir de noces (1935), où Gary Cooper lui donnait la réplique. Mais Anna Sten laissait toujours l'Amérique indifférente. Elle continua à tourner, son nom de plus en plus discret dans les génériques.

STENO (Stefano Vanzina, dit)

cinéaste et scénariste italien (Rome 1915 - id. 1988).

Il étudie le droit et suit les cours du Centro Sperimentale. Rédacteur du journal satirique Marc'Aurelio, il collabore aux scénarios des films de Mario Mattoli pour le comique Macario : Lo vedi come sei ? (1939), Imputato, alzatevi ! (id.). Il travaille ensuite à plusieurs films de Mattoli, Freda, Matarazzo, souvent en tandem avec Mario Monicelli. Les deux partenaires débutent ensemble dans la mise en scène avec Au diable la célébrité (Al diavolo la celebrità, 1949), suivi par six autres films, dont la comédie Gendarmes et Voleurs (Guardie e ladri, 1951). Steno dirige ensuite, tout seul, le premier film italien en couleurs, Totò a colori (1952), désopilant kaléidoscope de gags écrits pour Totò. Sur sa lancée, il va tourner plus de 60 films, essentiellement des comédies ou des parodies de grand succès, conçues pour les comiques en vogue et souvent assez brillamment réalisées, dont L'uomo, la bestia e la virtù (1953), Drôles de bobines (Cinema d'altri tempi, id.), Un americano a Roma (1954), Piccola posta (1955), les Week-ends de Néron (Mio figlio Nerone, 1956), Susanna tutta panna (1957), Totò nella luna (1958), Les temps sont durs pour les vampires (Tempi duri per i vampiri, 1959), Psycosissimo (1961), I gemelli del Texas (1964), Un Mostro e mezzo (1965), Arriva Dorellik (1968), Il trapianto (1970), Cose di Cosa Nostra (1971), Piedone lo sbirro (1973), La poliziotta (1974), Il padrone e l'operaio (1975), L'Italia s'è rotta (1976), Doppio delitto (1977), Amori miei (1978), Dottor Jekyll e gentile signora (1979), La patata bollente (id.), Fico d'India (1980), Banana Joe (1982), Mi faccia causa (1985), Animali metropolitani (1987). Il a signé sous son vrai nom La polizia ringrazia (1972), un film policier insolite, et Anastasia mio fratello (1973).

ŠTĚPÁNEK (Zdeněk)

acteur tchèque (Tvoršovice u Benešova, Bohême, 1896 - Prague 1968).

Grand acteur de théâtre, robuste, véhément, impétueux, il s'impose essentiellement à la scène mais interpète aussi à l'écran plusieurs rôles marquants. On se souvient notamment de ses prestations dans ‘ Saint Venceslas ’ (Svatÿ Václav, J. S. Kolar, 1929) ; ‘ le Redressement de Ferdyš Pištora ’ (Obrácení Ferdyše Pištory, Josef Kodíček, 1931) ; ‘ la Maladie blanche ’ (Bilá nemoc, Hugo Haas, 1937) ; ‘ Virginité ’ (O. Vávra, id.) ; ‘ les Demoiselles de Kutná Hora ’ (id., 1938) ; ‘ Rosina la bâtarde ’ (id., 1945) ; ‘ Mikoláš Aleš ’ (id., Václav Krška, 1951) ; ‘ la Lune sur la rivière ’ (Měsíc nad řekou, id., 1953) ; Jan Hus (Vávra, 1955) ; ‘ Jan Žižka ’ (id., 1956) ; ‘ le Citoyen Brych ’ (id., 1958) ; Transport au paradis (Z. Brynych, 1962) ; le Signe du Cancer (J. Herz, 1966).