Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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TONO (Eijiro)

acteur japonais (Gunma 1907 - Tokyo 1994).

Pendant ses études universitaires, il est séduit par l'idéologie marxiste et entre, en 1931, à l'Institut du théâtre prolétarien, où il fait ses débuts sur la scène. Son premier rôle au cinéma se situe dans ‘ Chronique de M. Kuroda ’ (Kuroda Masatadaroku‘ , T. Kinugasa, 1938). Il devient par la suite un des plus importants acteurs de composition, au théâtre et au cinéma. Il tourne dans 330 films de 1946 à 1969, dont Chien enragé (1949), ‘ Vivre dans la peur ’ (1955), les Bas-Fonds (1957), Yojimbo (1961) et Barberousse (1965), tous de Kurosawa, ainsi que dans Voyage à Tokyo (Y. Ozu, 1953) et dans le Goût du saké (id., 1962).

TONOYAMA (Taiji)

acteur japonais (Tokyo 1915 - id. 1989).

Après avoir passé sa jeunesse à fréquenter les music-halls, il devient stagiaire dans une troupe de théâtre moderne en 1936. En 1939, il débute au cinéma dans ‘ le Village imaginaire ’ (Kuso burako, Yasuki Chiba, 1939), premier film de la production Nan-O. Il tient des rôles secondaires à la Shochiku, puis à la Toho (‘ l'Ange ivre ’, A. Kurosawa, 1948). En 1950, il participe à la création de la Kindai Kyokai Eiga de Shindo et Yoshimura, et joue dans presque tous les films de ces deux cinéastes, notamment dans l'Île nue (1960) et Onibaba (1964) de Shindo. On le voit aussi beaucoup chez Imamura (‘ Profonds Désirs des dieux ’, 1968 ; ‘ La vengeance est la mienne ’, 1979) et Oshima (la Cérémonie, 1971 ; l'Empire des sens, 1975 ; l'Empire de la passion, 1978), et dans des productions indépendantes, érotiques ou autres. Sa dernière apparition dans Pluie noire (Imamura, 1989) clôt une carrière prolifique qui compterait plus de 300 films.

TONTI (Aldo)

chef opérateur italien (Rome 1910 - Marino, près de Rome, 1988).

D'abord photographe de presse, il est assistant opérateur en 1934 et devient chef opérateur en 1939 (Piccoli naufraghi, Flavio Calzavara). Se faisant rapidement remarquer pour ses qualités, sachant travailler avec des moyens divers et s'adaptant aussi bien au studio qu'aux décors naturels, il signe la photographie d'Ossessione (L. Visconti, 1943) et met au point une image contrastée loin du raffinement en vogue à l'époque. Après la guerre, il devient un opérateur recherché, notamment par Lattuada (le Bandit, 1946 ; le Crime de Giovanni Episcopo, 1947 ; le Moulin du Pô, 1948 ; la Louve de Calabre, 1953 ; la Tempête, 1958), Vergano (Le soleil se lèvera encore, 1946), Comencini (De nouveaux hommes sont nés, 1949), Rossellini (Europe 51, 1952 ; Où est la liberté ?, 1953 ; India, 1960), Fellini (les Nuits de Cabiria, 1957), Monicelli (Boccace 70, 1962 ; Brancaleone aux croisades, 1970), Ferreri (le Mari de la femme à barbe, 1964 ; Break Up, 1969). Également à l'aise avec le noir et le blanc ou avec la couleur, Tonti entame dans les années 60 une carrière internationale (les Dents du diable, N. Ray, 1960 ; Barabbas, R. Fleischer, 1962 ; Reflets dans un œil d'or, J. Huston, 1967 ; Cosa Nostra, T. Young, 1972 ; René la Canne, F. Girod, 1977 ; Une femme à sa fenêtre, P. Granier-Deferre, 1976).

TOPORKOFF (Nicolas)

chef opérateur français d'origine russe (Moscou 1885 - Cannes 1965).

Il fait ses débuts dans le cinéma russe d'avant la révolution : la Dame de pique, les Coulisses de l'écran (1916), la Fille d'Israël, le Rictus de Satan (1917). Puis on le retrouve parmi les Russes blancs émigrés réunis sous la bannière de la firme Albatros, collaborant à la direction des prises de vues de presque tous les films français de Mosjoukine, de la Maison du mystère (A. Volkoff, 1922) au Sergent X (V. Strijewski, 1931). Au parlant, son nom figure au générique d'une cinquantaine de films, dont le Mystère de la chambre jaune (M. L'Herbier, 1930), Fanny (M. Allégret, 1932), Rapt (D. Kirsanoff, 1934), Au service du tsar (P. Billon, 1936), le Camion blanc (L. Joannon, 1943), le Carrefour des enfants perdus (id., 1944), l'Homme au chapeau rond (Billon, 1946), l'Escadron blanc (René Chanas, 1949), le Défroqué (Joannon, 1954), et dans deux œuvres de Sacha Guitry : le Comédien (1948) et le Diable boiteux (id.). De l'artisanat qualifié plutôt que du grand art.

TOPPER (Burt)

cinéaste et producteur américain (né en 1934).

Auteur d'œuvres à petit budget, il s'est distingué dans des films d'une certaine qualité, essentiellement dans le registre guerrier (Tank Commandos, 1959 ; Héros de guerre [War Hero/War Is Hell], 1964 [, 1961]) et policier (l'Étrangleur de Boston [The Strangler], 1964). On lui doit également : Hell Squad (1958), The Diary of a High-School Bride (1959), les Huit Diaboliques (The Devil's Eight, 1969), The Hard Ride (1971), The Day the Lord Got Busted (1976). ▲

TOREN (Marta)

actrice américaine d'origine suédoise (Stockholm 1926 - id. 1957).

Cette très belle brune aux yeux clairs et à la présence envoûtante méritait certainement mieux que les films de série où on l'a confinée. Victime d'un destin tragique, elle devait mourir à trente ans d'une leucémie. On se souviendra de l'attachante héroïne de film noir qu'elle incarnait, aux côtés de James Mason, dans l'Impasse maudite (H. Fregonese, 1950) et de l'épouse pathétique de Puccini (C. Gallone, 1953).

TORNATORE (Giuseppe)

cinéaste italien (Bagheria, Palerme, 1956).

Né dans une Sicile qu'il photographie avant de la filmer, Tornatore fait ses débuts dans le documentaire et travaille pour la télévision. Son premier long métrage, Il cammorista (1986), met en scène un personnage de boss mafieux inspiré du gang-ster Cutolo. Il obtient ensuite un énorme succès avec Cinéma Paradiso (Nuovo cinema Paradiso, 1987), qui lui vaut l'Oscar du meilleur film étranger. Nostalgie à l'égard d'une salle de cinéma sicilienne sur le point de fermer, mort d'un vieux projectionniste à l'origine de la vocation d'un enfant qui deviendra metteur en scène, le film sécrète une émotion veinée de comique d'une grande efficacité spectaculaire. Sur sa lancée, Tornatore réalise Ils vont tous bien (Stanno tutti bene, 1990), qui ne retrouve pas le succès du film précédent mais permet à Marcello Mastroianni d'incarner un vieil homme à la recherche de ses enfants à travers une Italie dévastée et à Michèle Morgan de faire une apparition émouvante. Cinéaste adulé en Italie, Tornatore déçoit un peu avec Une pure formalité (1994), qui oppose Gérard Depardieu et Roman Polanski dans un face à face policier trop bien ficelé. En 1995, il signe Marchand de rêves (L'uomo delle stelle), ainsi que Lo schermo a tre punte film de montage consacré à l'histoire du cinéma sicilien. On le retrouve en 1998 avec une superproduction, la Légende du pianiste sur l'océan (La leggenda del pianista sull'oceano), une adaptation très hollywoodienne du monologue d'Alessandro Baricco. Malèna (2000) retrace enfin l'amour impossible d'une femme et d'un adolescent de 14 ans, dans le contexte de la Sicile de la Seconde Guerre mondiale.