Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LANGLOIS (Henri) (suite)

Henri Langlois n'avait jamais été un gestionnaire. Collectionneur passionné, fou de toutes les formes de cinéma, il a eu ce mérite définitif de pratiquer et d'imposer un principe élémentaire : conserver tout, refuser les hiérarchies, permettre au temps et aux autres de classer différemment. Langlois a été l'accumulateur intuitif et nécessaire de tout le 7e art, et il a su faire partager à une génération son enthousiasme, sinon sa folie. Ce conservateur n'était ni un bureaucrate ni un chimiste : il savait mal organiser et conserver. Mais il fallait d'abord sa volonté brouillonne et ses coups de passion pour permettre, au-delà du plaisir des uns et du travail des autres, la connaissance du cinéma.

LANNES (Georges Abraham, dit Georges)

acteur français (Paris 1895 - id. 1983).

Il débute au cinéma au lendemain de la Grande Guerre dans une série de films signés Charles Maudru et Maurice de Marsan et joue le rôle principal des Mystères de Paris (Ch. Burguet, 1922). Tenté par la réalisation, il tourne deux mélos, le Petit Jacques (1923) et l'Orphelin du cirque (1926), puis apparaît dans l'un des premiers films sonores (le Collier de la reine, Gaston Ravel, 1929). On le revoit en 1937, interprète consciencieux et sobre de personnages de truands (l'Entraîneuse, Albert Valentin, 1938 ; Circonstances atténuantes, Jean Boyer, 1939 ; Sans lendemain, Max Ophuls, 1940). Pour le reste, il passe sans éclat de Berthomieu à Delannoy, de Boyer à Baroncelli.

LANOUX (Victor)

acteur français (Paris 1936).

On le voit d'abord au cabaret (vers 1960, avec Pierre Richard), puis il fait une carrière au théâtre (TNP en 1965, Compagnie Roger-Planchon en 1971). René Allio lui confie son premier rôle au cinéma dans la Vieille Dame indigne (1965). Mais c'est seulement depuis 1972 que sa silhouette massive, sa concentration bourrue deviennent familières aux spectateurs : l'Affaire Dominici (C. Bernard-Aubert, 1973) ; Dupont Lajoie (Y. Boisset, 1975) ; Folle à tuer (id., id.) ; Cousin cousine (J.-Ch. Tacchella, 1975) ; Une femme à sa fenêtre (P. Granier-Deferre, 1976) ; Servante et maîtresse (Bruno Gantillon, 1977) ; Nous irons tous au paradis (Y. Robert, id.) ; les Chiens (A. Jessua, 1979) ; Une sale affaire (Alain Bonnot, 1981) ; Un dimanche de flics (Michel Vianey, 1983) ; les Voleurs de la nuit (S. Fuller, id.) ; Stella (Laurent Heynemann, id.) ; la Triche (Y. Bellon, 1984) ; Louisiane (Ph. de Broca, id.) ; le Lieu du crime (A. Téchiné, 1986) ; Sale Destin (Sylvain Madigan, 1987) ; l'Invité surprise (G. Lautner, 1989) ; Rouge Venise (Étienne Périer, id.) ; le Bal des casse-pieds (Y. Robert, 1992). Il a fondé sa propre société de production, les Films de la Drouette, en 1978.

LANSBURY (Angela)

actrice américaine d'origine britannique (Londres 1925).

Elle n'est jamais devenue une star : ses larges yeux globuleux et sa petite bouche vipérine ont toujours posé des problèmes aux producteurs paresseux. Mais les amateurs savent ce qu'elle peut apporter à un rôle. Avec sa mère, Moyna McGill, elle arriva aux États-Unis en 1940, fuyant Londres sous le blitz. À peine âgée de dix-huit ans, elle est remarquée par Cukor, qui l'impose dans le rôle de la soubrette perverse et vulgaire de Hantise (1944), personnage qui déjà dévoile pleinement son immense talent à jouer les femmes hors du commun. Mais c'est pourtant un rôle d'ingénue conventionnelle qui lui permit une de ses créations les plus singulières : Sybil Vane, ange de pureté, inoubliable quand, dans la tabagie d'un cabaret, elle entonnait Goodbye, little yellow bird (le Portrait de Dorian Gray, A. Lewin, 1945). Elle avait à peine vingt ans quand elle fut une redoutable tenancière de saloon dans les Demoiselles Harvey (G. Sidney, 1946). Malheureusement, malgré une saisissante composition de femme de tête tourmentée par le souvenir d'un père défunt (l'Enjeu, F. Capra, 1948), la MGM avait peu à lui offrir.

Après des films modestes tournés dans les années 50, elle revient en force en maîtresse alcoolique d'Orson Welles dans les Feux de l'été (M. Ritt, 1958) et surtout en lady cancanière et « langue de vipère » de Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ? (V. Minnelli, id.). À partir de là, elle fut rare, mais excellente. John Frankenheimer, en particulier, lui confia deux superbes personnages de mère : celle, pathétique et fragile, de l'Ange de la violence (1962) et celle, terrifiante, abusive et grotesque, d'Un crime dans la tête (id.).

Devenue vedette à Broadway, elle semble se désintéresser quelque peu du cinéma. Mais sa composition loufoque dans Mort sur le Nil (J. Guillermin, 1978) et celle, toute en nuances, de Miss Marple dans Le miroir se brisa (The Mirror crack'd, G. Hamilton, 1980) confirment qu'elle reste une actrice de talent.

LANTERNE.

Partie d'un appareil de projection contenant la source de lumière. ( PROJECTION.)

LANTZ (Walter)

producteur américain de dessins animés (New Rochelle, N. Y., 1900 - Hollywood, Ca., 1994).

Il fait ses débuts dans l'animation dès 1916, alors qu'il est dessinateur. Il collabore avec Gregory La Cava — à l'époque dessinateur humoristique — à des films comme Silk Hat Harry (1918), Katzenjammer Kids, Happy Hooligan et Krazy Kat. Producteur du premier cartoon comportant des séquences en Technicolor (King of Jazz), il fonde la société Walter Lantz Cartoons, qui lance des personnages comme Oswald le Lapin, Andy Panda, Eight Ball, Sugarfoot et surtout, à partir de 1941, Woody Woodpecker, dont la série est diffusée par Universal International et rivalise avec les Tom et Jerry de la MGM. En 1954, il produit la série des Chilly Willy, dont quelques épisodes sont dirigés par Tex Avery. Par la suite, il se consacre surtout aux films publicitaires et à la télévision.

LANVIN (Gérard)

acteur français (Boulogne-Billancourt 1949).

Des études arrêtées à dix-sept ans ; des petits métiers à la limite de la marginalité ; comme un apprentissage, décidé sur des rencontres, au café-théâtre : son sort va se jouer là. Il y écrit et joue pour et avec Coluche, qui lui donne son premier rôle à l'écran dans Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine (1977). Mais c'est à Bertrand Tavernier (Une semaine de vacances, 1980) et à Jacques Bral (Extérieur nuit, id.) qu'il doit ses premières apparitions intéressantes, avant son étonnante composition d'un jeune cadre fasciné par son patron (M. Piccoli), dans Une étrange affaire (P. Granier-Deferre, 1981). Beau ténébreux, compliqué, secret ou naïf, il a varié ses interventions : le Prix du danger (Y. Boisset, 1983) ; Marche à l'ombre (Michel Blanc, 1984) ; les Spécialistes (P. Leconte, 1985) ; Moi vouloir toi (Patrick Dewolf, id.) ; Saxo (Ariel Zeitoun, 1988) ; Mes meilleurs copains (J.-M. Poiré, 1989) ; Il y a des jours et des lunes (C. Lelouch, 1990) ; la Belle Histoire (id., 1991) ; les Marmottes (E. Chouraqui, 1993) ; le Fils préféré (N. Garcia, 1994), Mon homme (B. Blier, 1996), Anna Oz (E. Rochant, 1996), En plein cœur (Pierre Jolivet, 1998), le Goût des autres (A. Jaoui, 2000).