Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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KUROSAWA (Kiyoshi)

cinéaste japonais (Kobe, 1955).

Étudiant en sociologie, il tourne d'abord des films en 8 mm, qui lui valent des prix au Festival de la revue PIA (1980), puis devient assistant-réalisateur. Il se fait remarquer dès son premier film « commercial », un pink-eiga (« film rose »), la Guerre de Kandagawa (Kandagawa inran sensô, 1983), puis avec un faux film érotique, sous influence de Godard, l'Excitation de la fille Do-Ré-Mi-Fa (Do-Re-Mi-Fa musume no chi wa sawagu, 1985), dont l'échec public le réduit au silence pendant quatre ans. De retour en 1989, avec Sweet Home, il attire de nouveau l'attention avec des films de genre au ton personnel comme le Gardien du Sous-Sol (Jigoku no keibi-in, 1992), et une série de films de yakuza, Suit yourself or shoot yourself, 1 à 4/Katteni shiagare, 1995/1996). Pourtant, c'est dans Cure (Kyua, 1997), film moderne à propos d'un tueur en série, que le « petit Kurosawa » (qui n'a aucun lien de parenté avec Akira) impose une vision du monde dominée par la schizophrénie, et le sens du fantastique moderne. Après deux exercices de style décalés sur des thèmes « yakuza » (le Chemin du serpent/ Hebi no michi, et l'Œil de l'araignée/ Kumo no hitomi, tous deux de 1998), qui le rapprochent de son collègue et ami S. Aoyama, il tourne successivement Licence to Live (Ningen gokaku, 1998), Charisma (Kyarisuma, 1999, un policier fantastique avec son acteur-fétiche Koji Yakusho), et Vaine illusion (Oinaru genei, 1999), film expérimental frôlant l'abstraction. Son obsession des fantômes et des faux-semblants de la réalité se manifeste encore dans deux films récents, Séance (Ko-Rei, 2000, pour la TV), et Kairo (id., 2001), qui met en scène des fantômes sur Internet.

KURYS (Diane)

cinéaste française (Lyon 1948).

Longtemps comédienne (Compagnie Renaud-Barrault), elle écrit le scénario de Diabolo menthe, récit quasi autobiographique sur l'éveil d'une adolescente dans les années 60, qui intéresse l'avance sur recette et la Gaumont. Sorti en 1977, le film obtient le prix Delluc et un large succès d'estime. En 1980, elle évoque mai 68 à travers l'itinéraire sentimental de jeunes absents de Paris (Cocktail Molotov). Plus ambitieux et plus maîtrisé, Coup de foudre (1983) dépeint, depuis la fin de la dernière guerre, la rencontre, l'amitié, l'évolution sociale et morale de deux jeunes femmes de milieux et de racines différents. En 1987, Diane Kurys réalise en anglais Un homme amoureux , en 1990 La Baule-les-Pins, en 1992 Après l'amour et en 1994 À la folie.

KUSTURICA (Emir)

cinéaste yougoslave (Sarajevo 1955).

Diplômé de la faculté de cinéma de Prague (FAMU) en 1978, il réalise plusieurs courts métrages et téléfilms. Pour son premier long métrage, Te souviens-tu de Dolly Bell (Sjećaš li se Dolly Bell, 1981), il reçoit le Lion d'or de l'opera prima à la Mostra de Venise et renouvelle ce coup d'éclat avec la Palme d'or à Cannes pour Papa est en voyage d'affaires (Otac na službenom putu, 1985). Avec ces deux réussites de finesse et d'humour, il s'est imposé comme le plus brillant représentant de ce qu'on appelle le « groupe de Prague » dans le cinéma yougoslave. Il a confirmé ses dons de conteur et de styliste avec le Temps des gitans (Dom za vesanje, 1988), poème baroque où la réalité la plus cruelle côtoie un lyrisme quasi surréaliste, et dans Arizona Dream (1993), tourné aux États-Unis. En 1995, il remporte pour la deuxième fois la Palme d'or du Festival de Cannes avec Underground, fresque inspirée et tumultueuse sur les vicissitudes politiques et les drames humains de son pays natal, Chat noir, chat blanc (Cerna mačka, beli mačor 1998) est une farce débridée gorgée d'humour noir que Kusturica conduit avec un entrain communicatif.

KUTLAR (Onat)

écrivain, critique et scénariste turc (Alanya 1936 - Istanbul 1995).

Il part pour la France avant de terminer ses études de droit à l'université d'Istanbul et devient un spectateur assidu de la Cinémathèque française, tout en poursuivant des études de philosophie. Il a publié ses premiers poèmes dès l'âge de seize ans. Son premier recueil de nouvelles, Ishak, a été couronné, en 1960, par le prix du prestigieux Institut de langue turque (Türk Dil Kurumu). Il s'oriente rapidement vers la critique cinématographique, fonde en 1965 la Cinémathèque turque et édite une revue de cinéma. Il a également produit de nombreux films et organisé plusieurs manifestations cinématographiques. Parmi les principaux films dont il a signé le scénario, on peut citer : les Gamins d'Istanbul (Yusuf ile Kenan, Ö. Kavur, 1978), Hazal (A. Özgentürk, 1979) et Une saison à Hakkâri (Hakkâri'de Bir Mevsim, E. Kıral, 1982).

KUTZ (Kazimierz)

cinéaste polonais (Szopienice 1929).

Il s'intéresse tout d'abord à la psychologie et souhaite même devenir psychiatre. Mais il opte finalement pour le cinéma, sort diplômé de l'école de Łódź en 1954, est l'assistant de Wajda pour Génération / Une fille a parlé et de Kawalerowicz pour l'Ombre. Après avoir dirigé la seconde équipe de tournage de Kanal (A. Wajda, 1957), il se voit confier sa première mise en scène en 1959 : Croix de guerre (Krzyż walecznych), qui remporte le prix de la critique polonaise. Personne n'appelle (Nikt nie woła, 1960) et Panique dans un train (Ludzie z poci¸agu, 1961), qui ont encore pour toile de fond la dernière guerre — laquelle traumatisera tous les cinéastes polonais pendant une bonne vingtaine d'années —, imposent Kutz et lui permettent de s'insérer aux côtés de Wadja, Kawalerowicz, Has, Munk et Konwicki parmi les grands espoirs de la « première génération ». Après quelques essais plus ou moins concluants, les Chevaux sauvages (Tarpany, 1962), le Silence (Milczenie, 1963), la Chaleur (Upał, 1964), Quiconque pourrait savoir... (Ktokolwiek wie..., 1966), le Saut (Skok, 1969), où Kutz s'essaye à des genres très divers, il aborde le premier volet de ce qui deviendra une étonnante « trilogie silésienne » : le Sel de la terre noire (Sól ziemi czarnej, 1970). « Synthèse de plus d'un demi-siècle d'histoire d'une terre et de son peuple, de ses aspirations, de sa culture, de son caractère » selon ses propres vœux, cette trilogie (au premier film succéderont la Perle de la couronne [Perła w koronie, 1972] et, huit ans plus tard, les Grains du rosaire [Paciorki jednego różańca, 1980]) sera un hymne humaniste, chaleureux et généreux à l'égard du peuple silésien. Kutz chanta sa contrée natale (ses deux grands-pères sont morts dans une mine, son père était cheminot) avec une simplicité et une sincérité qui n'empruntent aucun des chemins suivis par les hagiographes ou les « ouvriéristes » officiels. Au temps de la libéralisation, le festival de Gdańsk 1980 accorde son grand prix aux Grains du rosaire. En 1983, le cinéaste signe Je resterai toujours à mon poste (Na strazy swej stac bede) et en 1985, Prenez garde mes frères arrivent (Wkrótce nadej d¸a bracia). Kazimierz Kutz est également le metteur en scène de la Ligne (Linia, 1975), De nulle part à nulle part (Znik¸ad donikad, id.), l'Horrible Rêve de Pépère Gorkiewicz (Straszy Sen Dzidziusia Górkiewicza, 1993) Détourné de son chemin (Zawrócony, TV, 1994), la Mort comme une tranche de pain (Smieré jak Kromka chleba, id.), Colonel Kwiatkowski (Pułkownik Kwiatkowski, 1995).