Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MONTAGE. (suite)

Cutting, editing, montage.

L'anglais dispose de plusieurs termes là où le français dispose seulement de « montage » : cutting pour désigner l'activité matérielle de coupe et de collage ; editing pour désigner l'activité intellectuelle et créative (au générique, editor est l'équivalent de « monteur ») ; montage (emprunté au français) pour désigner le montage en tant qu'élément du langage cinématographique, final cut pour désigner la prise de décision du montage négatif définitif à partir de laquelle plus aucune modification ne pourra être opérée.

Films de montage.

On appelle film de montage un film dont la bande image est entièrement réalisée en salle de montage (à l'exception près des trucages, titres, etc.) à partir d'éléments préexistants : documents d'archives, bandes d'actualités, anciens films, films d'amateur, etc., éventuellement complétés par des documents ou interviews réalisés pour l'intelligibilité ou le style de l'œuvre.

Montage cinématographique et vidéo.

Avant l'apparition du montage virtuel, le montage vidéo se pratiquait uniquement par recopie d'un support sur un autre, c'est-à-dire d'une bande magnétique sur une autre.

Téléfilms.

Encore, aujourd'hui, les téléfilms, programmes destinés à être uniquement diffusés en télévision, sont majoritairement tournés en films Super 16 en Europe, Le montage s'effectue toujours en virtuel, mais les éléments négatifs ne sont jamais conformés, ils sont stockés en l'état. La conformation se fait à partir du transfert télécinéma des éléments négatifs en cours de production qui porte alors le nom de master et de l'edit list issue de la copie de travail vidéo.

MONTAGU (Ivor)

journaliste, cinéaste et producteur britannique (Londres 1904 - Watford 1984).

Issu d'une famille aisée, il concilie rapidement deux passions, la politique et le cinéma. En 1925, il fonde avec Sidney Bernstein la London Film Society, premier club cinématographique. D'abord critique à The Observer, il sera plus tard à la fois importateur, distributeur et producteur. En 1929, il rencontre Eisenstein, et l'accompagne durant son voyage en Europe et à Hollywood. Puis il collabore notamment à la production de plusieurs films d'Alfred Hitchcock : l'Homme qui en savait trop (1934), les Trente-Neuf Marches (1935), Quatre de l'espionnage (1936). Durant la guerre d'Espagne il réalise, pour les républicains, des films de propagande et, de retour en Grande-Bretagne, un film de montage sur la guerre civile, Peace and Plenty (1939). En 1948, il rejoint les Ealing Studios et collabore au script de l'Aventure sans retour (Scott of the Antarctic, Ch. Frend). Depuis les années 50, il travaille pour la télévision britannique.

MONTALBAN (Ricardo)

acteur américain (Mexico, Mexique, 1920).

Élevé aux États-Unis, il débute au théâtre à Broadway avant de jouer quelques rôles dans les films mexicains, puis à Hollywood, où la MGM le cantonne (1947) dans les emplois de « beau mâle latin » en dépit d'un professionnalisme dont il donnera tardivement la mesure (par exemple dans Piège au grisbi, [B. Kennedy, 1966]). Il avait incarné avec beaucoup de dignité un chef indien dans Au-delà du Missouri (W. Wellmann, 1951). Il n'a jamais cessé de faire du théâtre, remportant un grand succès dans la lecture (avec Agnes Moorehead et Paul Henreid) de Don Juan aux Enfers, pièce « injouable » de G. B. Shaw (1970). Parmi ses films : Se~norita Toreador (Fiesta, R. Thorpe, 1947) ; la Fille de Neptune (E. Buzzell, 1949) ; Incident de frontière (A. Mann, 1949) ; le Signe des renégats (H. Fregonese, 1951) ; Sombrero (N. Foster, 1953) ; Lune de miel au Brésil (Latin Lovers, M. LeRoy, 1953) ; les Cheyennes (J. Ford, 1964) ; Sweet Charity (B. Fosse, 1969) ; la Conquête de la planète des singes (J. Lee Thompson, 1972).

MONTALDO (Giuliano)

cinéaste italien (Gênes 1930).

Après avoir travaillé comme acteur et organisateur de production, il débute en 1961 en dirigeant le Commando traqué (Tiro al piccione), une analyse polémique du fascisme, puis brosse avec vigueur le portrait d'une jeune fille arriviste et sans scrupule (Una bella grinta, 1965). Ses films successifs approchent tous les genres populaires : le film d'aventures internationales (le Carnaval des truands [Grand Slam / Ad ogni costo], 1967), le drame de guerre (Gott mit uns [id], 1970), la fresque sociale (Sacco et Vanzetti [Sacco e Vanzetti], 1971), le film historique (Giordano Bruno, 1973), l'épopée partisane (L'agnese va a morire, 1976), la comédie de mœurs (Il giocattolo, 1979). Après Contrôle (Il giorno prima, (1986), il adapte le roman de Georgio Bassani les Lunettes d'or (Gli occhiali d'oro, 1987) et Tempo di uccidere (1989).

MONTAND (Ivo Livi, dit Yves)

acteur français d'origine italienne (Monsumano Alto 1921 - Senlis 1991).

Issu d'un milieu modeste il est contraint de gagner sa vie dès l'âge de onze ans, comme manœuvre dans une huilerie de Marseille (où sa famille a émigré), puis comme docker. Il en a gardé un goût de l'endurance et du perfectionnisme et ce jusque dans l'apothéose du succès. Résolument primaire, préservé des tentations de l'intellectualisme, il a été formé à la dure école de la rue.

En 1938, le jeune Livi — qui s'est choisi le pseudonyme de Montand à force d'entendre sa mère lui crier de la fenêtre : « Ivo, monta ! » — fait de timides débuts dans la chanson, à l'Alcazar de Marseille. Il est déjà féru de cinéma, américain principalement, et l'un de ses premiers succès (sur des paroles de Charles Hunel) s'intitule les Plaines du Far-West. En 1944, il se retrouve à Paris, à Bobino puis au Moulin-Rouge, où il est remarqué — et chaperonné — par Édith Piaf. L'année suivante, il est tête d'affiche à ses côtés au Théâtre de l'Étoile. C'est l'époque de Battling Joe, de Luna Park et autres morceaux du répertoire « réaliste ». En 1946, Marcel Carné l'engage pour tenir, dans les Portes de la nuit, un rôle initialement prévu pour Jean Gabin : il y est touchant de maladresse et d'inadaptation. L'Idole, un plat mélodrame sur la boxe, ne rehausse guère son image de marque. En 1953, le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot lui offre un rôle de dur « à l'américaine », où il peut pour la première fois paraître à son avantage. Changement de registre insolite, avec Marguerite de la nuit, où il joue les Méphisto racés en frac et canne à pommeau d'or. Plus à l'aise, cependant, sous la défroque du prolétaire, il sera successivement chasseur de loups dans Hommes et Loups, pêcheur à l'explosif dans Un dénommé Squarcio (deux films tournés dans son pays d'origine), ouvrier électricien dans le Père et l'Enfant, fermier victime de l'intolérance dans les Sorcières de Salem (auprès de Simone Signoret, devenue sa compagne), sans que l'on puisse parler encore d'authentique révélation. Après une expérience américaine, décevante malgré une brillante prestation dans le Milliardaire de George Cukor (en compagnie de Marilyn Monroe), c'est la rencontre — décisive — avec Costa-Gavras, d'où va sortir le « vrai » Montand, celui de Compartiment tueurs, de Z, de l'Aveu : équilibré, mûri, non sans une pointe de mélancolie. « C'est de là, reconnaît-il, que date mon véritable et total engagement pour le cinéma. Avec Costa-Gavras, il s'est passé quelque chose. J'ai découvert plus qu'un metteur en scène, un complice, qui a décelé ma vraie personnalité. » Il vient de passer la quarantaine, et va désormais la promener dans des films solides, souvent nourris d'humanisme : La guerre est finie, d'Alain Resnais (où il est un militant communiste espagnol désemparé), Un soir, un train, puis le Cercle rouge (étonnante composition de policier alcoolique) ou même le fade Tout va bien, de Jean-Luc Godard (un cinéaste gauchiste récupéré par le système). Ces rôles épousent l'évolution idéologique de Montand, que l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie a durement affecté, remettant en cause ses sympathies « progressistes ».