Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
T

TAÏWAN. (suite)

Se confrontant aux maux engendrés par la croissance trop rapide de sa société, le cinéma taïwanais contemporain est lui-même en crise, et pas seulement identitaire. Si quelques grands talents – qui s'engagent d'ailleurs de plus en plus dans des coproductions – témoignent de la richesse culturelle de l'île, les films ont de très importantes difficultés à se faire, ce qui met en péril l'existence même d'un cinéma taïwanais.

TAKAHATA (Isao)

cinéaste japonais (1935).

Diplômé de littérature française à l'université de Tokyo, il entre en 1959 aux studios d'animation de la Toei, où il travaille avec les animateurs Yasuji Mori et Yasuo Otsuka, avec qui il réalise les Aventures de Horus, prince du Soleil (Taiyo no oji Horus no daiboken, 1968). Il quitte la Toei en 1971, pour le studio privé « A Production », où il retrouve Otsuka, et Hayao Miyazaki*, avec qui il travaille sur des séries de télévision, souvent reprises au cinéma, comme Lupin III (Rupan III, 1972), mais qu'il ne dessine pas lui-même, contrairement à Miyazaki, qui est d'abord dessinateur. Remarqué pour un film d'animation poétique, Gauche, le violoncelliste (Cello hiki no Gauche, 1982), il réalise ensuite l'Histoire du canal de la Yanagawa (Yanagawa horiwari monogatari, 1987), et atteint à la notoriété internationale avec le Tombeau des lucioles (Hotaru no haka, 1988, d'après une nouvelle de Akihiro Nosaka). Suivront Souvenirs goutte à goutte (Omoide poroporo, 1991), et surtout le foisonnant Pompoko (ou la Bataille des tanuki de l'ère Heisei/Heisei tanuki gassen, Pompoko, 1994), qui rejoint les préoccupations écologiques de Miyazaki. Mes voisins les Yamada (Tonari no Yamada-Kun, 1999) marque un tournant, en transposant directement à l'écran les dessins du manga original de Hisaichi Ishii.

TAKAMINE (Hideko)

actrice japonaise (île d'Hokkaido 1924).

Elle paraît à l'âge de cinq ans dans ‘ Mère ’ (Haha, Hotei Nomura, 1929) et devient immédiatement une « enfant prodige » du cinéma japonais, jouant dans une quarantaine de films jusqu'à l'âge de treize ans, dont ‘ le Chœur de Tokyo ’ (Y. Ozu, 1931). En 1937, elle passe de la Shochiku au PCL, ancêtre de la Toho, où elle restera pendant une longue période. Elle tient un rôle principal dans ‘ la Classe de composition ’ (K. Yamamoto, 1938) et dans ‘ le Cheval ’ (id., 1941), qui obtient un grand succès public et critique. Après la guerre, à la suite des grandes grèves de la Toho, elle participe avec plusieurs autres vedettes à la création de la Shintoho, où elle tourne ‘ l'Amour avec les étoiles ’ (Ai yo hoshi to tomoni, Y. Abe) et ‘ l'Invitation au bonheur ’ (Kofuku e no shotai, Yasuki Chiba). Elle devient enfin une actrice « adulte », toujours aussi populaire, et quitte la Shintoho en 1950, après ‘ les Sœurs Munakata ’ (Ozu), pour être indépendante. En 1951, elle joue un rôle satirique aux côtés de Toshiko Kobayashi dans le premier film japonais en couleurs, ‘ le Retour de Carmen ’ (K. Kinoshita) et, jusqu'en 1960, elle est considérée comme l'une des plus grandes comédiennes japonaises, surtout grâce aux films de Kinoshita (‘ l'Amour pur de Carmen ’, 1952 ; les Vingt-Quatre Prunelles, 1954 ; ‘ la Rivière Fuefuki ’, 1960) et de Naruse (Nuages flottants, 1955 ; ‘ Couler ’, 1956 ; ‘ Lorsqu'une femme monte les escaliers ’, 1960 ; ‘ Chronique de mon vagabondage ’ 1962). À partir de 1961, elle joue dans les six films de son mari Zenzo Matsuyama, dont ‘ le Bonheur à nous seuls ’ (Namonaku, mazushiku, Utsukushiku, 1961) et ‘ le Père et l'Enfant ’ (Chichi to ko, 1967). Elle apparaît ensuite beaucoup à la télévision, mais revient au cinéma pour Kinoshita dans ‘ Homicide par impulsion : c'est mon fils ! ’ (1979).

TAKE.

Mot anglais pour prise.

TAKEMITSU (Toru)

musicien japonais (Tokyo 1930 - id. 1996).

Célèbre compositeur, il signe parallèlement à son œuvre instrumentale de très nombreuses musiques pour le cinéma. Élève de Fumio Hayasaka, il s'impose dès son premier film, ‘ Passions juvéniles ’ (Kurutta Kajitsu, Ko Nakahira, 1956), où il utilise pour la première fois le « jazz-band hawaïen ». Il écrit beaucoup pour les cinéastes de la « nouvelle vague » nippone, Susumu Hani (‘ les Mauvais Garçons ’, 1960 ; ‘ Elle et Lui ’, 1963), Hiroshi Teshigahara (la Femme des sables, 1964), Masahiro Shinoda (Double Suicide à Amijima, 1969) ou Nagisa Oshima (la Cérémonie, 1971). Mais on remarque aussi ses partitions originales, alliant une imagination personnelle à des thèmes traditionnels, pour les films de Masaki Kobayashi (Harakiri, 1963 ; Kwaidan, 1964). Parmi les quelque quatre-vingts films dont il a composé la musique, signalons encore Dodes'kaden (A. Kurosawa, 1970), ‘ Summer Soldiers ’ (Teshigahara, 1972), Kaseki (Kobayashi, 1975), l'Empire de la passion (Oshima, 1978), Ran (Kurosawa, 1985), Onimaru (Y. Yoshida, 1988), Pluie noire (S. Imamura, 1989) et Sharaku (M. Shinoda, 1995).

TALANKINE (Igor) [Igor' (Industrij) Vasil'evič Talankin]

cinéaste soviétique (Noguilsk 1927).

Il est diplômé de l'Institut de théâtre de Moscou (GITIS) en 1956 puis suit des cours supérieurs de réalisation (1959). Son premier film, Sérioja (Sereža, CO G. Daniela, 1960), remporte le Grand Prix à Karlovy-Vary ; le deuxième, Entrée dans la vie (Vstuplenie, 1963), le prix spécial du jury au Festival de Venise : tous deux s'inspirent de l'écrivain Véra Panova pour décrire avec émotion le sort tragique des enfants durant la guerre. Les Étoiles du jour (Dnevnye zvezdy, 1968) est une autobiographie convulsive et somptueuse de la poétesse Olga Bergholtz. Suivent deux biographies plus académiques, Tchaïkovski (Čajkovskij, 1970) et le Choix du but (Vybor celi, 1976), sur le savant Kourtchatov, et une adaptation de Tolstoï, le Père Serge (Otec Sergij, 1978). La Chute des étoiles (Zvezdopad, 1982), le Week-end (Vremja otdyha s subboty do ponedel'nika, 1985) et l'Automne à Tchertanovo (Osen v Čertanovo, 1988) sont également des adaptations littéraires tout comme la version des Possédés (Besy, CO D. Talankine, 1992).

TALKIE.

Mot anglais pour parlant.

TALLIER (Armand)

acteur et exploitant de cinéma français (Marseille 1887-1958).

Il fait ses classes au conservatoire de Marseille avant de monter sur les planches, à Paris, au Théâtre populaire de Belleville, pour émigrer ensuite à l'Athénée et au Vieux-Colombier, dont il prend la direction avec Copeau. Puis il entre chez Gaumont et tient quelques rôles importants dans Mater Dolorosa (A. Gance, 1917), les Travailleurs de la mer (Antoine, 1918), Mathias Sandorf (H. Fescourt, 1920), Jocelyn (L. Poirier, 1922) et la Brière (id., 1925). Mais c'est à un autre titre que l'histoire du cinéma retient son nom. Féru de « septième art », il fonde en 1926, avec Laurence Myrga, une salle spécialisée, le Studio des Ursulines, qui va devenir un des hauts lieux de l'avant-garde de l'époque (avec le Vieux-Colombier, que Jean Tedesco a transformé en cinéma, et, un peu plus tard, le Studio 28) et saura maintenir le flambeau de l'exploitation de qualité jusqu'à la mort de son fondateur et au-delà. C'est aux Ursulines que furent montrés pour la première fois Entracte, la Rue sans joie, la Coquille et le Clergyman, Un chien andalou, l'Ange bleu, etc. La salle fut reprise en 1938, et sa vocation poursuivie, par Line Peillon. Armand Tallier fut élu après guerre président d'honneur de l'Association française des cinémas d'art et d'essai. Son nom est également attaché à un prix littéraire qui distingua, de 1958 à 1974, les meilleurs ouvrages consacrés au cinéma. Furent récompensés, notamment, le Jean Vigo de P. E. Sales Gomes, Qu'est-ce que le cinéma ? d'André Bazin, la Foi et les Montagnes d'Henri Fescourt.