Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ROCHEFORT (Charles d'Authier de Rochefort, dit Charles de)

acteur français de théâtre et de cinéma et cinéaste (Port-Vendres 1887 - Paris 1952).

Partenaire de Max Linder, il joue dans d'innombrables films français muets, parmi lesquels Gigolette (H. Pouctal, 1921) et l'Arlésienne (A. Antoine, 1922), avant de s'embarquer pour les États-Unis, où on le retrouve... sous la défroque de Ramsès II dans les Dix Commandements (C. B. De Mille, 1923). À nouveau en France : Madame Sans-Gêne (Léonce Perret, 1925), il apparaîtra encore un peu au parlant (la Croix du Sud, A. Hugon, 1932) et réalisera même quelques versions françaises de films américains (Paramount en parade, 1930 ; Une femme a menti, id. ; le Secret du docteur, id.). Ensuite, il se consacrera uniquement à la scène, un théâtre parisien porte d'ailleurs son nom. Il a publié son autobiographie : les Films de mes souvenirs (1943).

ROCHEFORT (Jean)

acteur français (Paris 1930).

Après une formation théâtrale classique, mais inachevée, il entre dans la compagnie Grenier-Hussenot. À partir de 1957, tout en poursuivant sa carrière théâtrale, il débute au cinéma (Rencontre à Paris, G. Lampin, 1955 ; Une balle dans le canon, M. Deville et Charles Gérard, 1958) et à la télévision. Son sens de l'humour et de l'amitié le conduira trop souvent à accepter premiers ou seconds rôles sans grand intérêt, et ce n'est qu'à partir des années 70 que le public pourra enfin découvrir la puissance et la diversité de ses compositions (l'Horloger de Saint-Paul, B. Tavernier, 1974). Son interprétation du cardinal dans Que la fête commence (id., 1975) est distinguée par un César du meilleur second rôle, et le Crabe-tambour (P. Schoendoerffer, 1977) lui rapporte le César du meilleur acteur. Si le comique semble avoir sa préférence, il pratique avec une superbe aisance l'alternance des genres puisqu'il est également remarquable dans Chère Inconnue (M. Mizrahi, 1980), Un étrange voyage (A. Cavalier, 1981), Il faut tuer Birgit Haas (L. Heynemann, id.), l'Indiscrétion (Pierre Lary, 1982) et dans certains films télévisés (les Chiens de Jérusalem, F. Carpi, 1983). Acteur dans plus de 60 films, réalisateur de trois courts métrages (Rosinne, 1973 ; Facile, très, très facile, id., et T'es fou Marcel, 1974, sur et avec Marcel Dalio), il met en scène au théâtre L'étrangleur s'excite, d'Éric Naggar, en 1982, ainsi que plusieurs spectacles musicaux.

On retrouve avec plaisir ce longiligne osseux, au visage barré par une moustache tour à tour malicieuse et inquiétante dans des personnages qu'il sert avec tant de finesse qu'on les croirait construits pour lui : le Cavaleur (Ph. de Broca, 1978), Tandem et le Mari de la coiffeuse (P. Leconte), Tombés du ciel (Philippe Lioret, 1993), le Vent en emporte autant (A. Agresti, 1998).

Autres films :

Cartouche (Ph. de Broca, 1962) ; Angélique, marquise des Anges (B. Borderie, 1965) ; les Tribulations d'un Chinois en Chine (Ph. de Broca, id.) ; le Diable par la queue (id., 1968) ; le Grand Blond avec une chaussure noire (Y. Robert, 1972) ; Salut l'artiste (id., 1973) ; le Retour du grand blond (id., 1974) ; le Fantôme de la liberté (L. Buñuel, id.) ; Un divorce heureux (H. Carlsen, id.) ; Calmos (Bertrand Blier, 1975) ; Un éléphant ça trompe énormément (Y. Robert, 1976) ; Nous irons tous au paradis (id., 1977) ; Courage, fuyons (Y. Robert, 1979) ; l'Ami de Vincent (P. Granier-Deferre, 1983) ; Frankenstein go (A. Jessua, 1984) ; David, Thomas et les autres (László Szabó, 1985) ; Je suis le seigneur du château (Régis Wargnier, 1989) ; El largo invierno (J. Camino, 1992) ; l'Atlantide (Bob Swaim, id.) ; le Bal des casse-pieds (Y. Robert, id.) ; Cible émouvante (Pierre Salvadori, 1993) ; la Prochaine Fois, le feu (F. Carpi, id.) ; Tutti gli anni una volta l'anno (Gianfrancesco Lazotti, 1994) ; Prêt-à-porter (R. Altman, id.) ; Ridicule (Patrice Leconte, 1996) ; Rembrandt (Charles Matton, 1999) ; le Placard (F. Veber, 2000).

ROCK AND ROLL.

Terme générique pour désigner les projecteurs rebobinant automatiquement le film par fonctionnement en marche arrière. ( PROJECTION.)

RODGERS (Richard)

compositeur américain (New York, N. Y., 1902 - id. 1979).

Un des grands noms de la comédie musicale, moins connu à l'étranger que Cole Porter ou George Gershwin, mais sans doute leur égal. Il travaille surtout pour la scène où sa carrière se divise en deux grandes collaborations : d'abord avec le parolier Lorenz Hart, puis avec Oscar Hammerstein II. À la première, le cinéma doit surtout Aimez-moi ce soir (R. Mamoulian, 1932), avec le classique Isn't It Romantic ?, qui devint le leitmotiv de la Paramount. Mentionnons aussi la chanson Blue Moon que l'on a entendue dans l'Ennemi public no 1 (W. S. Van Dyke, 1934), dans There's Always Tomorrow (D. Sirk, 1956), et dans le Loup-garou de Londres (An American Werewolf in London, John Landis, 1981). Avec Oscar Hammerstein, il composa de nombreux succès scéniques presque tous portés à l'écran : Oklahoma ! (F. Zinnemann, 1955), Carrousel (H. King, 1956), le Roi et moi (W. Lang, id.) ou South Pacific (J. Logan, 1958). C'est sans doute la Blonde ou la Rousse ? (G. Sidney, 1957), adaptée de la comédie musicale Pal Joey, écrite avec Hart, qui contient ses meilleures chansons. Son dernier immense succès fut la Mélodie du bonheur (R. Wise, 1965).

RODRÍGUEZ (Ismael)

cinéaste mexicain (Mexico 1917).

Frère cadet des réalisateurs Roberto et Joselito Rodríguez, Ismael fait ses débuts dans la mise en scène avec ¡ Que lindo es Michoacán ! (1942), une comédie « ranchera », rurale et folklorique, genre grâce auquel il s'impose comme partenaire privilégié de la star Pedro Infante (Los tres García, 1946 ; Los tres huastecos, 1948 ; Dos tipos de cuidado, 1952). Parallèlement, il transpose le mélodrame familial du cadre provincial (La oveja negra, 1949) au domaine jusqu'alors délaissé de la banlieue populaire (Nosotros los pobres, 1947, champion du box-office national ; Ustedes los ricos, 1948), sans craindre des ruptures de ton assez personnelles, des velléités réalistes succédant aux amorces de comédie musicale. Cette forte tête du cinéma mexicain oriente ensuite sa prolifique production vers des réalisations prestigieuses, à la froide correction dans le meilleur des cas, des œuvres qui masquent devant les festivals la décadence de cette cinématographie : Tizoc (1956), La cucaracha (1958), Animas Trujano (1961), sans oublier son incursion dans le western (Los hermanos del Hierro, id.).