Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SALMAN (Muhammad)

acteur, chanteur, cinéaste libanais (né en 1925).

Ses débuts sur les planches, au théâtre ou au cabaret en Égypte, lui ouvrent les portes des studios tant au Caire qu' à Beyrouth. Il y tourne dès lors, sans discontinuer, feuilletons sentimentaux et musicaux de série avec un succès public constant. Producteur avisé, il se garde de sortir de ses recettes, selon les deux acceptions du mot. Citons, pour mémoire, dans une production abondante, diffusée du Proche-Orient aux salles d'Europe programmées pour les travailleurs immigrés, ‘ la Première Mélodie ’ (al-Lan al-Awwal, 1957) ; ‘ Que l'amour est beau ’ (Ya Salam al-Hubb, 1962) ; ‘ les Aventures de Chouchou ’ (Mughamarat chuchu, 1966).

SALOU (Louis Goulven, dit Louis)

acteur français (Quimper 1902 - Paris 1948).

Acteur raffiné, compagnon des Pitoeff au théâtre, amateur de littérature et de peinture, ami des surréalistes, sa carrière cinématographique se dessine sous l'Occupation. Sa voix, sa silhouette, son masque sec mais mobile, son art de la composition (la Symphonie fantastique, Christian-Jaque, 1942 ; Voyage sans espoir, id., 1943) et, dans les meilleurs cas, sa belle sobriété (les Enfants du paradis, M. Carné, 1945, où il interprète avec beaucoup de superbe le comte Édouard de Montray, amant de Garance) font oublier ce qu'ont de forcé ses personnages du Voyageur sans bagage (J. Anouilh, 1944), de Boule de Suif (Christian-Jaque, 1945) ou des Amants de Vérone (A. Cayatte, 1949). Il a su teinter de son humour très personnel le rôle du pion amoureux dans la Vie en rose (Jean Faurez, 1948).

SALTYKOV (Aleksei) [Aleksej Aleksandrovič Saltykov]

cinéaste soviétique (Moscou 1934).

Diplômé du VGIK en 1961 (classe de Mikhail Romm), il se fait connaître avec Mon ami Kolka (Drug moj, Kol'ka, id., CO A. Mitta), comédie de critique sociale sur le thème de l'éducation des jeunes. Mais il doit sa notoriété à deux films plus ambitieux : le Président (‘ Predsedatel ’, 1965), description très réaliste de la vie kolkhozienne au lendemain de la guerre, dominée par la puissante composition de Mikhail Oulianov, et le Royaume des femmes (Bab'e carstvo, 1967), sur le rôle des femmes dans la vie paysanne. On lui doit encore ‘ la Famille Ivanov ’ (Sem'ja Ivanovyh, 1973), ‘ Emelian Pougatchov ’ (Emel'jan Pugačëv, 1978), ‘ l'Épreuve de l'immortalité ’ (Eksamen na bessmertie, 1984) et Son Excellence le Grand Novgorod (Gospodin Velikij Novgorod, 1985).

SALTZMAN (Harry)

producteur britannique d'origine canadienne (St-John, Nouveau-Brunswick, 1915 - Neuilly-sur-Seine, France, 1994).

Il commence sa carrière en produisant quelques films mineurs et, sous l'égide de la Woodfall, participe à l'éclosion du Free Cinema avec les Corps sauvages (T. Richardson, 1959), le Cabotin (id., 1960), Samedi soir et dimanche matin (K. Reisz, id.). En 1961, il s'associe à Albert R. Brocoli pour produire la série des James Bond. Il fonde ensuite la Lowndes Productions (1965), permet le financement de Falstaff (O. Welles, 1966), lance la série des Harry Palmer, avec Michael Caine dans le rôle de l'anti-James Bond, et mène à bien une superproduction de prestige, la Bataille d'Angleterre (G. Hamilton, 1969).

SALVATORES (Gabriele)

cinéaste italien (Naples 1950).

Lancé par l'Oscar du meilleur film étranger obtenu en 1992 pour Mediterraneo, Salvatores allie le sens du spectacle à une réflexion pénétrante sur les aspirations contradictoires d'une jeunesse post-soixante-huitarde confuse et décalée. Après une longue expérience théâtrale commencée en 1972 avec le théâtre de l'Elfo de Milan, dont il est un des fondateurs, Salvatores adapte pour l'écran un spectacle musical rock inspiré de Shakespeare, Sogno di una notte di mezza estate (1981), dans lequel apparaît Gianna Nannini. Il reste encore lié à ce domaine en réalisant Kamikazen Ultima notte a Milano (1987), sur le milieu des comiques de cabaret. Marrakech Express (1989) marque une rupture avec l'enfermement et le fait partir sur les routes du Maroc en compagnie de quatre Milanais fatigués de la ville et désireux de « changer de vie ». Strada blues (Turnè, 1990) confirme son sens du rythme et son goût pour un humour mêlé de nostalgie ou de tristesse. Mediterraneo (1991), méditation sur l'absurdité de la guerre au travers de l'odyssée d'un groupe de soldats italiens oubliés sur une petite île grecque pendant la dernière guerre mondiale, marque le sommet d'une démarche chaleureuse. Les films suivants, Puerto Escondido (1992), histoire improbable d'un employé de banque réfugié au Mexique, et Sud (1993), histoire tout aussi improbable de contestataires barricadés dans un bureau électoral, déçoivent par leur caractère superficiel et leur absence de personnages attachants. Il participe en tant qu'acteur à La vera vita di Antonio H. (1994) et Il cielo è sempre più blu (A. Grimaldi, 1995), puis retourne derrière la caméra pour réaliser Nirvana (1997), médiocre film fantastique à thématique de jeux vidéo, puis Denti en 2000, un film où se mèle l'amour et la psychanalyse.

SALVATORI (Renato)

acteur italien (Forte dei Marmi 1933 - Rome 1988).

Le cinéaste Luciano Emmer le découvre alors qu'il travaille comme maître nageur dans sa ville natale et lui donne le rôle d'un garçon querelleur dans Le ragazze di Piazza di Spagna (1952). Il interprète ensuite de petits rôles dans des comédies et des films d'aventures, et perfectionne son personnage de voyou romain sympathique dans Pauvres mais beaux (D. Risi, 1956) et ses suites très populaires. Après d'autres rôles comiques (le Pigeon, M. Monicelli, 1958), il est travailleur immigré en Allemagne dans I magliari (F. Rosi, 1959), boxeur déchu dans Rocco et ses frères (L. Visconti, 1960), extraterrestre dans Omicron (U. Gregoretti, 1964). Son physique massif trouve des emplois efficaces dans des œuvres ambitieuses comme les Camarades (M. Monicelli, 1963), le Harem (M. Ferreri, 1967), Z (Costa-Gavras, 1969), Queimada (G. Pontecorvo, id.), le Professeur (V. Zurlini, 1972), État de siège (Costa-Gravas, 1973), Una breve vacanza (V. De Sica, id.), le Soupçon (F. Maselli, 1975), Flic Story (J. Deray, id.), Cadavres exquis (F. Rosi, 1976), Todo modo (E. Petri, id.), la Dernière Femme (Ferreri, id.), Armaguedon (A. Jessua, 1977), Ernesto (S. Samperi, 1979), La luna (B. Bertolucci, id.), Oggetti smarriti (Giuseppe Bertolucci, id.), La cigala (A. Lattuada, 1980), la Tragédie d'un homme ridicule (B. Bertolucci, 1981). Il a été marié à Annie Girardot.