Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VERHOEVEN (Michael)

cinéaste allemand (Berlin 1938).

Fils de l'acteur-réalisateur Paul Verhoeven (1901-1974). Après avoir fait des études de médecine, il est acteur et metteur en scène de théâtre. Il crée une société de production de films en 1965. Son premier film, Couples (Paarungen, 1967), est une adaptation de la Danse de mort de Strindberg ; la révolte qui s'y exprime se retrouvera, avec plus de violence, dans Ein unheimlich starker Abgang (1973). Entre-temps, son film O. K. (1970) qui dénonçait la guerre du Viêt-nam avait fait scandale et provoqué l'annulation de la remise des prix à Berlin. Il a dirigé de nombreux téléfilms et réalisé plusieurs longs métrages cinématographiques, dont la Rose blanche (Die weisse Rose, 1982) consacré à la résistance, contre le nazisme, d'un groupe d'étudiants, l'Enfant terrible (Das schreckliche Mädchen, 1990) qui évoque le combat d'une jeune femme qui cherche à découvrir la vérité sur la conduite des habitants de sa petite ville bavaroise sous le IIIe Reich Eine unheilige Liebe (1993), Mutters Courage (1995).

VERHOEVEN (Paul)

cinéaste néerlandais (Amsterdam 1938).

Après des études scientifiques, Paul Verhoeven devint un documentariste important pour la télévision néerlandaise. Son second long métrage, Turkish délices (Turks Fruit, 1973), fut un succès international, autant à cause de ses qualités que par son caractère provocateur et érotique. Il y révélait également son acteur fétiche, Rutger Hauer. Après Soldier of Orange (1977), plus sobre, Verhoeven revint à l'érotisme et à la violence qui avaient attiré l'attention sur lui avec Spetters (id., 1980) et le Quatrième Homme (Die Vierde Man, 1982). Il regardait sans doute depuis longtemps du côté du marché anglo-saxon et frappa un grand coup avec la Rose et l'épée (Flesh + Blood, 1985). Cette aventure médiévale, spectaculaire et très brutale, toujours interprétée par Rutger Hauer, eut un succès limité aux États-Unis à cause de son caractère violent et sexuel, mais elle impressionna suffisamment les producteurs pour que Verhoeven puisse envisager une carrière américaine. Effectivement, Robocop (id., 1987) et Total Recall (id., 1990) furent de très gros succès commerciaux : le premier possède d'indéniables qualités ; le second joue d'une manière prévisible, de la présence musclée d'Arnold Schwarzenegger et massacre un superbe sujet de Philip K. Dick par un traitement visuel agressif et d'une grande laideur. Basic Instinct (id., 1992) est bien mieux ficelé et plus soigné : thriller érotique où tout est calculé au millimètre, même la provocation, il choque juste assez pour éveiller la curiosité mais évite soigneusement toute problématique. Indéniablement, Verhoeven sait flatter le public et lui laisser entrevoir ce qu'il attend sans jamais le lui donner. En 1995, il signe Showgirls (id.) et en 1997 Starship Troopers (id.).

VERNEUIL (Achod Malakian, dit Henri)

cinéaste français d'origine arménienne (Rodosto, Turquie, 1920).

Installé très tôt en France, il suit les cours des Arts décoratifs, puis se consacre au journalisme et à la radio, avant de débuter au cinéma à la fin des années 40 comme assistant et réalisateur de courts métrages. Fernandel lui donne sa première chance en lui confiant la réalisation de la Table aux crevés (1951) et du Fruit défendu (1952) où le comédien affirme ses ambitions dramatiques. Après le plaisant Brelan d'as (1952), où Michel Simon trouve l'occasion d'interpréter Maigret, Verneuil remet son savoir-faire au service de Fernandel dont il réalise six autres films et connaît un triomphe avec la Vache et le Prisonnier (1959). Cinéaste attitré de Fernandel, Verneuil va l'être aussi, durant trois ans, de Françoise Arnoul, alors au faîte de sa gloire et dont il met en scène cinq films, en particulier Des gens sans importance (1956), solide mélodrame populiste qui lui donne l'occasion de diriger, pour la première fois, Jean Gabin. Il retrouvera ce dernier dans quatre autres films : le Président (1956), Un singe en hiver (1962), formidable confrontation entre le vieux lion et Belmondo, Mélodie en sous-sol (1963) et le Clan des Siciliens (1969) où c'est Alain Delon qui lui donne la réplique. Verneuil est devenu le cinéaste des succès publics, des réalisations solides, efficaces ; celui surtout qui sait s'effacer devant des vedettes éprouvées pour qui les films sont taillés sur mesure. Il en est ainsi, également, pour Jean-Paul Belmondo que Verneuil dirige dans quelques-uns de ses plus grands succès : Cent Mille Dollars au soleil (1964), Week-end à Zuydcoote (1964), le Casse (1971), Peur sur la ville (1974) et le Corps de mon ennemi (1976). Réputé pour être « le plus américain des cinéastes français », Verneuil a confirmé ses ambitions internationales en dirigeant en Yougoslavie et au Mexique deux importantes productions avec Anthony Quinn : la Vingt-Cinquième Heure (1966) et la Bataille de San Sebastian (1968), puis en réalisant un film d'espionnage, le Serpent (1973), avec Henry Fonda, Yul Brunner, Dirk Bogarde et Philippe Noiret.

Films  :

la Table aux crevés (1952) ; Brelan d'as (id.) ; le Fruit défendu (id.) ; le Boulanger de Valorgue (1953) ; Carnaval (id.) ; l'Ennemi public no 1 (1954) ; le Mouton à cinq pattes (id.) ; les Amants du Tage (1955) ; Des gens sans importance (1956) ; Paris-Palace-Hôtel (id.) ; Une manche et la belle (1957) ; le Grand Chef (1958) ; Maxime (id.) ; la Vache et le Prisonnier (1959) ; la Française et l'Amour (1960) ; l'Affaire d'une nuit (id.) ; le Président (id.) ; Les lions sont lâchés (1961) ; Un singe en hiver (1962) ; Mélodie en sous-sol (1963) ; Cent Mille Dollars au soleil (1964) ; Week-end à Zuydcoote (id.) ; la Vingt-Cinquième Heure (1966) ; la Bataille de San Sebastian (1968) ; le Clan des Siciliens (1969) ; le Casse (1971) ; le Serpent (1973) ; Peur sur la ville (1975) ; le Corps de mon ennemi (1976) ; I comme Icare (1979) ; Mille Milliards de dollars (1982) ; les Morfalous (1984) ; Mayrig (1991) et 588 rue Paradis (1992).

VERNON (Édith Vignaud, dite Anne)

actrice française (Saint-Denis 1925).

Sous son nom véritable, elle joue dans le Mannequin assassiné (Pierre de Hérain, 1948), mais elle illustre son pseudonyme avec deux films de Jacques Becker (Édouard et Caroline, 1951, et Rue de l'Estrapade, 1952) et deux de Jacques Demy (Lola, 1961, et les Parapluies de Cherbourg, 1964). Elle a donné, au cours des années 50, une image charmante de la jeune femme vive, précise et sensible. La Grande-Bretagne, les États-Unis la réclament, ainsi que l'Italie (le Général Della Rovere, R. Rossellini, 1959). Cependant, son côté « gravure haute couture » semble lui avoir nui en se démodant rapidement.