Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CHAREF (Mehdi)

cinéaste français d'origine algérienne (Maghnia 1952).

À partir de 1970, il est tourneur dans une usine parisienne et publie un roman qu'il met en scène lui-même grâce à Costa-Gavras : le Thé au harem d'Archimède (1985), chronique vivace et tendre de la vie des adolescents de banlieue (Prix Jean Vigo 1985). Dans Miss Mona (1986), il donne à Jean Carmet l'occasion d'une étonnante performance dans le rôle d'un vieux travesti et poursuit dans la voie d'un réalisme teinté de poésie avec Camomille (1988). Au pays des Juliets (1992) est une incursion quelque peu démonstrative dans l'univers des femmes délinquantes emprisonnées. En 2000 il réalise Marie-Line.

CHARELL (Erik Löwenberg, dit Erik)

cinéaste allemand (Breslau [auj. Wroc'law] 1894 - Zug, Suisse, 1974).

Danseur au Max Reinhardt Theater à Berlin, puis directeur artistique du Grosses Schauspielhaus (Berlin), il y monte l'Auberge du Cheval blanc. Son film Der Kongresstanzt, avec Lilian Harvey et Willy Fritsch (1931), fut un grand succès public dont il tourna parallèlement une version française (Le congrès s'amuse) et une version anglaise (The Congress Dances). En 1933, il est un des premiers collaborateurs de la UFA, dont le contrat est annulé, et, fuyant l'Allemagne nazie, émigre à Hollywood, où il réalise son second et dernier film, Caravan (1934), dont il existe également une version française (Caravane) : cette œuvre témoigne d'un goût musical et d'une virtuosité dignes du Mamoulian d'Aimez-moi ce soir (1932). Il travaille également comme scénariste (Road to Morocco, D. Butler, 1942 ; Casbah, J. Berry, 1948). En 1951, il est de retour en Allemagne, écrit un remake de Im weissen Rössl (1952), dont il compose aussi la musique, comme il le fera pour Sissi (1955).

CHARENSOL (Georges)

critique cinématographique, critique d'art et essayiste français (Privas 1899 - Paris 1995).

Il est l'un des pionniers de la critique de cinéma — son premier article (dans le Bulletin du Touring Club de France) date de 1917 — , exerçant ses talents impressionnistes dans Paris-Journal (1923), la Femme de France (1930) et surtout les Nouvelles littéraires (depuis 1945). Il a fondé, en 1928, l'Association de la critique cinématographique, puis, en 1946, l'Association française de la critique de cinéma. À la radio, il a animé, plusieurs années durant (à partir de 1946), une émission avec Louis Cheronnet : Art vivant, et participé dès l'origine à l'émission populaire le Masque et la Plume, où ses reparties et ses joutes amicales avec Jean-Louis Bory ont captivé et divisé les auditeurs par un subtil mélange d'idées conformistes et malicieusement anticonformistes. Il a publié notamment Panorama du cinéma (1930), 40 Ans de cinéma (1935), Renaissance du cinéma français (1946), le Cinéma (1966) et deux livres sur René Clair (Un maître du cinéma : René Clair, 1952, CO Roger Régent, et René Clair ou les Belles de nuit, 1953).

CHARGEMENT.

Sur une caméra, un projecteur, une tireuse, opération consistant à mettre en place le film depuis la bobine débitrice (ou le plateau débiteur) jusqu'à la bobine réceptrice (ou le plateau récepteur).

CHARGER.

Effectuer le chargement d'un appareil.

CHARGEUR.

Boîte étanche à la lumière, adaptable à la caméra et contenant la bobine débitrice, la bobine réceptrice et les débiteurs. ( CAMÉRA.)

CHARGING BAG (franglais).

Sac étanche à la lumière dans lequel, en glissant les bras, on peut garnir un chargeur ou un magasin de film vierge sans voiler celui-ci. ( CAMÉRA.)

CHARIOT.

Plate-forme, évoluant sur rails, sur laquelle est montée la caméra pour l'exécution des travellings. ( MOUVEMENTS D'APPAREIL.)

CHARISSE (Tula Ellice Finklea, dite Cyd)

actrice et danseuse américaine (Amarillo, Tex., 1922).

Avant de devenir la plus grande danseuse de l'histoire du film musical américain, elle étudie et pratique la danse classique. Elle fait ensuite partie des Ballets russes de Monte-Carlo et travaille avec David Lichine, Leonid Massine, Bronislava Nijinska, Michel Fokine, sous le pseudonyme de Maria Istomina. Elle épouse, en 1939, son ex-professeur, le danseur Nico Charisse. En 1943, à la demande de David Lichine, elle fait ses débuts à l'écran dans un ballet de Something to Shout About, sous le pseudonyme de Lily Norwood. La même année, elle incarne une danseuse du Bolchoï dans Mission to Moscow, de Michael Curtiz. Le chorégraphe Robert Alton et le producteur Arthur Freed l'engagent pour danser avec Fred Astaire dans Ziegfeld Follies, de Vincente Minnelli, et elle signe un contrat de sept ans avec la MGM. En 1945, The Harvey Girls, de George Sidney, avec Judy Garland, lui permet de montrer ses dons de comédienne et de chanteuse.

Pendant quelques années, elle va apparaître régulièrement dans les numéros dansés de musicals dont les vedettes sont Judy Garland, Margaret O'Brien, Esther Williams et Kathryn Grayson. 1949 est la date de son premier rôle dans un film non musical : Tension, un policier de John Berry, que suit Ville haute, ville basse, de Mervyn LeRoy, avec Barbara Stanwyck et James Mason. Elle est espagnole dans le Signe des renégats (H. Fregonese, 1951), où elle danse la séguedille avec Ricardo Montalban, et indienne en 1952 dans un western d'Andrew Marton, Au pays de la peur. Elle avait épousé le chanteur Tony Martin en 1948.

Mais sa gloire commence en 1952 avec son admirable apparition dans le Broadway Melody Ballet, avec Gene Kelly, dans le plus célèbre des films musicaux : Chantons sous la pluie, de Gene Kelly et Stanley Donen. Sa robe blanche dans la séquence onirique, sa coiffure et sa silhouette à la Louise Brooks dans la première partie de ce ballet sont une révélation pour beaucoup. Cette manière d'être double sera également utilisée par Vincente Minnelli dans Tous en scène (1953), dont, consécration suprême, elle partage la vedette avec Fred Astaire. Chantons sous la pluie et Tous en scène sont les deux sommets de sa carrière, et des numéros comme le « Broadway Melody Ballet » et, dans le second film, « Dancing in the Dark » et « The Girl Hunt Ballet » font partie de toutes les anthologies de la comédie musicale.

Devenue vedette à part entière, Cyd Charisse retrouve Gene Kelly pour un musical féerique de Vincente Minnelli, Brigadoon (1954), exécute un de ses plus beaux numéros dans Au fond de mon cœur de Stanley Donen et apparaît au sommet de sa beauté et de son talent dans Beau fixe sur New York, de Gene Kelly et Stanley Donen. En 1957, elle reprend le rôle, créé en 1939 par Greta Garbo, dans la version musicale de Ninotchka que dirige Rouben Mamoulian : la Belle de Moscou. Avec Fred Astaire, elle y exécute quelques-unes des danses les plus élégantes de sa carrière. En 1958, elle est la « Party girl » du film homonyme de Nicholas Ray. Ses deux ballets sont admirables, mais elle est aussi surprenante dans ce rôle très dramatique du dernier de ses grands musicals. De sa fin de carrière, on retiendra surtout son rôle de vamp dans Quinze Jours ailleurs, de Minnelli. On la voit dans des shows pour la télévision et, régulièrement, sur scène avec Tony Martin.