Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SONEGO (Rodolfo)

scénariste italien (Cavarzàno 1921 - Rome 2000).

Commandant des partisans pendant la Résistance, il débute en collaborant à trois films de Giorgio Ferroni, dont le premier s'inspire des combats auxquels il a lui-même participé : Pian delle Stelle (1947), Tombolo paradiso nero (id.), Vivere a sbafo (1950), puis cosigne un autre drame de la guerre : Achtung banditi (C. Lizzani, 1951). Il travaille avec De Santis (Onze heures sonnaient, 1952), et conçoit le sujet satirique et polémique de la Pensionnaire (A. Lattuada, 1954). Après avoir écrit quelques petites comédies, il rencontre en 1954 l'acteur Alberto Sordi et conçoit pour lui avec l'aide d'autres scénaristes Il seduttore (F. Rossi, 1954). Il sera désormais le collaborateur attitré de Sordi, pour lequel il crée des rôles reflétant l'évolution des mœurs du pays : de Une Eroe dei nostri tempi (M. Monicelli, 1955) à Il marito (N. Loy et G. Puccini, 1958), Il moralista (Giorgio Bianchi, 1959), Il vedovo (D. Risi, id.), Gastone (M. Bonnard, 1960), Il vigile (L. Zampa, id.), Une vie difficile (Risi, 1961), Il diavolo (Gian Luigi Polidoro, 1963), Un italiano in America (A. Sordi, 1967), Amore mio, aiutami (id., 1969), l'épisode Il prete de Contestazione generale (Zampa, 1970), Detenuto in attesta di giudizio (Loy, 1971), l'Argent de la vieille (L. Comencini, 1972), Il comune senso del pudore (Sordi, 1976), Io e Caterina (id., 1980). Il écrit aussi des drames psychologiques comme la Fille dans la vitrine (L. Emmer, 1961), Brèves Vacances (V. De Sica, 1973), la Maîtresse légitime (Mogliamante, M. Vicario, 1977).

SONORE.

Au moment de la naissance du cinéma, entre 1890 et 1895, l'enregistrement et la reproduction des sons étaient acquis, grâce au Phonographe, inventé par Edison en 1877. (Le son était alors inscrit sur des cylindres. Assez rapidement, ce système allait être supplanté par le disque, perfectionné notamment par l'Allemand Berliner, inventeur du Gramophone).

Il était donc tout naturel que, très tôt, les inventeurs aient pensé au cinéma sonore. Ne rapporte-t-on pas qu'Edison avait commencé à penser au cinéma en 1877, en imaginant la possibilité d'un appareil « qui serait pour les yeux ce que le phonographe était pour les oreilles » ? Avant même l'apparition du cinématographe, Edison avait d'ailleurs conçu le Kinétophone, association d'un Kinétoscope et d'un Phonographe.

Lorsque le cinéma fut à son tour entré dans les mœurs, c'est évidemment cette même idée qui vint à l'esprit des inventeurs, en particulier du Français Baron : associer, en synchronisme, un appareil sonore (à disque ou à cylindre) et un projecteur. Diverses démonstrations publiques eurent lieu, notamment à l'Exposition de 1900. Mais la technique de l'époque ne permettait pas de déboucher vraiment sur le cinéma sonore : le son était médiocre, sa synchronisation avec l'image était souvent imparfaite, voire défectueuse, et, de toute façon, la puissance de restitution sonore était insuffisante pour un public nombreux. Grâce à un ingénieux système d'amplification pneumatique du son, Louis Gaumont parvint, toutefois, avec le Chronophone, à résoudre le dernier de ces problèmes : à partir de 1912, les programmes du Gaumont Palace comportèrent régulièrement de courts sujets sonores, telles des scènes d'opéra ou d'opérettes, filmés en postsynchronisation avant la lettre puisque l'artiste, pour la prise de son, devait se placer devant l'embouchure du pavillon de l'appareil enregistreur.

Hormis ce genre d'attraction, le cinéma demeura donc muet. Mais ce ne fut pas pour autant un cinéma silencieux, bien au contraire : sans même parler des bruiteurs, voire des commentateurs, il était rare que la projection ne soit pas agrémentée d'un accompagnement musical, par un pianiste dans les petites salles, par un orchestre dans les grandes.

On alla, pour certains films, jusqu'à faire écrire une partition spéciale par un compositeur renommé (Henry Barraud pour le Miracle des loups, de Raymond Bernard en 1924).

Pendant que certains s'efforçaient de synchroniser disque et projecteur, d'autres s'attaquaient à l'enregistrement du son sur film, par voie photographique. Le Français Lauste, qui avait été un collaborateur d'Edison, fut ici un grand pionnier : travaillant sur le sujet depuis 1900, il parvint, en Grande-Bretagne, à partir de 1910, à enregistrer sur un même film les sons et les images, la bande sonore occupant la moitié de la largeur du film. La guerre interrompit ses recherches, qui se heurtaient de toute façon à l'absence d'un moyen d'amplification : son projecteur sonore ne permettait qu'une écoute par casque téléphonique.

L'amplification électrique des sons était pourtant sur le point de naître, grâce à la lampe triode, inventée en 1907 par l'Américain De Forest. À la fin de la guerre, le système aujourd'hui classique — amplificateur plus haut-parleur — était devenu une réalité.

Du coup, les recherches sur le cinéma sonore reprirent. En Allemagne, trois inventeurs associés proposèrent le procédé Tri-Ergon, qui ne trouva pas de débouché malgré une présentation à Berlin en 1922, et dont les brevets connurent ensuite diverses tribulations. Parallèlement, De Forest, en collaboration avec son compatriote Case, parvenait à son procédé Phonofilm à piste latérale, présenté à New York en 1923. Case, de son côté, mettait au point un procédé similaire, présenté en 1925.

À cette date, la technique était donc à peu près au point. Mais on était alors dans la grande époque du muet, qui présentait l'énorme avantage de l'universalité, au seul prix — modique — de la traduction des intertitres.

L'introduction du son était de nature à bouleverser l'équilibre économique de l'industrie cinématographique, et l'on comprend pourquoi les présentations des procédés Tri-Ergon, De Forest, Case ne rencontrèrent qu'un faible écho chez les industriels du cinéma.

Néanmoins, les frères Warner (au bord de la faillite, selon une version très répandue, mais peut-être cherchaient-ils surtout à briser le monopole des plus grandes compagnies) sautèrent le pas. En 1926, ils présentaient à New York le premier long métrage sonore : Don Juan, d'Alan Crosland, avec John Barrymore, qui n'était d'ailleurs pas parlant mais seulement agrémenté de musique et de bruitage. Le procédé employé, le Vitaphone (développé en association avec la puissante Western Electric, qui s'intéressait depuis plusieurs années au cinéma sonore), recourait aux disques synchronisés avec le projecteur ; cela peut aujourd'hui surprendre, mais il faut savoir qu'à l'époque, la technique du son sur disque était mieux maîtrisée, et donc donnait de meilleurs résultats, que la technique encore toute récente du son sur piste photographique.