Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

'ABD AL-WAHHAB (Fatin)

cinéaste égyptien (1913-1972).

Assistant dès 1934 aux récents studios Miṣr du Caire, il y réalise en 1948 son premier film, Nadiya. Le succès de ‘ la Maison hantée ’ (Bayt al-'achbah, 1951) incite les producteurs à exploiter l'acteur comique Isma’il Yasin. Une fois dégagé de ces films en série, ‘Abd Al-Wahhab s'oriente vers une comédie de mœurs souvent heureuse, même si elle doit sacrifier aux conventions, chant, danse et star system. S'il rappelle Niyazi Muṣṭafa, il a plus d'ironie et d'élégance. Ses satires narquoises d'une société satisfaite et crédule (‘ Ma femme est PDG ’ [Imra'ati mudir’am], 1965) ou ses comédies légères à la René Clair (‘ le Fantôme de ma femme ’ [‘ Ifritu mra'ati], 1968) lui confèrent une place particulière dans les cinémas arabes. Il a signé plusieurs sketches et 53 longs métrages, dont ‘ Mademoiselle Hanafi ’ (al-Anisa Ḥanafi, 1954), ‘ la Treizième Épouse ’ (az-Zawja ath-thalitha’achar, 1961), ‘ les Trois Cavaliers ’ (al-Fursan ath-thalatha, id.), ‘ Renvoyé du paradis ’ (Ṭaridu al-Firdaws, 1964), ‘ Terre de mensonge ’ (Arḍu an-nifaq, 1968), ‘ Sept Jours au paradis ’ (Sab'atu ayyam fi aj-Janna, 1969), ‘ les Mensonges d'Ève ’ (Akadhibu Hawwa, 1970), ‘ le Fiancé de ma mère ’ (Khaṭ ib mama, 1971) et ‘ les Lumières de la ville ’ (Aḍwa al-madina, 1972).

'ABD AS-SALAM (Shadi)

cinéaste égyptien (Alexandrie 1930 - Le Caire 1986).

Diplômé en architecture (Beaux-Arts du Caire), il s'oriente vers le cinéma : assistant décorateur (Cléopâtre, de Mankiewicz) ; directeur artistique (Pharaon, de Kawalerowicz ; Lutte pour la survie, de Rossellini, film de la RAI). Réalise la Momie (al-Mumiya‘, 1969), dont la sobre beauté et le regard porté sur l'Égypte étonnent. Primé plusieurs fois, le film attend dix ans une sortie bâclée au Caire. Directeur du Centre expérimental du film dès sa création (1968), il y enseigne et pratique une conception exigeante du cinéma : le Paysan éloquent (al-Fallah al-faṣ iḥ, 1970, CM), les Armées du soleil (Juyush ash-Shams, 1975), la Chaise (Kursi Tut’Amnakh Amun adh-dhahabi, 1982).

ABDRACHITOV (Vadim) [Vadim Jusupovič Abdrašitov]

cinéaste soviétique (Kharkov, Ukraine, 1945).

Diplômé en 1967 de l'Institut technique de chimie de Moscou, il travaille d'abord dans une usine d'électronique puis aborde le cinéma au début des années 1970. Élève de Mikhail Romm et Lev Koulidjanov, il réalise en 1974 son film de diplôme ‘ Arrêtez Potapov ’ (Ostanovite Potapova). On remarque dans ses films suivants, dont les scénarios sont écrits en collaboration avec Aleksandr Mindadze, un non-conformisme évident et une propension à décrire la réalité sociale sans masques ni mensonges : La Parole est à la défense (Slovo dlja zaščity, 1976), le Tournant (Povorot, 1978), ‘ la Chasse aux renards' (Ohota na lis, 1980), le Train s'est arrêté (Ostanovilsja poezd, 1982), le Défilé des planètes (Parad planet, 1984), Plioumboum (Pljumbum ili opasnaja igra, 1986), le Valet/le Domestique (Sluga, 1989), Armavir (id., 1991), Pièce pour un passager (Pjesa dlja passažira, 1995), le Temps du danseur (Vremja tancora, 1997).

ABE (Yutaka)

cinéaste japonais (préf. de Miyagi 1895 - Tokyo 1977).

Durant un long séjour (de 1912 à 1925) à Hollywood, il suit des cours d'acteur, travaille avec Sessue Hayakawa et tient de petits rôles, sous le nom de Jack Abe, dans des films de Thomas Ince, Cecil B. De Mille et d'autres. De retour au Japon, il tourne de très nombreuses comédies à la Lubitsch, parmi lesquelles son plus grand succès, maintes fois repris, ‘ la Femme qui toucha les jambes ’ (Ashi ni Sawatta Onna, 1926). Il réalise environ cinq films par an pendant les années suivantes, dont plusieurs de tendance nationaliste comme ‘ le Ciel en flammes ’ (Moyuru Ozora, 1940) ou ‘ le Bouquet des mers du Sud ’ (Nankai no Hanataba, 1942). Malgré les purges de l'après-guerre, il poursuivra sa carrière jusqu'en 1961.

ABEL (Alfred)

acteur allemand (Leipzig 1879 - Berlin 1937).

Après divers métiers, il se consacre au théâtre et, dès 1913, au cinéma sous l'impulsion d'Asta Nielsen. Parmi les nombreux films qu'il a tournés, on ne peut guère retenir que ses collaborations avec Fritz Lang (Docteur Mabuse, Metropolis) et avec Murnau (la Terre qui flambe, Phantom, les Finances du grand-duc). Il y a imposé un personnage élégant et distingué, toujours plein de dignité et d'humanité et souvent condamné à être la victime des méchants. On l'a vu aussi dans l'Argent de L'Herbier et dans le pamphlet antimilitariste la Mort invisible de Mikhaïl Doubson. Il a réalisé lui-même trois films : Narkose (1929), Glückliche Reise (1933) et Alles um eine Frau (1935), où l'on décèle l'influence des grands maîtres avec lesquels il a travaillé, Murnau et Lang.

ABERRATION.

Défaut susceptible d'affecter l'image fournie par un objectif : aberration chromatique, aberration de sphéricité, etc. ( OBJECTIFS.)

ABOULADZÉ (Tenguiz) [Tengiz Evgen'evič Abuladze]

cinéaste soviétique (Koutaisi, Géorgie, 1924 - Tbilissi 1994).

Avec son ami Revaz Tchkheidze, dont la carrière se confondra avec la sienne jusqu'en 1956, il étudie à l'Institut théâtral de Tbilissi, puis au VGIK de Moscou (sous la houlette de Mikhail Romm et de Sergueï Youtkevitch). Leur diplôme de fin d'études est un documentaire sur un grand compositeur géorgien : Dimitri Arakichvili (Dimitrij Arakišvili, 1952). Quatre ans plus tard, ils cosignent un moyen métrage, l'Âne de Magdana (Lurdža Magdany), dont les qualités de fraîcheur et de sensibilité sont les signes avant-coureurs d'une renaissance du cinéma géorgien, dont ils seront effectivement, l'un comme l'autre, les principaux artisans. Abouladze poursuit sa carrière en tournant désormais seul ‘ les Enfants d'une autre' (Čužie deti, 1958) puis ‘ Moi, grand-mère, Iliko et Illarion ’ (Ja, babuška, Iliko i Illarion, 1963). En 1968, il réalise un film poétique et symbolique, l'Incantation ou la Prière (Mol'ba), qui se réfère à l'œuvre du poète national Važa Pšavela. Après le documentaire ‘ Un musée sous le ciel ’ (Muzej pod otkrytym nebom, 1972), il tourne ’Un collier pour ma bien-aimée' (Ožerel dlja moej ljubimoj, 1973) puis l'Arbre du désir (Drevo želanija, 1976), une parabole philosophique qui dépeint avec brio et sympathie l'âme populaire géorgienne. En 1987, il obtient le Prix spécial du jury à Cannes pour Repentir (Pokajanie, 1986 [1984]), violente satire contre la dictature en général et celles de Staline et Beria en particulier, dont le retentissement fut considérable en URSS et qui apparut ensuite dans tous les pays du monde comme l'un des films marquants de la perestroïka de Gorbatchev.▲