Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
W

WILLIS (Gordon)

chef opérateur américain (New York, 1931).

Auprès de réalisateurs comme Pakula (Klute, 1971 ; À cause d'un assassinat, 1974 ; les Hommes du président, 1976) et Coppola (le Parrain, 1972 ; le Parrain, 2e partie, 1976), il met en valeur l'héritage du film noir, mais en couleurs : éclairage complexe et raréfié, vision terne de la ville. Cette pénombre devient romanesque dans un western comme le Souffle de la tempête (Pakula, 1978). De sa longue collaboration avec Woody Allen, plutôt qu'Annie Hall (1977), Intérieurs (1978) ou Comédie érotique d'une nuit d'été (1982), on retiendra le surprenant usage du noir et blanc : sobre et sensible dans Manhattan (1979) ou Stardust Memories (1980) ; anonyme comme les anciennes actualités, mais plein de savants trucages, dans Zelig (1983) ; nostalgique dans Broadway Danny Rose (1984) ; imité du grand style hollywoodien des années 30 dans la Rose pourpre du Caire (1985), où il est confronté à des images aux teintes blafardes. Gordon Willis a lui-même réalisé Fenêtres sur New York (Windows, 1980). On lui doit également les images de Une baraque à tout casser (A. Benjamin, 1986), The Pick-up Artist (James Toback, 1987), les Feux de la nuit (J. Bridges, 1988), Présumé innocent (A. Pakula, 1990).

WILLUTZKI (Max)

cinéaste allemand (Eberswalde 1938).

Son premier court métrage date de 1965, mais il se fait connaître, à Berlin, à partir de 1969 dans les milieux du cinéma, où il crée avec Christian Ziewer et Klaus Wiese la société Basis Film. Après avoir travaillé pendant plusieurs années avec les comités de citoyens, il réalise un court métrage sur la lutte des locataires d'un immeuble, surnommé la Longue Plainte (Der lange Jammer, 1973). Dès 1975, il tourne un film de fiction sur les problèmes vécus par des enseignants : Vera Romeyke n'est pas dans les normes (Vera Romeyke ist nicht tragbar). Et c'est le chômage des jeunes qui retient son attention à l'occasion de son troisième long métrage, Die Faust in der Tasche (1978).

WILMS (André)

acteur français.

Acteur de théâtre, il est presque inconnu du public de cinéma lorsqu'il joue dans La vie est un long fleuve tranquille d'Étienne Chatilliez (1988). On lui confie alors des personnages marquants dans quelques films insolites, comme Drôle d'endroit pour une rencontre (François Dupeyron, 1988) et Monsieur Hire (Patrice Leconte, 1989). Quelques rôles importants se présentent alors, dans la Révolte des enfants (Gérard Poitou-Weber, 1991) ou, en Grèce, Isimeria (Nikos Kornilios, 1991), le Grand Blanc de Lambaréné (Bassek Ba Kobhio, 1994), mais ces films ont peu d'audience. Il tourne avec Aki Kaurismäki la Vie de Bohème (1991), puis Leningrad Cowboys meet Moses (1994), et enfin Juha (1999). Mais le cinéma devient secondaire pour lui au profit de la mise en scène de théâtre et d'opéra.

WILSON (Georges)

acteur, cinéaste et metteur en scène de théâtre français (Paris 1921).

Élève de Pierre Renoir à l'école de la rue Blanche en 1945, il entre à la compagnie Grenier-Hussenot en 1947, puis est engagé par Jean Vilar en 1952, auquel il succède à la direction du TNP, qu'il assume de 1963 à 1972. Au cinéma, après de petits rôles dans les Hussards (A. Joffé, 1955) et la Jument verte (C. Autant-Lara, 1959), on le découvre dans Une aussi longue absence (H. Colpi, 1961) : un rôle difficile, presque muet, dont il se tire avec honneur. Suivront, entre autres : Tintin et le mystère de la Toison d'or (J. Vierne, 1961, rôle du capitaine Haddock), le Désordre (F. Brusati, 1962), l'Étranger (L. Visconti, 1967), Max et les ferrailleurs (C. Sautet, 1971), l'Honneur d'un capitaine (P. Schoendoerffer, 1982). En 1989, il passe à la mise en scène avec la Vouivre d'après Marcel Aymé et dirige son fils Lambert Wilson dans le rôle principal.

WILSON (Lambert)

acteur français (Neuilly 1956).

Fils de l'acteur Georges Wilson, son enfance est imprégnée de l'ambiance du TNP de Jean Vilar et du Festival d'Avignon. Il séjourne plusieurs an-nées à Londres et étudie le chant classique. Il commence une carrière au théâtre et, après quelques tentatives, se révèle au cinéma dans la Boum 2 (C. Pinoteau, 1982), Cinq Jours, ce printemps-là (F. Zinnemann, id.) et Sahara (A. McLaglen, 1983). Son physique romantique et son jeu retenu lui permettent de belles performances dans la Femme publique (A. Żulawski, 1984), Rendez-vous (A. Téchiné, 1985), Bleu comme l'enfer (Y. Boisset, 1986), La Storia (L. Comencini, id.), Corps et biens (B. Jacquot, id.), le Ventre de l'architecte (P. Greenaway, 1987), El Dorado (C. Saura, id.), Chouans ! (Ph. de Broca, 1988), les Possédés (A. Wajda, id.), la Vouivre (G. Wilson, 1989), Hiver 54, l'abbé Pierre (Denis Amar, id.), Shuttlecock (Andrew Paddington, 1991), Warszawa (Janusz Kijowski, 1992), Jefferson à Paris (J. Ivory, 1995), On connaît la chanson (A. Resnais, 1997).

WILSON (Lois)

actrice américaine (Pittsburgh, Pa., 1894 - Reno, Nev. 1988).

Ancienne institutrice, elle reste dans l'ombre malgré un certain talent, sans jamais prétendre à briller. Elle est une ingénue dont le muet use et abuse dès 1916, lui offrant parfois de bonnes prestations ou l'occasion de paraître dans des œuvres importantes : la Caravane vers l'Ouest (J. Cruze, 1923). Même des rôles plus solides, comme celui de Daisy dans The Great Gatsby (H. Brenon, 1926), manquent de relief. Son meilleur personnage, celui de la mère dans Comme les grands (F. Borzage, 1934), est aussi empreint de componction et de discrétion exagérées. Lois Wilson s'est retirée en 1949.

WILSON (Michael)

scénariste américain (McAlester, Okla., 1914 - Los Angeles, Ca., 1978).

C'est l'un des plus célèbres scénaristes « de gauche » d'Hollywood et l'une des victimes du maccarthysme. Professeur de littérature, il travaille pour le cinéma dès 1940 en retouchant certains scénarios de la série western d'Hopalong Cassidy. Tout au long des années 40, son travail reste très anonyme. Ce n'est qu'en 1951 que son remarquable scénario d'Une place au soleil (G. Stevens) définit réellement ses possibilités : tout en effaçant certaines implications sociales du roman prolixe de Dreiser, Wilson gardait une grande acuité dans sa définition des personnages et de leurs relations. Il semble qu'il y ait peu de lui dans l'Affaire Cicéron (J. L. Mankiewicz, 1952), mais, en revanche, le Sel de la terre (J. Biberman, 1954) est caractéristique des idées de Wilson : un radicalisme encore exacerbé par l'époque et le fait que le scénariste est alors sur la liste noire. Il ne fut crédité ni sur la Loi du Seigneur (W. Wyler, 1956), ni sur le Pont de la rivière Kwaï (D. Lean, 1957), ni sur Lawrence d'Arabie (id., 1962). Quand, dans les années 60, il peut à nouveau signer de son nom (le Chevalier des sables, V. Minnelli, 1965 ; Che !,R. Fleischer, 1969), les résultats ne sont guère à la mesure de ses dons. Seule la Planète des singes (F. Schaffner, 1968) est digne de lui. Une carrière faite de rendez-vous manqués.