Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PAYS-BAS (suite)

Pendant la guerre, la mainmise de l'Allemagne est totale sur le plan culturel. Les occupants se chargent eux-mêmes de la production cinématographique (contrairement à ce qui se passe au même moment en France). Parmi les films réalisés, le Rembrandt d'Hans Steinhoff, en 1942, est l'un des plus réussis sur le plan artistique.

L'après-guerre confirme que les Pays-Bas demeurent la terre d'élection du documentaire et du court métrage. À la suite des Joris Ivens, Mannus Franken, Gerard Rutten, Will Tuchinsky, Jan Hin, Max De Haas, Charles H. Van der Linden, de nouveaux noms apparaissent : Bert Haanstra*, Ytzen Brusse, Herman Van der Horst*, Rudi Hornecker, Paul Schuitema, John Ferno (John Fernhout), qui fut lontemps le cameraman d'Ivens, Jan Vrijman, Hattum Hoving, George Sluizer, Louis Van Gasteren, Theo Van Haren Noman, Nico Crama, Rolf Orthel et Johan Van der Keuken*, qui deviendra un des grands du documentaire mondial. Certains d'entre eux — Bert Haanstra notamment — ne se limiteront pas au documentaire et signeront des films de fiction. Alors que les années 50 sont relativement chiches en films de valeur (Ciske, face de rat [Ciske de Rat], W. Staudte*, 1955 ; Fanfare, B. Haanstra, 1958 ; le Village au bord du fleuve, F. Rademakers, id.), la décennie suivante verra la confirmation du talent de Fons Rademakers* et les premiers signes d'une production plus « personnalisée », plus expérimentale aussi (Paranoia d'Adriaan Ditvoorst* en 1967 ; Joszef Katus de Pim de la Parra et Wim Verstrappen, id.), qui ne rencontre pas vraiment encore son public. Mais, progressivement, le cinéma néerlandais se fait remarquer dans les festivals internationaux tandis qu'augmente la production et que de jeunes réalisateurs viennent épauler leurs aînés. Ainsi à côté de Bert Haanstra (Quand refleuriront les coquelicots, 1975 ; le Jubilé de monsieur Slotter, 1980) et de Fons Rademakers (Mira, 1971 ; Max Havelaar, 1976), il faut citer les noms de Philo Bregstein (le Passé qui demeure [Dingen die niet voorbijgaan], 1970), Paul Verhoeven (Turkish Delight, [Turks fruit] 1972 ; Cathy Tippel [Keetje Tippel], 1975 ; Spetters, 1980 ; le Quatrième Homme [De Vierde Man], 1983), René Van Nie (Anna, l'enfant aux jonquilles [Kind van de Zon], 1975), Erik Van Zuylen (le Dernier Train [De laatste Trein], 1976 ; En observation [Opname], 1980 ; CO Marja Kok), Jacob Bijl (Scrim, 1976 ; Tiro, 1979), Nouchka Van Brakel (le Début [Het Debuut], 1977), Wim Verstappen (Pastorale 1943, 1978), Jos Stelling* (Rembrandt [Rembrandt fecit], id. ; l'Illusionniste [De Illusionist], 1983), Frans Zwartjes (Pentimento, 1979), Pieter Verhoeff (le Signe de la bête, 1981), Frans Weisz (Charlotte, 1981 ; Havinck, 1987 ; Polonaise, 1989 ; la Vengeance [Op afbetaling], 1993), Lili Rademakers (Menuet, 1982), Ben Verbong (la Fille aux cheveux roux [Het Meisje met het rode Haar], id.), Orlow Seunke (le Goût de l'eau [De Smaak van Water], 1983), Eric De Kuyper (Casta Diva, id.), George Sluizer (Spoorloos, 1988), Alex Van Warmerdam* (Abel, 1985 ; les Habitants [Die Noorderlingen], 1992), Annette Apon (les Vagues [Die Wellen], 1981 ; Crocodiles à Amsterdam [Krokodillen in Amsterdam], 1990).

Paul Verhoeven* (né en 1938), qui a beaucoup tourné dans les années 80, a fait une percée aux États-Unis (où il réalise en particulier Robocop et Basic Instinct). George Sluizer est connu en Europe hors de la zone néerlandophone – il a travaillé notamment en coproduction avec la France pour l'Homme qui voulait savoir (1988) et avec l'Allemagne. Paul Ruven est une des révélations des années 90, grâce à des films d'un ton nouveau, qu'on a pu comparer à ceux d'Aki Kaurismäki, en plus éclectique toutefois : les Larmes de Maria Machita (De tranen van Maria Machita, 1991), Broken Heart (How to Survive a Broken Heart, 1991), Ivanhood (1992), The Best Thing in Life (id., 1993). Un certain nombre de cinéastes étrangers travaillent en collaboration avec les Pays-Bas – comme Peter Greenaway*, Sally Potter, ou l'Argentin Alejandro Agresti*, établi à Amsterdam, où il a tourné notamment Luba (1990) et Modern Crimes (1992) – et, bien sûr, bon nombre de réalisateurs flamands, communauté de langue oblige (Stijn Coninx, Robbe de Hert).

La production néerlandaise, limitée à douze ou quinze films par an, tente de s'adresser au marché européen, et parfois au-delà grâce à quelques films en langue anglaise. Un plan destiné à renforcer l'aide publique à la production a été mis en place. Une des conséquences est une plus forte présence dans les festivals et, par-là même, quelques nouvelles possibilités d'exportation qui ont permis de faire connaître au public européen les films d'un Van Warmerdam* ou d'un Stelling*.

PEARSON (George)

producteur et scénariste britannique (Londres 1875 - id. 1973).

À 37 ans, il quitte son métier d'instituteur et devient l'un des cinéastes les plus marquants du cinéma muet de son pays, surtout après avoir adapté Conan Doyle dans A Study in Scarlet (1914) et attiré un nombreux public populaire avec Ultus the Man From the Dead (1916-17), serial en quatre parties réalisé par Gaumont. En 1918, il s'associe à Thomas Welsh pour fonder la Welsh-Pearson Company. Au sein d'une abondante filmographie, on peut retenir Enfants dans les ruines (Kiddies in the Ruins, 1918), The Better Ole (id.), Nothing Else Matters (1920), Squibs (1921), Squibs Wins the Calcutta Sweet (1922), Love, Life and Laughter (1923), Reveille (1924), The Little People (1926). À partir de son premier film sonore (East Lynne on the Water Front, 1931), il tourne des « quickies » sans intérêt et achève sa carrière en 1949 après une longue série de documentaires.

PECK (Eldred Gregory, dit Gregory)

acteur américain (La Jolla, Ca., 1916).

Remarqué au théâtre, il devient vedette de cinéma dès ses débuts. Sa haute taille, son élégance sérieuse et surtout la claire sobriété de son style l'amènent à une carrière d'une étonnante égalité. Capable de tension, plutôt que de variété, il incarnera des personnages inquiets chez Hitchcock ou Mulligan. Mais les films de King, tout en respectant son allure tourmentée, savent rappeler son goût de la noblesse. On n'a garde d'oublier qu'il a pu résumer en sa personne les vertus américaines les plus simples, donc les plus fondamentales (Jody et le faon), même lorsqu'il figure les incertitudes et les valeurs de l'Est en face des convictions spontanées des pionniers comme dans les Grands Espaces, où son antagonisme avec Heston manifeste sa complexité, sa dignité et son entêtement, opposés à l'évidence brutale de l'autre.