Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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TOUSSAINT (Jean-Philippe)

écrivain et cinéaste belge (Bruxelles 1957).

Romancier habile dans la description de personnages dont le décalage par rapport aux normes et aux cadres de la société peut engendrer une amère cocasserie, il adapte avec le réalisateur John Lvoff un de ses livres : la Salle de bains (1985). Sa première réalisation, en noir et blanc, Monsieur (1989), semble désigner en lui un héritier de Jacques Tati dans sa description des travers de la vie contemporaine, et il se dégage d'un fond surréel une angoisse qui ne doit rien à la littérature. Autre adaptation d'un de ses romans, la Sévillane (1992) est une œuvre aux dialogues aussi brillants que le traitement des couleurs, où se mêlent une description placide du dérisoire dans les relations humaines et une forme de burlesque désenchantée. La Patinoire (1998), sur un scénario original cette fois, développe les mêmes caractéristiques tout en analysant les rapports de pouvoir dans le cadre du tournage d'un film auquel contribue une équipe de hockey.

TOUTAIN (Roland)

acteur français (Paris 1905 - Argenteuil 1977).

Il restera dans les mémoires essentiellement pour avoir interprété le jeune journaliste Rouletabille (le Mystère de la chambre jaune, M. L'Herbier, 1931 ; le Parfum de la dame en noir, id., id. ; Rouletabille aviateur, I. Székely, 1932) et aussi l'aviateur de la Règle du jeu (J. Renoir, 1939). Il a pourtant beaucoup joué sans parvenir à imposer vraiment son personnage de sportif et d'acrobate, souriant et blagueur, habitué des meetings d'aviation. On le retrouve dans Liliom (F. Lang, 1934), l'Équipage (A. Litvak, 1935), Jenny (M. Carné, 1936), Trois de Saint-Cyr (Jean-Paul Paulin, 1939), Macao, l'enfer du jeu (J. Delannoy, 1942), l'Éternel Retour (id., 1943), parmi nombre d'autres films et des pires. Dans son recueil de souvenirs, Mes quatre cents coups (1951), il a raconté avec verve ses exploits d'amuseur patenté des années 30.

TOVOLI (Luciano)

chef opérateur et cinéaste italien (Massa Maritima 1936).

De l'université de Pise, il passe au Centro sperimentale de Rome, dont il sort diplômé en 1958. De 1960 à 1967, il est opérateur et assure parfois la direction de nombreux reportages et documentaires. Puis il travaille sur des courts métrages et des œuvres de De Seta (Bandits à Orgosolo, 1961), Pialat (Nous ne vieillirons pas ensemble, 1972 ; Police, 1985), Brusati (Pain et Chocolat, 1974), Antonioni (Profession : reporter, 1975), Ferreri (la Dernière Femme, id. ; Rêve de singe, 1978), Zurlini (le Désert des Tartares, 1976), Argento (Suspiria, 1977 ; Ténèbres, 1983), de Chalonge (les Quarantièmes Rugissants, 1981), Liliana Cavani (Derrière la porte, 1982), Scola (Splendor, 1988 ; Quelle heure est-il, 1989 ; le Voyage du Capitaine Fracasse, 1990), Barbet Schroeder (Kiss of Death, 1995). Sa photographie précise, « située », épurée lui vaut plusieurs prix. En 1983, il porte à l'écran une adaptation du roman célèbre de l'Albanais Ismaïl Kadaré, le Général de l'armée morte (Il general dell'armata morta). Dans les années 90, il collabore de nouveau avec des cinéastes comme Barbet Schroeder (Kiss of Death, 1995 ; Before and After, 1996 ; Desperate Measures, 1998), Francis Veber (le Jaguar, 1996 ; le Dîner de cons, 1998 ; le Placard, 2000), Julie Taymor (Titus, 1999) ou Claudia Florio (La regina degli scacchi, 1999 ; Il gioco, 2000).

TOWNE (Robert)

scénariste et cinéaste américain (Panama, Ca., 1936).

Il débute sous la houlette de Roger Corman (la Tombe de Ligeia, 1964) et se fait vite connaître comme l'un des meilleurs « script doctors » d'Hollywood. Parmi ses innombrables collaborations et « polissages » anonymes figurent notamment Bonnie and Clyde (A. Penn, 1966), le Parrain (F. F. Coppola, 1972), Les flics ne dorment pas la nuit (R. Fleischer, 1972) et Frantic (R. Polanski, 1988). Il obtient sa première citation à l'Oscar pour les dialogues, très corsés, de la Dernière Corvée (H. Ashby, 1973) et transforme brillamment l'essai avec un chef-d'œuvre du thriller rétro : Chinatown (R. Polanski, 1974). Il travaille aussi à Shampoo (Ashby, 1975), Yakuza (S. Pollack, 1975), puis réalise Personal Best (1982), qui décrit — avec un succès mitigé — la liaison amoureuse et les problèmes de deux athlètes féminines. Après une nouvelle éclipse, il produit Faux Témoin (Curtis Hanson, 1987) et tourne en 1988 son deuxième long métrage : Tequila Sunrise. En 1996, il co-écrit Mission : Impossible (B. De Palma).

TOYODA (Shiro)

cinéaste japonais (Kyoto 1906 - Tokyo 1977).

Il veut d'abord devenir auteur dramatique, mais, étant entré à la Shochiku en 1925, il finit par s'intéresser au cinéma, et devient assistant réalisateur de Shimazu, par exemple. Il passe à la réalisation en 1929 avec une comédie, ‘ Lèvres peintes ’ (Irodorareru kuchibiru), et tourne plusieurs films intimistes ou littéraires. En 1936, il quitte la Shochiku pour rejoindre la Tokyo Hassei Eiga, et se spécialise dans les adaptations littéraires, une veine qu'il suivra jusqu'à la fin de sa carrière : ‘ Une jeune fille ’ (Wakai hito, 1937), ‘ le Rossignol ’ (Uguisu, 1938) ou ‘ le Printemps d'une petite île ’ (Kojima no haru, 1940) figurent parmi ses meilleures réussites à l'époque. Entré à la Toho en 1942, il s'impose surtout dans les années 50, en adaptant encore des œuvres célèbres de la période Meiji, ou de Taisho et Showa : ‘ les Oies sauvages ’ (Gan, 1953, d'après Ogai Mori), ‘ Relations matrimoniales ’ (Meoto zenzai, 1955, d'après S. Oda), ‘ Un chat, Shozo et deux femmes ’ (Neko to Shozo tu futari no onna, 1956, d'après J. Tanizaki) forment un tableau intéressant de la société japonaise, souvent sur le ton de la comédie satirique douce-amère. En 1957, il filme le célèbre roman de Kawabata, Pays de neige (Yukiguni), avec Keiko Kishi et Ryo Ikebe, présenté à Cannes, mais qui ne sera jamais distribué en France. Le déclin des compagnies dans les années 60 marque aussi celui de Toyoda, qui ne tournera plus que des œuvres sans grande personnalité (‘ Douce Sueur ’ [Amai ase], 1964 ; ‘ Fantômes japonais ’ [Yotsuya kaidan], 1965).

TRACE.

Filet transparent continu, de largeur variable, qui matérialise l'inscription du son sur une piste sonore optique. ( PROCÉDÉS DE CINÉMA SONORE.)